Les Fils de la Vallée et l’Arche perdue

 

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460 pages grand format

Les Fils de la Vallée (de Josaphat) : Une introduction au système gnostique de Zacharias Werner : Gnose templière et symbolisme maçonnique. Sous le terme des « Fils de la Vallée »  se cache plusieurs points de haute initiation que nous allons aborder : 1) l’approche Wernérienne 2) l’initiation selon l’ordre de Melkisédek.

Que doit on entendre par La vallée ? La vallée, symbole par excellence du moine cistercien de la Stricte Observance bénédictine, va devenir le passage obligé des chevaliers du Moyen-Age en quête du Saint-Graal, tel Perceval (littéralement celui qui passe par la vallée) ou Parzival pour les germains, ou encore Perlesvaux pour les anglais.

L’ouvrage de Louis Guinet est un monument considérable, qui dépasse par son ampleur et sa profondeur la vie et l’oeuvre de Zacha­rias Werner. Ce romantique allemand dont l’auteur a retracé la vie mouvementée et inquiète dans un autre ouvrage a eu un destin spi­rituel exceptionnel. Il est rare de trouver un luthérien qui, après avoir adhéré avec enthousiasme et conviction à la franc-maçonnerie, s’en est ensuite détaché, puis s’est converti au catholicisme et, ne faisant pas les choses à demi, est devenu prêtre et a passé ces dernières années à se consacrer à un ministère actif, notamment à celui de la parole, en grande partie sous l’influence de saint Clément Hofbauer. Un tel destin eût-il été possible en France ? il ne le semble pas, et ce sont les conditions propres à l’Allemagne qui rendent raison de cette vie hors série.

Dans une Introduction, l’auteur étudie d’abord la Franc-maçon­nerie allemande au XVIIIe siècle et il donne de l’histoire si complexe et si confuse de celle-ci un résumé aussi clair que peut le souhaiter un esprit français. Le chapitre I étudie l’Initiation, les Débuts (1792-1797) ; le chapitre  II, l’Apogée : Varsovie, Königsberg, Berlin (1797-1808) ; le chapitre III est consacré à une étude approfondie du symbolisme maçonnique (1- Rites initiatiques, 2- Arithmosophie, 3- Attributs et Emblèmes, 4- Franc-maçonnerie et Alchimie, 5- Franc-maçonnerie et Magie) qui est ce que l’on peut trouver de mieux sur la matière, le chapitre IV qui est le corps de l’ouvrage a pour titre La Gnose Maçonnique et se trouve divisé en quatre parties (Le Millénarisme, Le Catholicisme épuré, Éléments théosophiques (Jacob Böhme, Louis Claude de Saint-Martin), Éléments piétistes) ; le chapitre V étudie Le Système de Werner (Critique de la Franc-maçonnerie, La Franc-maçonnerie idéale) et la Conclusion qui a pour titre « De la Franc-maçonnerie au Catholicisme » rend compte de la conversion de Werner et de ses causes tant générales que particulières.

On voit ainsi l’ampleur de la matière traitée. Sans doute, pourra-t-on trouver que dans le chapitre IV l’exposé très minutieux de la théoso­phie de Böhme et de Saint-Martin est peut-être un peu long ? L’auteur n’a rien épargné pour établir la filiation des influences mystiques qui ont leur source dans les oeuvres des deux théosophes hugues_de_payens_wpet dont l’oeuvre wernérienne est tout imprégnée. Mais il faut le remercier d’avoir mis en relief le rôle de l’oeuvre de Saint-Martin sur la pensée allemande, et ce n’est pas le spécialiste français du Philosophe Inconnu, c’est-à-dire M. Robert Amadou, qui se plaindra de l’éclairage supplémentaire ainsi dirigé sur Saint-Martin. Le pays de la Schwärmerei, de l’exal­tation mystique et métaphysique ne pouvait manquer d’être réceptif aux idées de celui-ci. M. Guinet a donc brossé pour les XVIIè et surtout XVIIIè siècles allemands un tableau très précis des mouvements spi­rituels en Allemagne. Ceux-ci se résument en somme dans le piétisme d’abord opposé au luthéranisme orthodoxe contraignant et desséchant, puis ensuite au rationalisme de l’ Aufklärung, au criticisme kantien adversaire résolu de toutes les effusions et épanchements mystiques.

En lisant l’introduction sur la franc-maçonnerie allemande au XVIIIè siècle, on constate qu’à la seule exception des Illuminés de Bavière fils du rationalisme du temps, tout le reste des maçons allemands a donné, avec la Stricte Observance du baron de Hund, avec le Cléricat de Starck, avec l’obédience fondée par Zinnendorf, dans le mysticisme maçonnique qui a pour origine l’écossisme et qui de plus se réclame de l’ordre du Temple. Faut-il admettre avec M. Guinet que la maçonnerie templière ait une origine française : « avec des grades templiers auraient déjà existé en France… ». Le conditionnel s’impose, car jusqu’à présent, il n’y a pas de preuves qu’il en ait été ainsi.

Mais, ce qui est sûr, c’est dans une franc-maçonnerie à tendances fortement mystiques qu’a été initié le jeune Werner, et c’est parce qu’elle l’était qu’il y a cherché comme l’ont fait et le font encore beaucoup d’âmes et d’esprits un aliment spirituel et une réponse aux inquiétudes et aux angoisses qui traverseront toujours les êtres humains.

« … Je tiens Jésus-Christ pour l’unique et suprême maître de la Franc-maçonnerie… » écrit Werner à un de ses amis. Mais cette affir­mation ne saurait être séparée d’une autre qui l’explique. L’hommage rendu par lui à Jésus-Christ est un hommage rendu à la foi catho­lique qu’il tient pour la meilleure « … parce que l’idée capitale de médiateur qui est le fondement de toute religion… » lui paraît s’y exprimer de la plus splendide façon . Pourquoi alors passer par la franc-maçonnerie pour aller du luthéranisme qui donne beaucoup à la grâce et fort peu à la liberté, au catholicisme plénitude de l’idée religieuse. C’est que Werner admire non le catholicisme de son époque, mais un catholicisme idéal : « … Je déteste et j’exècre au plus haut point le catholicisme actuel. Il est tombé si bas qu’aucun homme sin­cère ne peut faire cause commune avec lui… » .

Or ce catholicisme idéal se confond pour lui avec le christianisme primitif et « … Maçon­nerie et christianisme primitif…, ces deux termes sont synonymes… », écrit-il à Scheffner. Dans ces conditions, « la Maçonnerie ne peut avoir d’autre but… que [de] rétablir le christianisme primitif dans toute sa gloire… ». En réalité, ce que traduit cette pensée de Werner, c’est l’insuffisance du luthéranisme officiel pour les esprits mystiques de ce temps auxquels la franc-maçonnerie offrait une Église où ils pouvaient s’épancher, nourrir leur foi et cultiver leurs rêveries. Com­bien forte aussi se révélait la tentation du catholicisme idéal, du christianisme primitif et c’est pourquoi, du reste, dans cette œuvre essentielle du poète, les Fils de la Vallée toute nourrie de l’ésotérisme maçonnique le plus large, Werner oppose de façon constante le Temple, voué à la destruction, à la Vallée, église de l’idéal et de l’avenir (on remarquera au passage que dans le rite écossais les loges se nomment chapitres et que le terme d’Orient est remplacé par celui de Vallée). Cette aspiration, diese Bestrebung, vers l’idéal est sous-tendue dans toute l’œuvre wernérienne comme dans toute la gnose maçonnique par l’idée de régénération. L’homme a brisé l’unité de la création par le péché originel et l’égoïsme qui en est l’essence, car ainsi que l’écrit le poète « … L’illusion de devenir Un et quelque chose (l’égoïsme) le fit tomber… » . Il faut donc opérer la réintégration, retrouver l’unité divine et M. Guinet conclut l’analyse de la pensée wernérienne ainsi : «… Tel est le terme de l’évolution humaine, la divinisation par l’amour sous la conduite de la Franc-maçonnerie… » .

Mais ce qu’il faut bien entendre, c’est que si Werner s’est tourné vers la maçonnerie de son temps, c’est que celle-ci est mystique, car pour Werner la raison est impuissante à fonder et à nourrir un senti­ment religieux véritable. Né à Königsberg, Werner est anti-kantien et exalte le rôle du sentiment et du plus puissant de tous, l’amour !  Le deuxième adversaire de Werner, c’est Luther auquel il a consacré un drame. Si le premier n’a à offrir qu’un impératif catégorique froid et sec, le second écrasé par la toute puissance divine, supprime la liberté humaine. A un de ses amis, Werner n’écrit-il pas ? : « .. Crois-tu que la liberté n’est pas également ma divinité. Elle est le fondement, le premier degré de la religion… »         Et vive le molinisme !

