
Et en guerre et en paix, et sur terre et sur mer Atavis et Armis (devises de l’Ordre militaire et hospitalier de Saint-Lazare de Jérusalem).
René Guénon, lorsqu’il envisageait le rôle des ordres chevaleresques occidentaux dans les contacts entre les organisations initiatiques d’Orient et d’Occident, ou lorsqu’il étudiait les parentés ou filiations possibles entre maçons et chevaliers, mentionnait de préférence l’Ordre du Temple et ceux de la Merci ou de la Toison d’Or. Il est évident qu’il n’entrait pas dans ses intentions de faire le bilan historique de chaque ordre chevaleresque.
Aussi nous est-il permis de continuer l’analyse entreprise à propos de la chevalerie de Terre sainte a travers de l’Ordre militaire et hospitalier de Saint-Lazare de Jérusalem.
Pourquoi cet ordre ? d’abord parce que René Guénon n’en a pas parlé et parce que cet Ordre pourrait offrir un moyen de vérifications des liens unissant : les chevaleries médiévales et les Templiers ; les chevaleries médiévales et l’Orient chrétien, amorce d’une future étude sur l’énigme templière ; les chevaleries médiévales et les grades chevaleresques de la maçonnerie puisque l’Ordre que nous choisissons a compté parmi les siens — directement ou indirectement — deux grands maçons dont le nom est lié à l’Écossisme chevaleresque, ancien et accepté, ou rectifié : Ramsay et Joseph de Maistre.
Autrement dit, l’Ordre de Saint-Lazare va nous permettre, d’une part, d’apprécier la valeur de nombre d’idées qui se dégagent de la lecture de Guénon, et d’autre part, d’acheminer nos recherches vers des connexions existant entre Templiers et Orientaux, en mettant ultérieurement en évidence les types de communautés traditionnelles qui, du côté de l’Orient, eurent une influence doctrinale certaine sur les Templiers.
On dénombre cinq grands Ordres de chevalerie monastique souchés en Terre Sainte :
- l’Ordre des hospitaliers de Saint-Jean, dit de Malte, ou Ordre de Saint-Jean de Jérusalem ;
- l’Ordre de la Milice du Christ, dit Ordre du Temple ;
- l’Ordre de Sainte-Marie des Teutoniques ;
- l’Ordre de Saint-Lazare de Jérusalem ;
- l’Ordre du Saint-Sépulcre.
Les « couleurs » figurant sur les manteaux — qui sont à la chevalerie ce que le tablier est à la maçonnerie, et le scapulaire au monachisme — se résument ainsi :
Noir et Blanc — Rouge et Blanc — Noir et Vert. Les croix du manteau sont :
- noire pour les Teutoniques (couleur de la croix des chevaliers des plus hauts grades de l’Écossisme ancien et accepté) ;
- blanche pour Malte ;
- rouge pour le Temple et le Saint-Sépulcre ;
- verte pour Saint-Lazare.
On retrouve ici cet assemblage vert, blanc, rouge, correspondant aux trois vertus théologales et à l’’Écossisme en général.
Rappelons brièvement que le Temple — l’Ordre des « pauvres chevaliers du Christ » — fut fondé en 1118. L’Ordre canonial du Saint-Sépulcre remonte à 1099 et fut uni en 1489 à celui de Saint-Jean, ses chanoines laissant la disposition du titre aux chevaliers armés sur le Saint-Sépulcre ; privilège qui fut réservé en 1496 au Custode de Terre-Sainte et transféré, au début du XIXe siècle, au patriarche latin de Jérusalem ; cette initiative permit d’ailleurs le groupement des chevaliers en un « Ordre équestre du Saint-Sépulcre » (bref de Pie IX, le 24-01-1869) bien connu de nos jours.
Mais seuls les Ordres de Malte et de Saint-Lazare peuvent revendiquer une origine antérieure aux Croisades. En effet, les hospitaliers de Saint-Jean existaient déjà avant 870 ; l’hôpital de Saint-Jean fut restauré par des marchands de la cité italienne d’Amalfi ; avec l’hôpital de « Sainte-Marie-la-Latine », il constituait la « latinie » desservie, semble-t-il par les Bénédictins. Gérard Tenque, de Martigues, en fit un ordre hospitalier et son successeur, Raymond du Puy, lui donna une vocation militaire. Quant à Saint-Lazare, on l’a parfois considéré, à tort, comme une branche de l’Ordre de Saint-Jean. La confusion est due au fait que Godefroy de Bouillon regroupa sous la direction Gérard Tenque l’administration hospitalière de Terre-Sainte, mais, si ce dernier est le grand maître de l’Ordre de Saint-Jean, n’est pas celui de Saint-Lazare, et en rien son fondateur. Ceci est d’autant plus évident que, selon la formule employée en 1672 par Louis XIV, l’Ordre de Saint-Lazare est le « plus ancien ordre de la Chrétienté ». Voilà qui donne à réfléchir.
C’est que, justement, la première singularité de l’Ordre — car il y en a d’autres — tient dans son ancienneté, non seulement chrétienne, mais même pré-chrétienne. L’armorial manuscrit de l’Ordre, rédigé en 1775, par le chevalier Dorat de Chameulles, et figurant au dépôt des manuscrits de la Bibliothèque nationale de Paris’, lui donne comme premier grand maître : « Jean Horcan », descendant, selon quelques-uns, de la race des Macchabées, et « Jean de Chypre ».
En somme, les deux premiers instituteurs de cet hôpital des lépreux seraient donc : le prince des prêtres de Jérusalem, en 125 avant l’ère chrétienne, et le maître des frères de Saint-Lazare à Chypre (île où mourut d’ailleurs le saint Lazare de l’Évangile selon la tradition), l’archevêque Jean, en 648. Cette ascendance pré-chrétienne paraît confirmée dans une inscription de Jérusalem, datant de 1151, et ainsi rédigée : « En dehors des murs de Jérusalem, entre la tour de Tancrède et le port Saint-Étienne, l’hôpital des Lépreux, que l’on raconte avoir été institué par Jean Hircan, prince des Juifs, avec l’argent qu’il avait retiré du tombeau de David… »
Puis, selon les lettres du duc Jean de Normandie du 25.6.1343 — le futur roi Jean le Bon —, l’Ordre remonterait à l’empereur Vespasien. Enfin, en 1656, le pape Paul V, dans sa bulle du quatre des nones de mai, précise que l’Ordre de Saint-Lazare « s’est rendu illustre et a multiplié sur toute la terre depuis le temps de saint Basile le Grand, Damase I », Julien l’Apostat et Valentinien empereur ». Ce qui nous ramène, en définitive, au ive siècle.
Un point reste incontestable, outre l’ancienneté, c’est le rattachement de l’Ordre à l’Orient chrétien, et plus spécialement aux Arméniens. Cette thèse a été retenue par M. Paul Bertrand de la Grassière qui écrit qu’en 370 quelques moines arméniens, sous la conduite de saint Basile, soignaient les lépreux de Jérusalem et sont à l’origine de l’ordre militaire et hospitalier de Saint-Lazare. L’Ordre gardera d’ailleurs un lien vivant avec les Orientaux, comme nous le verrons, qu’il s’agisse des melkites, des Arméniens grégoriens ou catholiques, des coptes ou des orthodoxes. Et c’est bien le seul ordre militaire et hospitalier à avoir ainsi, dès sa fondation et lors de son extension, une vocation oecuménique universelle.
La léproserie de Saint-Basile-le-Grand, sur le territoire de Saint-Étienne, entre la porte de ce nom et la poterne Saint-Lazare, prit en tout cas ce dernier patronyme et figure ainsi dans la liste des Casis Dei envoyée, vers l’an 800, à Charlemagne. L’institution faisait officiellement partie de l’Église d’Orient et se plaçait sous la protection du patriarche grec melkite de Jérusalem. Lors du départ du patriarche de la ville sainte et de l’arrivée des Croisés, le maître de Saint-Lazare devint, avec l’évêque syrien, l’un des deux suffrageants de l’archevêque arménien de Jérusalem, lui-même chef spirituel de l’Église d’Orient, dans le royaume de Terre-Sainte.
