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Fulcanelli et la photographie : Amilec ou la graine d’hommes

Nicephore-Niepce

Joseph Nicéphore Niépce (1765-1833) ou la permutation des formes par la lumière (Fulcanelli)

Les références à la photographie dans l’œuvre de l’Adepte sont nombreuses et récurrentes jusqu’aux procédés chimiques relatifs aux fameux sels d’argent. On s’étonnera moins de ces obsessions si l’on apprend que Fulcanelli-Violle n’était autre que le Président de la première société de photographie française ! De fait et responsable de l’inventaire de la plupart des monuments français il avait a sa disposition une documentation de premier plan et en avant première. Ce point éclairci on s’explique (outre les références à la photographie) les liens qu’il a pu entretenir également avec le cinéma naissant (Voyage en Kaleidoscope par exemple) .

Au début du XIXe siècle Joseph Nicéphore Niépce (1765-1833) réussit à obtenir et conserver une image due à l’action de la lumière. Dès 1812, il parvint à obtenir en lithographie des négatifs (grâce au chlorure d’argent) et des positifs (avec du bitume de Judée), mais ces images ne sont pas stables. Il utilise pour cela du sel d’argent placé au fond d’une chambre noire, mais le sel d’argent continue de noircir après l’exposition et l’image finit par disparaître.

En 1819, John Herschel décrit les propriétés de l’hyposulfite de sodium qui deviendra le fixateur de Mijus.

photancNiépce se rend compte que l’important est d’interrompre l’action du produit après une période d’exposition à la lumière. Après avoir tenté des produits qui éclaircissent à la lumière au lieu de noircir avec toujours le même problème de stabilité, il s’intéresse à différents acides qui agiraient sur une plaque de métal ou de calcaire et seraient lavés ensuite. Mais l’acide ne réagit pas à la lumière. Il comprend grâce à cette expérience que l’action de la lumière n’a pas besoin d’être visible immédiatement, mais peut être révélée ensuite. Il tente d’utiliser la résine de Gaïac, sensible aux ultra-violets qui perd sa solubilité dans l’alcool (dont le procédé peut donc être interrompu). Possible en plein soleil, l’opération est un échec en chambre noire, car les ultraviolets (inconnus de Niépce) sont filtrés.

Après différents déboires et voulant affiner sa méthode, Niépce s’est associé, en 1829, à un entrepreneur dynamique nommé Louis Jacques Mandé Daguerre (1787-1851). À partir de 1829, Daguerre a commencé véritablement ses travaux en chimie en utilisant l’iode découverte par Bernard Courtois. Daguerre a accompli des progrès importants dans les années qui ont suivi la mort de Niépce, survenue en 1833. Les vapeurs d’iode sont utilisées comme agent sensibilisateur sur une plaque de cuivre recouverte d’une couche d’argent polie. La réaction entre l’iode et l’argent produit de l’iodure d’argent, une substance qui s’est révélée être plus sensible à la lumière que le bitume. Par hasard, il a découvert que si une plaque qui avait été exposée était traitée aux vapeurs de mercure, l’image latente apparaissait nettement.

Amilec ou la crème d’hommes (d’AUM) : à découvrir le négatif  !

Avec cette référence dans les demeures philosophales (chapitre VI) le savant et adepte montre à la fois ses préoccupations scientifiques du moment (il a contribué à améliorer différents procédés d’émulsion lors de sa présidence) et le regard hermétique qu’il porte sur l’œuvre (peu connue à l’époque) de Tiphaigne de la Roche.

La filiation alchimique de Tiphaigne de la Roche est abordée dans Les Demeures philosophales au chapitre VI. Selon Jules Violle alias Fulcanelli Le titre de l’ouvrage Amilec ou la graine d’hommes devrait ainsi être lu comme Alcmie ou la crème d’Aum, selon la règle de décryptage cabalistique exposée par cet adepte du XXe siècle. À l’appui de cette théorie, Tiphaigne de la Roche dissimula de façon similaire l’anagramme de son nom dans le titre d’un autre de ses ouvrages, écrit anonymement : Giphantie = Tiphaigne, où il dévoile le procédé photographique presque 80 ans avant sa découverte.