On voit donc ici les deux fondements solides à partir desquels Werner évo­luera vers le catholicisme : une loi morale qui a sa source non dans la froide raison, mais dans l’amour et toutes les puissances du senti­ment ; la possibilité pour l’homme de retrouver l’unité divine par le jeu de sa propre volonté grâce au médiateur entre le Créateur et la créature.

L’étape maçonnique était-elle cependant indispensable dans l’évo­lution religieuse de Werner ? Oui, semble-t-il. Car, de même qu’il construit ou plutôt qu’il rêve d’un catholicisme idéal, il s’enflamme pour une franc-maçonnerie idéale dont il veut être l’apôtre, le saint Paul en quelque sorte. Mais pour créer cette maçonnerie idéale, on n’ose pas dire de l’Idéal, il faut abattre l’ennemi, le criticisme rationa­liste et c’est pourquoi les Fils de la Vallée doivent illustrer « la vic­toire (grâce à la franc-maçonnerie) du catholicisme épuré sur les ten­dances radicalement prosaïques d’un criticisme certes respectable dans son principe, mais que ne limite aucune imagination… » Ce criti­cisme, ce sont alors les Illuminés de Bavière qui le présentent, et Werner veut à tout prix empêcher que le discrédit qui a frappé ceux-ci depuis la Révolution française ne rejaillisse sur l’ordre tout entier. On est, il faut le rappeler, en pleine polémique anti-maçonnique ; le nom de Barruel suffit pour le rappeler. Mais la franc-maçonnerie idéale de Werner, qu’est-elle au juste ? Elle a pour objet « … la divinisation de l’humanité » et « … Lorsqu’elle aura dépouillé les hommes de leur égoïsme, uni les peuples et fait régner la paix sur la terre, alors cette Église mourra à sa forme temporelle… pour vivre éternellement sous la forme parfaite de la communauté spirituelle… ». Ce dépérisse­ment, cette désincarnation de l’ordre a quelque analogie avec la dis­parition de l’Etat dans l’eschatologie marxiste ; mais allons plus loin, cette franc-maçonnerie idéale, Werner la conçoit comme l’équivalent de la Société de Jésus pour le catholicisme et les fils de Saint Ignace se retrouvent dans la pénombre des fils de la lumière.

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Mais si l’imagination construit et propose, la réalité dispose ; Werner dut reconnaître l’impossibilité de cette entreprise dont les Fils de la Vallée sont le manifeste et que traduisit l’insuccès relatif de l’oeuvre lors de ses représentations au théâtre de Berlin. Le catholicisme épuré finit, conclut M. Guinet, par s’identifier dans l’esprit du poète au catho­licisme tout court. Sans doute le pas ne fut-il pas franchi tout de suite, M. Guinet pense que la conversion du poète est le résultat d’une longue évolution, qui s’acheva lorsque Werner eut la certitude qu’il ne trou­verait de sécurité morale, psychologique et religieuse que dans le sein de l’Église romaine. M. Guinet insiste avec raison à propos du grand inquiet que fut Werner sur l’importance de la confession auriculaire dans la conversion et sur l’apaisement procuré à celui-ci par le pou­voir pacificateur de l’absolution.luxinarcana2

« Seule l’Église catholique pouvait offrir un refuge durable à son « éternelle inquiétude » telle est la conclusion de M. Guinet et il rap­pelle, c’est sa dernière phrase que Werner aimait à redire : « La puissance du Seigneur se manifesta dans sa faiblesse. »

Au terme de cet examen, on voudra bien admettre que si on a plus analysé que critiqué l’ouvrage de M. Guinet, c’est d’abord pour donner le goût de lire une œuvre maîtresse qui fait honneur à l’école des ger­manistes français ; c’est ensuite parce que M. Guinet a fort bien mis en relief tous les aspects du rôle de Werner dans l’histoire des idées ainsi que celui de la maçonnerie sous ses formes les plus diverses.

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