Une seconde singularité, très digne d’intérêt, réside dans l’étroit contact qui existait entre l’Ordre militaire et hospitalier de Saint-Lazare, et l’Ordre du Temple. Du reste, la règle du Temple ordonnait aux Templiers atteints de la lèpre d’être conduits à Saint-Lazare et de recevoir l’habit de l’Ordre Saint-Lazare qui comptait d’ailleurs un personnel soignant formé de lépreux orientaux, de templiers soumis à leurs voeux religieux et à leur règle, de croisés et d’hommes-liges, parfois mariés. Le grand maître du Temple fit don à l’ordre de Saint-Lazare d’un terrain à Saint-Jean-d’Acre en 1240. Saint-Lazare, devenu militaire, participe ainsi à toutes les batailles, alors que Saint-Jean-d’Acre est devenu capitale du Royaume. On le trouve à Gaza en 1244, à Mansourah en 1250, au côté de Saint-Louis en Syrie. Puissance territoriale et féodale, il dispose de possessions non seulement à Saint-Jean-d’Acre, mais à Peine Perdue, entre Césarée et le château Pèlerin. Gautier de Sibert, l’historiographe de l’Ordre’, précise que Saint Louis repartit en 1254, de Saint-Jean-d’Acre, avec le grand maître de Saint-Lazare, et ne laissa qu’un petit nombre de chevaliers dans la ville d’Acre pour conserver leurs droits à la suzeraineté de cour et de juridiction, et pour contribuer jusqu’au bout à la défense des villes côtières chrétiennes.
Nous relevons aussi, dans le gros ouvrage de Paul Lacroix sur La vie militaire et religieuse au Moyen Âge et à l’époque de la Renaissance’, quelques faits curieux concernant la vie de l’Ordre de Saint-Lazare. Ainsi, ce dernier reçut un soutien efficace de Richard Coeur de Lion. L’admiration que les chevaliers de Saint-Lazare établis à Jérusalem, Acre, Jéricho et Béthanie, suscitèrent chez Saladin, leur aurait valu de celui-ci la faveur de demeurer dans la Ville sainte un an encore après la chute de Jérusalem. L’auteur ajoute : « Cet ordre ne fut pas moins favorisé par l’empereur Frédéric II qui, dans ses démêlés avec Rome avant reconnu leur esprit pacifique, conciliateur, et charitable, les récompensa largement. » II précise aussi que l’ami de Frédéric II, André II, roi de Hongrie — père de sainte Élisabeth — s’était joint à sa fille et à son gendre, Louis VI Landgrave de Thuringe, pour multiplier en Allemagne les maisons de l’Ordre qui recevaient « les voyageurs et les pauvres passants ». Des commanderies du même Ordre auraient desservi la Saxe, la Pologne, les rives de l’Elbe, du Danube et du Main, mais en quelques lieux qu’elles fussent établies, elles reconnaissaient l’autorité du grand maître de Saint-Lazare, résidant en France, à Boigny, et la souveraineté du roi de France.
II est vrai qu’à son arrivée en France, saint Louis combla de bienfaits les chevaliers de Saint-Lazare et leur céda la propriété de la ville et du port d’Aigue-Mortes, confirmant leurs immunités et la possession de la baronnie de Boigny, avec tous les droits de justice qui leur avaient été donnés par lettre de 1254 de Louis VII, ainsi qu’un château dans le faubourg Saint-Denis. Il leur octroya également des biens et maisons à Paris, et s’acquit, pour lui et ses successeurs, le titre de conservateur et de patron de tout l’Ordre de Saint-Lazare.
C’est en 1253 qu’apparut l’élection en Europe du grand maître, comme le rapporte la bulle de Paul V de 1565 : « Innocent IV, après avoir déploré la mort du grand maître et de la plupart des chevaliers de l’ordre de Saint-Lazare de Jérusalem, martyrisés par les ennemis de la foi, permit à ceux qui étaient en Europe d’y élire le grand maître, quoique la coutume fut de faire cette élection dans la maison de Jérusalem ».

