
Avant-propos : l’actuel narratif, la prosodie officielle de l’histoire maçonnique est un tissus de mensonge et c’est pour lutter contre cette contre-information nuisible que j’ai décidé de rétablir un peu de lumière au travers de mes différentes publications.
L’Église Kuldéenne
Les Culdée dont l’appellation viendraient du vieil Irlandais « Célé dé », signifiant les serviteurs de Dieu. Ceux-ci apparaissent dans une glose Irlandaise, ainsi que dans la « Vie de Saint Findan de Rheinau » (fin du IX siècle), et passent pour avoir mené une vie anachorétique, comme celle des pères du désert Égyptien, et ensuite s’être regroupés en communautés de clercs réguliers suivant la règle de Chrodegang de Metz. Auparavant ces Kuldée, vivant cette vie d’érémitisme, auraient, après s’être regroupés en communautés, accepté de se soumettre à une règle concernant les usages monastiques. Chaque monastère ayant la sienne propre, il faut considérer que ces Kuldée avaient accepté celle de Maelruain de Tallaght et auparavant celle du fondateur de cette Église : Saint Colomba d’Iona. Ce sont ses fils spirituels qui iront s’établir à Lindisfarne et se répandre parmi les Angles du Nord afin de faire connaître le Christianisme Celtique.

Ce centre spirituel de Lindisfarne appelé par la suite Holy Island « l’île sainte » fut, nous dit D. Gougaud : « à la manière Celtique, le siège d’un monastère et d’un évêché. Pendant une trentaine d’années, jusqu’au synode de Whitby (664), ce fut le foyer d’influence religieuse le plus puissant de l’Angleterre ». C’est à Aidan, que reviendra le mérite d’avoir usé d’une activité évangélique insatiable.
En Écosse vers 926, les représentants de l’Église Celtique primitive obtiennent du roi une charte de franchise et constituent alors un ordre secret : les Kuldéens, qui sont les continuateurs de ces moines celtiques ou Kuldée. Ceux-ci vont intégrer les ordres monastiques comme les Bénédictins et les Cisterciens. Les constructions Kuldéennes seront caractérisées par un plan en T, par l’Arc brisé et la présence de cinq chapelles au sein de l’édifice religieux. C’est d’ailleurs Étienne Harding, qui en tant que Kuldéen, transmettra la filiation à son protégé : Bernard de Clairvaux dit Saint Bernard.

En Écosse, l’Église Celtique s’était intégrée dans les grands ordres religieux tels, les Bénédictins, les Cisterciens, les chanoines réguliers de Saint Augustin qui faisaient partie intégrante des monastères.
Les moines Celtes Kuldée sont opposés à l’orthodoxie de Rome, mais sont liés aux moines de Trèves, à ceux de Saint-Honorat-de-Lérins, de Saint-Victor, de Cologne et de Corbie. Ces moines qui sont encore alliés aux moines Scythes et aux Grecs de la tradition Orientale, vivant dans les régions de Bretagne et de Provence. Ces Kuldée dont Daniel Ramée nous informe : « