Des chevaliers teutoniques aux chevaliers Kadosh : le côté obscur du R.E.A.A.

Devise des chevaliers et on des bâtisseurs, devise des templiers et non des maçons

Pendant longtemps, – trop longtemps une confusion fut volontairement entretenue au sein du Rite maçonnique dit « Rite Ecossais Ancien et Accepté ». Or s’il y a une chose qu’il n’est pas c’est bien d’être écossais, ni ancien et ni même accepté ! Cela fait tout de même beaucoup et je pense qu’il est temps de procéder à quelques rectifications pour rendre justice aux architectes de ce rite qui tire ses sources des rives de l’Elbe aux confins de l’Europe. Une histoire de sang et d’honneur, de la chevalerie qui se constitua et qui nous revient aujourd’hui en pleine figure avec le conflit opposant l’Ukraine envahie une fois de plus sous la botte des forces russes après celle des nazis. Naïvement j’ai moi même cru à tous cs bobards, celle dune maçonnerie écossaise avant que mon maitre Jacques FABRY qui fut le plus grand spécialiste des mouvement ésotériques allemands ne m’ouvre les yeux. Par »écossais » il ne fallait entendre que les grades chevaleresques, en réalité tous d’origine germanique et teutonique ! Avec Jacques nous avions plusieurs projets projets ensemble mais la maladie l’emporta avant qu’ils ne puissent se concrétiser et c’est donc en sa mémoire que je rédige en toute hâte ces quelques lignes.

in memoriam Jacques Fabry, photo Johan Dreue

 » la légende templière nous vient d’Allemagne »  Jacques Fabry

Je vais donc procéder par ordre :

  • introduction
  • constitution du royaume des chevaliers teutoniques
  • La Stricte Observance Templière
  • les grands architectes du « R.E.A.A. »
  • Le grade du chevalier Kadosh, réalité et légende
Introduction

 

L’aigle bicéphale, emblème du REAA et de l’Empire du grand Reich germanique

LE SAINT EMPIRE ROMAIN GERMANIQUE AU XVIIIe SIÈCLE

Au début du XVIIIe siècle, les Habsbourg de Vienne sont toujours à la tête du Saint Empire Romain Germanique, de ce Saint Empire dont Voltaire, initié aux Neuf Soeurs, à l’âge de 84 ans, deux mois avant sa mort, disait qu’il n’était ni saint, ni romain, ni empire et dont Johann Wolfgang von Goethe initié à la L. « Amélie aux 3 Roses », de Weimar, à 31 ans, en 1780, s’étonnera qu’il tienne encore debout :

« Das liebe heilige Rômische Reich

Wie hifit’s nur noch zusammen ? »

« Le Cher Saint Empire Romain

Comment tient-il seulement encore ensemble ? »

chante un des joyeux compères de la caverne d’Auerbach dans le premier Faust.

Au Sud la Maison d’Autriche règne sur ses possessions héréditaires, qui correspondent en gros à l’Autriche actuelle, sur la Bohême avec Prague. Elle vient de chasser les Turcs de Hongrie et va accentuer sa poussée dans les Balkans. Au Nord, c’est le royaume de Prusse : en effet, le 18 janvier 1701, l’Électeur de Brandebourg s’est fait reconnaître « roi en Prusse », à Koenigs­berg, hors des limites de l’Empire. À l’Ouest, moins étendu, l’Électorat de Hanovre voisine avec le grand port de Hambourg. En 1714, à la mort de la reine Anne, et en vertu de l’acte d’établissement de 1701, les princes de la Maison de Hanovre accèdent au trône d’Angleterre… L’Angleterre des rois George verra l’épanouis­sement du régime parlementaire et elle s’élèvera au rang de puissance mondiale. Angleterre et Hanovre jusqu’en 1837, date de l’avènement de la reine Victoria, eurent donc le même souve­rain. La ville de Hambourg était très accueillante aux étrangers. Dès 1737, la Loge de Hambourg est fondée, avec une patente anglaise. Il semble que c’est la même loge qui en 1741 prend le nom d’« Absalon aux trois orties », Zu den drei Nesseln. Cette Loge de Hambourg initia, le 14 août 1738, le prince héritier de Prusse, le futur Fré­déric II. L’année 1740 ou 1741 voit à Berlin la création de la Loge « Aux Trois Globes », qui en 1744 prend le nom de « Grande Loge Mère Royale ». D’après Paul Naudon en 1738, le comte de Rutowsky fonda à Dresde les trois Loges « Aux Trois Aigles Blancs », « Aux Trois Épées » et « Aux Trois Cygnes ».

zu den drei Weltkugeln, Loge de Berlin : aux trois globes. Elle se constitua en loge mère de toutes les loges allemandes. Toute l’élite allemande s’y fit initier.

De Berlin la lumière gagna Breslau : la Loge « Aux Trois Squelettes », qui travaillera sous le maillet du futur prince-évêque Gotthart, comte Schaffgotsch, qui en 1742 envoie à Vienne le comte d’Empire Albert Joseph von Hodditz, pour y installer la Loge « Aux Trois Canons ». Cet atelier, comme les ateliers allemands, tra­vaillait en français et comptait parmi ses mem­bres François Étienne, ancien duc de Lorrraine, qui avait épousé en 1736 la future impératrice Marie-Thérèse. Il fut le premier membre d’une maison régnante à entrer dans l’Ordre. Il avait été initié en 1731 à La Haye par une délégation de la Grande Loge de Londres, délégation qui comprenait Desaguliers. Il avait cédé son duché de Lorraine à Stanislas Leczinski pour le Grand-Duché de Toscane. Marie-Thérèse le fit pro­clamer empereur germanique en 1745. Il mourut en 1765.

Il convient également en préliminaire de situer la Lusace (Die Lausitz) qui s’étend sur le Nord-Est de la Saxe, sur le Sud du Brandebourg et une partie de la Basse-Silésie, entre l’Elbe à l’Ouest et la Neisse, affluent de l’Oder à l’Est. Sur la rive gauche de la Neisse se trouve Görlitz, la ville du grand théosophe Jakob Boehme. Près de Loebau, une des villes principales, se trouve Kittlitz, terre du baron Karl Gotthelf von Hund und Altergrottkau que nous évoquerons plus loin.

Histoire du Royaume Teutonique : le dernier combat des templiers

 

Chevalier teutonique

Dès 1211, les chevaliers teutoniques avaient répondu à l’appel du roi de Hongrie, André ll, qui les pressait d’intervenir contre les païens Coumans. Saisissant cette opportunité de s’établir en Europe de l’Est, ils n’avaient pas hésité à offrir leurs services à ce monarque. En fait, au XIII siècle, les régions situées à l’Est et au Nord-Est de la Hongrie donc les pays baltes – étaient encore considérées comme des terres inconnues bien qu’entourées d’États dits civilisés. Le Saint Empire romain germanique, comme le royaume de Danemark, dont la christianisation s’était achevée vers l’an mille, avait le plus grand intérêt à y exercer son influence; l’un et l’autre, en dehors d’un réel désir d’évangélisation, convoitaient les côtes de la Baltique dont la position géographique offrait de riches perspectives commerciales. De l’Oder au golfe de Finlande s’étendaient la Pomérélie, la Prusse, la Courlande, la Livonie, l’Estonie : autant d’accès à la mer avec les avantages que cela pouvait représenter.

Sur le plan religieux, une première tentative missionnaire avait été tentée par l’archevêque de Prague, Adalbert, en 997. En 1008, un Bénédictin, Bruno de Querfurt, s’y était risqué à son tour. Mais tous deux avaient échoué dans leur entreprise. En 1180, le moine Meinhard de l’ordre des Augustins, suivi quinze ans plus tard par un autre moine nommé Berthold, était parvenu à implanter la religion du Christ en Livonie.

En 1199, Albert de Bux-hovden et son frère Théodoric, originaires du diocèse de Brême, poursuivirent cet effort, bénéficiant du soutien du roi de Danemark, des églises allemandes et surtout de celui du pape Innocent III qui avait prêché cette même année une croisade pour la défense de l’église de Livonie Peu après,

Albert fondait la ville de Riga dont il devint l’évêque. Pour protéger ses nouveaux établissements, il créa l’ordre militaire et religieux de la Milice du Christ, mieux connu sous le nom de Chevaliers Porte-Glaive. Les statuts en furent officiellement ratifiés à Rome en 1204. Un certain nombre de monastères furent alors construits et la colonisation commença.

Plusieurs tentatives de conversions avortèrent en Estonie et chez les Vieux-Prussiens, ces derniers se montrant particulièrement réticents aux doctrines de l’Évangile. Pour y remédier, un nouvel ordre fut mis en place à partir de 1225 auquel Conrad, duc de Mazovie, offrit le château de Dobrzin afin que ses membres pussent y établir leur siège. D’où leur nom de Chevaliers de Dobrzin. Ils reçurent en outre un vaste territoire, contigu à la Prusse, pays qu’ils allaient en vain tenter de convertir.