Dès 1248, à son embarquement d’Aigues-Mortes, Saint Louis avait emmené avec lui un certain nombre de chevaliers établis à Boigny, alors que d’autres le rejoignaient à Chypre et en Égypte. Mention est faite de la présence de l’Ordre dans l’Historia Anglorum du moine Mathieu Paris, qui note, à propos de la capitulation des croisés, le 6 avril 1250: « Toute l’armée chrétienne de Terre-Sainte, comprenant l’Armée du Roi de France, et plusieurs anglais, les templiers, les hospitaliers, les teutoniques et les frères de Saint-Lazare, a succombé, écrasée, vaincue, les ennemis de la Croix triomphant… » Pour sa part, le sire de Joinville, chroniqueur de Saint Louis, rapporte que le grand maître et les chevaliers de Saint-Lazare participèrent, après Damiette, aux expéditions du roi en Terre sainte. C’est du reste le roi qui fournit au Maître de Saint-Lazare un renfort de chevaliers du Temple et de Saint-Jean pour venger une troupe de Saint-Lazare anéantie.

En Europe, l’Ordre allait connaître d’autres aventures, riches elles aussi de ces « singularités » qui caractérisent cette chevalerie amie du Temple. En Angleterre, des frères de l’Ordre s’installèrent à Burton, près de Melton Mowbray, dans le Leceistershire, créant l’hôpital Burton-Saint-Lazare, grâce aux libéralités de Roger de Mowbray. Cette branche anglaise resta attachée à la grande maîtrise de Boigny jusqu’à la confiscation des biens des ordres et congrégations par Henri VIII.
La Sicile reçut un établissement de Saint-Lazare hors les murs de Capoue, la Normandie une commanderie à Saint-Antoine-de-Grattemont, la Bresse une à Aigre-feuilles. Le duc d’Aquitaine en constitua une autre à Saint-Thomas de Fontenay-le-Comte.
Mais en France des difficultés n’allaient pas tarder à surgir dans les rapports de l’Ordre avec Rome, avec l’Ordre de Saint-Jean, dit de Malte, puis avec la branche savoyarde de Saint-Lazare et elles ont leur importance dans la perspective de notre étude. Remarquons qu’en contrepartie Saint-Lazare bénéficiera d’un soutien royal constant, le soutien fort habile de Henri IV, et le soutien éclatant de Louis XIV.
Voici qu’en 1459, une bulle du pape Pie II prononçait l’union des biens de Saint-Lazare et de ceux du Saint-Sépulcre et du Saint-Esprit, dans une nouvelle milice : « Notre-Dame de Bethléem ». En 1489, le transfert de ces biens était dévolu à Malte. En Sicile, par contre, l’Ordre demeurait indépendant, sous gouverne du « Maître Général de l’Ordre de Saint-Lazare de Jérusalem dans le royaume de Sicile et tous autres lieux ». Cette mesure semblait faire dépendre la branche originelle de Boigny… de la Sicile, établissant ainsi une sorte d’inversion des filiations et hiérarchies traditionnelles.
La réaction ne fut pas celle que l’on attendait à Rome. L’Ordre groupé autour du grand maître, à Boigny, ne prêta aucune attention à la bulle de 1489 et sa fermeté inaugurait une période de lutte avec l’Ordre de Malte — héritier, rappelons-le, des biens matériels du Temple après la persécution et la dissolution de ce dernier. Aussi, en 1544, Malte tenta de s’emparer d’une des commanderies de Saint-Lazare, mais l’incident se termina heureusement par une transaction, et Saint-Lazare accepta le choix de son grand maître parmi les dignitaires de Malte alors que, de son côté, Malte considérait la grande maîtrise de Saint-Lazare comme un de ses baillages.
En fait, malgré ces rivalités, dues à l’hostilité plus ou moins avouée de Rome et de Malte, les chevaliers de Saint-Lazare parvinrent à faire respecter les traditions de leur Ordre et à maintenir leur indépendance. Cette attitude devait avoir pour conséquence de renforcer leur « liberté » d’expression, authentiquement chrétienne d’ailleurs, et de les conduire à la pratique d’un œcuménisme avant la lettre, que n’ont pas connu d’autres Ordres de chevalerie, mais qui leur avait été dévolu spirituellement sur les fonts baptismaux de l’Orient chrétien.