Amilec révèlerait donc, à qui serait capable de le décrypter, un point de science alchimique : « l’extraction de l’esprit enclos dans la matière première » (où « esprit » et « Materia Prima » s’entendent au sens alchimique), appelé encore, pour reprendre le vocabulaire alchimique, « Vierge philosophique », correspondant donc au AVM, monogramme traditionnel renvoyant à l’Ave Maria et donc à la Vierge. Ce procédé serait analogue à celui qui permet de séparer la crème qui surnage à la surface du lait, et qui serait illustré par les cinquièmes et septièmes planches de l’ouvrage alchimique Mutus Liber, Le Livre Muet, où l’on voit les protagonistes récupérer au moyen d’un spatule des éléments qui sont issus de la coction dans un athanor. En clair, le titre signifierait donc Alchimie, ou (l’extraction de) la crème du lait de vierge.

Ainsi, dans un article publié en l’an 2000, le photographe professionnel Jean Lauzon écrit que « la description de l’alchimiste Tiphaigne de La Roche contient tous les éléments permettant de reconnaître l’idée de la photographie » et que « Les opérations alchimiques fondamentales, sublimation, filtrage et cuisson, peuvent se comparer au point de s’y identifier aux trois principales étapes de l’apparition d’une image photographique : latence, révélation, fixation ».

Au-delà des liens de filiation chimique et opératoire entre l’alchimie et la photographie, la naissance du procédé s’entoure du même secret que la quête alchimique : dans leur correspondance, les deux inventeurs de la photographie, Nicéphore Niépce et Jacques Daguerre utilisent un codage : les produits chimiques et les termes techniques sont remplacés par des numéros de 1 à 79. D’une manière similaire, les auteurs alchimistes dissimulaient le sens de leurs ouvrages en utilisant des termes dans un sens spécifique connu d’eux seuls (soleil, lune, lait de vierge, lion vert, tête de corbeau, etc.) S’il est certain que de nombreuses idées abordées dans l’œuvre de Tiphaigne de la Roche s’inscrivent dans la perspective plus large de la pensée hermétique, la question de sa pratique opératoire de l’alchimie reste ouverte de même que le double sens de ses écrits, mais l’on voit « peut-être poindre cette idée que la photographie a finalement dévoilé le projet alchimiste au-delà de la seule métaphore ». Seul un président de la société française de photographie pouvait également en faire le constat et s’émerveiller d’une pareille pré-science.

Jules Violle alias Fulcanelli succéda au Colonel Aimé Laussedat (un ami et collègue au travail et nous verrons pourquoi)  et fut Président de la société française de photographie de 1906 à 1908. Il sera remplacé par Jules Carpentier, (le grand père du célèbre producteur de télévision Gilbert Carpentier) l’inventeur précisément du cinématographe et de la pellicule à perforation !..  On peut avancer l’hypothèse que l’artiste Julien Champagne n’eut pas besoin de se déplacer plus que nécessaire car Jules Violle était à la tête d’une importante collection de photos qu’il pouvait confier à l’illustrateur.

Voyages et récits

Voyageur infatigable, Fulcanelli a parcouru le monde et n’hésita pas à traverser l’océan pour se rendre aux Etats Unis, d’autres voyages non moins extraordinaire pour l’époque sont rassemblés ici avec des anecdotes sur ses dernières réalisations et sa vie en famille auprès des siens. Nous produirons ensuite une table croisée des principales références entre la vie du scientifique et sa production littéraire connue sous le nom du « Mystère des cathédrales  » et des « Demeures Philosophales ».

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Autres articles :

  1. Voyages en Kaleidoscope (1)
  2. Voyages en Kaleidoscope (2) ou l’alphabet de la lumière
  3. Voyages en Kaleidoscope (3) le lessivage des sels