C’est alors qu’entrèrent en scène les chevaliers teutoniques auxquels Conrad de Mazovie fit aussi appel en 1225. En 1211, André II de Hongrie leur avait remis la terre de Burzenland, en Transylvanie, avec la mission de peupler cette région de paysans allemands. Cet acte avait représenté une première tentative d’implantation à l’Est.

À présent, ils revenaient en force. Dès mars 1226, la bulle d’Or de Rimini, outre les territoires de Kulm et de Lobau qu’elle leur concédait, leur octroya propriété et souveraineté sur tout autre domaine dont ils pourraient s’emparer. Cette bulle, oeuvre de Frédéric II et approuvée par le pape, parut une garantie suffisante à Hermann von Salza. En conséquence, il estima pouvoir donner satisfaction à la requête du duc Conrad.

LA CONQUÊTE PAR LE FER DE LA PRUSSE

Pour cela, il dépêcha deux frères afin qu’ils étudient la situation réelle de la Prusse. Toutefois, la croisade en Terre sainte de Frédéric l’ayant retardé, ce n’est qu’après le traité de Kuschwitz, en juin 1230, et celui de Rubenicht un an plus tard, que débuta la véritable conquête.

Les Annales présentent les populations ennemies sous une lumière des plus défavorables, probablement pour expliquer les actions brutales commises par les chrétiens à leur égard. On lit en effet : « Ils adoraient le soleil, la lune, les étoiles […]. Ils honoraient les morts en brûlant avec eux tous ceux qui les avaient servis. Ils accomplissaient des sacrifices humains. Ils étaient pauvrement vêtus, mal armés, inhospitaliers   et ivrognes. Ils étaient en outre polygames. On dit aussi qu’ils se débarrassaient des enfants en surnombre en les étouffant au berceau et qu’ils tuaient les malades et les vieillards infirmes. »

De 1229 à 1233, les Teutoniques firent ériger de nombreuses forteresses, reculant à chaque fois les frontières de leurs conquêtes. L’arrivée massive de croisés et de colons allemands permit, aux abords immédiats de ces citadelles, l’établissement de villes qui corroborèrent le mouvement colonisateur par l’occupation des terres annexées. Un service militaire fut imposé à la population qui composa bientôt une sorte de milice permanente.

À cette époque fut construit le château de Marienwerder, sur les rives d’un affluent de la Vistule. Cet édifice allait devenir le lieu de résidence des évêques de Pomérélie de 1254 à 1526. À partir de l’hiver 1233/1234, une nouvelle campagne commença contre les Vieux- Prussiens, rassemblant des soldats venus de toutes les principautés polonaises. Plusieurs places fortes furent encore construites dont celles de Kulmsee, de Rehden et d’Elbing.

Hermann von Salza

Au moment de la mort d’Hermann von Salza, en 1239, les chevaliers teutoniques contrôlaient tout le Kulmerland, la Pomésanie et la Pogésanie. Ils distribuèrent alors ces nouvelles terres aux croisés qui s’attachèrent à les « germaniser Leur méthode, partout la même, se présentait ainsi : soumission et conversion des peuplades vaincues, installation de colons allemands, puis fusion des populations en un ensemble désormais indivisible.

L’ordre cistercien, de vocation rurale, contribua largement à l’installation des colons sur les territoires qui leur étaient échus.

S’il y eut parfois des batailles rangées, la plupart du temps, c’est sous forme de raids et d’incursions que se déroulèrent les attaques. Villes enlevées par surprise, opérations menées contre des indigènes en rébellion. Les chevaliers n’en sortaient pas toujours vainqueurs. Des chevauchées étaient organisées réunissant quelques centaines de cavaliers, rarement plus de mille, qui s’abattaient sur une région donnée dans le simple but de la détruire. Le pillage n’était pas exclu.

D’un côté comme de l’autre, la violence et son cortège d’atrocités faisaient rage : on cite le cas d’un chevalier qui, éventré, fut contraint à faire le tour d’un arbre jusqu’à ce que ses entrailles se fussent entièrement répandues, et que mort s’ensuive. Ce genre d’actes entraînait inévitablement des représailles tout aussi cruelles.