Citons à nouveau Paul Lacroix :
« Malgré d’épouvantables vicissitudes auxquelles furent en proie pendant deux siècles l’Europe et l’Asie, l’Ordre de Saint-Lazare, en Orient comme en Occident, n’a jamais perdu son caractère essentiellement hospitalier, en dépit des embarras que lui suscitait la rivalité de Saint-Jean de Jérusalem, et nonobstant les préférences avouées que la Cour de Rome témoignait à ce dernier, car les souverains Pontifes qui n’avaient jamais abandonné l’espoir de reconquérir la Terre Sainte, voyaient avec peine les Lazaristes renoncer entièrement à leur rôle militaire, pour se consacrer exclusivement à prendre soin des pauvres, des infirmes et des pèlerins voyageurs.
« Cependant, les Lazaristes devaient à leur mission purement charitable, la sécurité, le protectorat et les privilèges dont ils jouissaient partout. La grande-maîtrise de Boigny, restée debout au milieu des ruines de l’Ordre du Temple’, se conduisit avec infiniment de prudence : les chapitres s’y tinrent toujours sans bruit, mais avec autant d’exactitude que le permettaient les circonstances ; la nature de leurs décisions, le choix des sujets nommés aux commanderies, l’administration générale des biens des pauvres ne laissèrent pas prise à la critique et à la malveillance.. »
Et voici bien une singularité que relève, sans peut-être s’en rendre compte, l’auteur précité, encore qu’il mette côte à côte Saint-Lazare et le Temple. On pourrait y voir une certaine parenté spirituelle entre templiers et chevaliers de Saint-Lazare, mais nous écarterons toute interprétation imaginative pour nous en tenir aux faits historiques.
Or, parmi ces derniers il faut citer ce que l’on a appelé « l’affaire savoyarde ». En effet, de Boigny dépendaient des commanderies sises en d’autres pays et le prieuré de Capoue en Sicile. Nous avons vu que son prieur avait affirmé son autonomie en se proclamant maître général dans le royaume de Sicile, en deçà et au-delà du Phare, constituant ainsi un ordre séparé, d’où naquit en 1572 « L’Ordre des Saints-Maurice-et-Lazare » placé sous la grande-maîtrise héréditaire des ducs de Savoie, qui devinrent rois d’Italie. Cet Ordre est d’ailleurs toujours vivant. Le duc de Savoie Emmanuel Philibert envisagea, avec l’appui de Rome, de se faire céder la grande-maîtrise de Saint-Lazare et de réunir toutes les branches et tous les biens de l’Ordre.
En réalité, Grégoire XIII, en remettant la grande-maîtrise de Saint-Lazare au duc de Savoie en septembre 1572, réunissait effectivement les deux ordres sous la grande-maîtrise savoyarde et sous le nom de « Saints-Maurice et Lazare » consacré par la bulle Pro Commissa du 13.11.1572.
Cette fois… ce fut l’opposition conjuguée des chevaliers de Saint-Lazare et de ceux de Malte qui fit échouer le projet ! Les chevaliers de Saint-Lazare, élisant leur grand maître en chapitre général à Boigny, le 19.5.1578, férie de Pentecôte, le reconnurent comme « Chef de l’Ordre, Gouverneur administrateur et Maître général des hôpitaux et maladreries de l’Ordre de Saint-Lazare de Hiérusalem, Bethléem, Nazareth, tant deça que delà la mer, tant au spirituel qu’au temporel ». Ils faisaient opposition aux prétentions du duc de Savoie, car « ce serait démembrer la couronne du plus ancien Ordre de chevalerie de la chrétienté » que de suivre les directives savoyardes… Comme l’écrit M. Paul Bertrand de la Grassière : « Malgré la bulle du pape, malgré les brevets royaux, les prétentions du duc de Savoie rencontrèrent un obstacle qui fut insurmontable : la survivance de l’Ordre, La survivance de l’Ordre est désormais attestée par les lettres patentes de Louis XIII du 26.10.1612, qui déclarent : « Notre cher et bien-aimé sieur de Nerestang, chevalier de notre Ordre, grand maître de celui de Saint-Lazare de Jérusalem, Nazareth et Bethléem, en-deçà et delà la mer, baillage et commanderie de Boigny, chef-lieu général dudit Ordre… »

Les chevaliers de cet Ordre à double dénomination se trouvaient être curieusement chevaliers d’Église par leur « face » Notre-Dame du Mont-Carmel et chevaliers laïcs par leur « face » Saint-Lazare de Jérusalem.

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