Différentes chartes nous donnent d’abondants détails des droits octroyés aux  peuples conquis. Voici, par exemple, celle qui fut rédigée à l’intention des Vieux-Prussiens en 1249:

  • Droit de posséder et de transmettre par succession en ligne directe et collatérale des biens-fonds, avec dévolution à l’Ordre des successions vacantes.
  • Droit de disposition par vente, donation entre vifs ou testamentaire. Les donations testamentaires aux églises ou aux ecclésiastiques doivent faire retour aux héritiers naturels dans l’année ou être dévolues à l’Ordre.
  • Droit de se marier et d’ester en justice, d’entrer dans le clergé et de faire partie de l’Ordre si le demandeur est d’ancienne noblesse.
  • Abolition du servage pour ceux qui se sont convertis au christianisme.
  • Défense de brûler les morts et d’enterrer avec eux des hommes vivants, des chevaux, des habits, des choses précieuses. Inhuma­tion dans les cimetières sui­vant l’usage des chrétiens. Défense de faire des libations aux faux dieux. Ordre de chasser les anciens prêtres.
  • Défense d’avoir plusieurs femmes, d’épouser sans dis­pense des parents aux de­grés prohibés.
  • Baptême des enfants à l’église dans les huit jours suivant la naissance, et par un chrétien en cas dan­ger de mort en les plongeant trois fois dans l’eau.
  • Baptême de tous ceux qui n’avaient pas reçu ce sacrement, sous peine de confiscation des biens et de l’expulsion, en chemise, des terres chré­tiennes.
  • Construction de treize églises dans la Poméra­nie, de six dans la Warnie, de trois dans la Nattangie, dans un délai de trois ans.
  • Observation des Règlements de l’Eglise pour les dimanches et jours de fête, les Pâques et le Ca­rême.
  • Obligation de payer la dîme à l’Ordre, de le servir fi­dèlement et de prendre les armes à son appel.

Donnée et acceptée par les Prussiens à Balga le 7 fé­vrier 1249, on peut penser que cette charte servit de modèle à toutes celles qui furent imposées aux popula­tions soumises par les Teuto­niques.

BATAILLES CONTRE LES TARTARES ET LES RUSSES

En Livonie, en 1236, les chevaliers Porte-Glaive avaient eu à subir une lour­de défaite contre les tribus lithuaniennes. Volkvin, leur grand maître, y avait trouvé la mort. Ils eurent alors re­cours à l’assistance des Teu­toniques. En 1235, von Salza avait déjà vainement tenté de réunir les deux ordres. Volkvin disparu, leur incor­poration devenait possible.

Elle fut sanctionnée par deux bulles de Grégoire IX datées du 12 mai 1237 et dura jusqu’au début du XVIe siècle, époque à laquelle les Porte-Glaive, fidèles à la pa­pauté, se séparèrent de leurs frères d’armes alors que le schisme de la Réforme com­mençait à s’infiltrer dans les rangs de ces derniers. Paral­lèlement, les chevaliers de

Dobrzin s’amalga­mèrent à leur tour aux Teuto­niques. Ce re­groupement venait à point nommé car c’est à partir de ce moment-là que commen­ça à se profiler une nouvelle menace aux confins des terres chrétiennes avec l’ap­parition, en Russie, des hordes tartares.

Une bataille les opposa en 1241 à l’issue de laquelle les défenseurs de la foi fu­rent forcés de reculer. Toute­fois, les pertes ayant été sé­vères chez l’ennemi, sa pro­gression cessa. Mais ce n’était qu’un début car les hostilités devaient se pro­longer pendant deux siècles et demi. Appelés pour régler la succession du grand Khan Ogataï, les Tartares différè­rent leurs conquêtes. L’Occi­dent, dangereusement me­nacé, respira.

Après les Tartares, ce fu­rent les Russes qui se heurtè­rent aux Teutoniques, leur objectif étant de se tailler un accès aux côtes de la mer Baltique. La rencontre advint au lever du soleil au lieu-dit « La pierre du Corbeau », sur les eaux gelées du lac Peïpous.

Le 5 avril 1242, Alexandre Nevski, prince de Novgorod, y infligea une cuisante défai­te à l’Ordre. L’événement a été porté à l’écran par le ci­néaste E.M. Eisenstein, ac­compagné par la musique de Prokofiev qui culmine dans le grandiose Champs des Morts. Avant le combat, Nevski aurait dit : « Sei­gneur, daignez être l’arbitre  dans mon différend avec ce peuple orgueilleux! » Quelques jours plus tôt, il avait taillé en pièces une armée suédoise apostée sur les bords de la Néva. Après sa victoire, il fit alliance avec les troupes tartares de la Horde d’Or, et à son détri­ment, car ces derniers ne tardèrent pas à lui imposer de fournir des contingents militaires pour leurs propres campagnes.

KÔNIGSBERG, MARIENBURG, DANTZIG

En 1254 et 1255, deux nouvelles croisades prê­chées par les Dominicains assemblèrent autour des Teutoniques le roi de Bohê­me, Ottokar II, son beau-frère, Othon III de Brande­bourg, Rodolphe de Habs­bourg — le futur empereur —ainsi que de nombreux autres princes allemands.

Il s’agissait cette fois de soumettre les provinces prussiennes voisines de la Li­thuanie. C’est pendant cette pério­de et en l’honneur du roi de Bohême, que fut construite la cité de Kônigsberg qui al­lait devenir le siège de l’Ordre de 1457 à 1525. Vic­toires et défaites se succédè­rent et ce n’est que vers 1271 que les chevaliers pu­rent rétablir leur autorité en  Prusse et en achever la pacification.

L’édifica­tion d’une puis­sante forteresse fut alors mise en chantier dès 1276, non loin d’Elbing, sur un des bras du delta de la Vistule. En l’honneur de la Sainte Vierge sous la protection de laquelle l’Ordre avait été placé à son origine, elle prit le nom de Marienburg. Elle fut, à partir de 1309, avant Königsberg, le siège des grands maîtres et symbolisa la présence allemande en terre prussienne. Elle s’impo­se comme la plus remar­quable réalisation de l’art militaire teutonique.

Malbork (deutsch: Marienburg), Woiwodschaft Pommern, Polen, Europa

En 1308, par mesure de rétorsion contre les Polonais qui ne s’étaient pas acquit­tés d’une dette envers l’Ordre, les chevaliers mirent la main sur le port de Dant­zig, ville longtemps convoi­tée pour sa situation sur la mer Baltique à l’embouchu­re de l’importante voie navi­gable que représentait la  Vistule. De ce fait, ils allaient pouvoir contrôler tout le tra­fic du grand fleuve. L’assise territoriale s’en trouva consolidée, situation qu’offi­cialisa l’empereur Henri VI en inféodant toute cette ré­gion à l’Ordre en 1311.

Cette annexion souleva de violentes critiques au sein du clergé polonais qui prononça une excommuni­cation contre ceux qui étaient considérés comme des envahisseurs. Soumise au pape Urbain IV, cette dé­cision fut rejetée. Le conflit s’étendit alors et de religieux qu’il était au départ devint peu à peu politique.

Il s’acheva en guerre ou­verte et, en 1328, les Polo­nais n’hésitèrent pas à faire alliance avec la Lithuanie païenne et la Russie. Ces troubles ne cessèrent, mo­mentanément, qu’à l’avène­ment du nouveau roi de Po­logne Casimir III en 1333. Puis les combats repri­rent. Les Teutoniques ne du­rent leur salut qu’à l’inter­vention des souverains de Bohême et de Hongrie, leurs  alliés tradi­tionnels, aidés du margrave de Moravie et des princes allemands auxquels s’étaient joints les Hollandais.

En 1346, le roi de Dane­mark Valdemar IV leur ven­dit l’intégralité de ses pos­sessions en Estonie ainsi que l’île d’Ôsel, ce qui permit à l’Ordre de renforcer son au­torité et d’exercer sa souve­raineté sur un vaste territoi­re compris entre la basse vallée de la Vistule et la fron­tière du golfe de Finlande. Puis, en 1348, le grand maître Heinrich Dusemer von Arffberg envahit la Li­thuanie à la tête de quarante mille hommes et vit son ef­fort récompensé par la brillante victoire de Strebe, le 14 septembre de la même année. Un vaste territoire allait se constituer qui perdurer jusqu’à la fin du XV ème siècle administré parles templiers (la suite dans mon livre)

Au XVIIIème siècle, les chevaliers teutoniques même sils ne guerroyaient  plus existaient toujours. Un homme va faire revivre leur légende et y attacher à jamais son nom : le baron Von Hund qui constituera un ordre en 3 classes.

Les porte glaive et la naissance de la S.O.T.

Ordre Teutonique 2

Ordre symbolique

  1. Apprenti
  2. Compagnon
  3. Maitre

Ordre intérieur

  1. Maitre écossais
  2. Chevalier de l’épée et de l’Orient
  3. Chevalier  de l’Aigle ou Prince souverain Rose Croix
  4. Novice
  5. Chevalier du Temple et chevalier Profès

Très Saint Ordre

  1. Cléricat templier avec 3 degrés
Naissance de la Stricte Observance et des « Hauts » grades maçonniques

 

En 1525, le Grand Maître Albrecht de Brandebourg, passé à la religion luthérienne, sécularisa l’Ordre, mais les chevaliers demeurés fidèles à la foi catholique élurent pour chef de l’Ordre, en 1526, Walther de Cronberg et le Saint-Empire conféra désormais l’investiture au Grand Maître.

Les Porte-Glaives, qui jusqu’alors avaient été incorporés aux Teutoniques, n’avaient pas pour autant perdu le souvenir de leurs origines. Ils étaient demeurés indépendants, bien qu’absorbés, à l’intérieur des Teutoniques. La similitude de leur nom avec la célèbre milice du Temple, les nombreux points communs de leurs règles leur avaient permis de maintenir le « souvenir » et l’« esprit » de l’Ordre disparu. Robert  Ambelain avance l’hypothèse  «qu’au sein de l’Ordre Teutonique naquit un « régime maçonnique » groupant exclusivement des aristocrates allemands, de religion catholique pour la plupart, comme l’étaient les gentilshommes francs-maçons fidèles aux Stuarts ». Mais cela reste pour l’heure invérifiable. En revanche et vérifiable un faisceau de faits qui vont dans ce sens  dont le grade Chevalier Kadosh autrefois tout simplement intitulé de « Chevalier Teutonique ».

C’est ce qui expliquerait, entre autres, que, pour certains auteurs, l’Ordre Teutonique ait pu servir de berceau à la Stricte Observance. A. Joly, parlant de Meunier de Précourt, membre, en 1761, d’un Chapitre de hauts grades qui s’intitulait le « Grand Orient de Metz », écrit : « Il cite les chevaliers Teutoniques et les Rose-Croix allemands comme ayant été les intermédiaires entre l’Ordre du Temple et la Franc-Maçonnerie. »

Marschall von Bieberstein, qui joua un rôle maçonnique éminent, était lui-même chevalier Teutonique. Le maréchal von Bieberstein créa à Naumburg la loge écossaise « Zu den drei Hämmern » (aux trois marteaux), et Hund, dans son château de Kittlitz, la loge « Zu den drei Säulen » (aux trois colonnes), transférée plus tard dans le domaine d’Unwürde, en Lusace. Peut-être faut — il voir en lui le « chaînon » permettant d’expliquer comment il y a pu avoir «filiation »? Ce que l’on sait, aussi, c’est que toutes les villes citées à propos de la Stricte Observance en Allemagne sont des villes où florissait jadis l’Ordre Teutonique.

  • 1688 : H.-G. de Marschall, maréchal héréditaire de Thuringe, fonde le Régime Écossais Rectifié, issu de l’Ordre des Maîtres Écossais de Saint-André.
  • 1730 : A partir de cette date, on trouve un Chapitre Templier établi à Unwurden (Haute-Lusace). Certains historiens assurent que ce fut là que se prépara la Stricte Observance Templière.
  • 1741 : En 1741 fut fondé, à Hambourg, un chapitre de Maîtres Écossais de Saint-André, dans la Loge « Judica ». Fait significatifs puisque cet établissement trahit ainsi l’existence d’un système templier.
  • 1749 : Date importante, qui marque l’introduction offi­cielle du Rite Templier, à la fois par H.-G. de Marschall, Maréchal héréditaire de Thuringe, dans une Loge de Naumburg, et par son ami le Baron de Hund, dans celle de Kittlitz, près de Lobau. »
Reichsfreiherr von Hund und Altengrotkau, * 1722, † 8. November 1776 à Meiningen

Le baron de Hund et ses collaborateurs ont su faire de la Stricte Observance un système qui se voulait calqué sur l’ancien Ordre du Temple et de lui donner le caractère d’un ordre de chevalerie complet en lui-même, dont le « vivier » serait la Franc-Maçonnerie symbolique des trois premiers grades. Par cette opération l’Allemagne prussienne imprimera le sceau des teutoniques durablement sur un rite artificiellement dénommé d »Écossais », l’écossisme servira de couverture à cette main mise de l’Allemagne mais c’était de bonne guerre puisque quelques siècles plus tôt les anglais avaient fait de même avec la maçonnerie écossaise !

Maitre écossais de St-André et Kadoshim ; la seconde partie est à venir … elle sera à retrouver également dans mes ouvrages parus ou à paraitre.

 

 

 

 

 

 

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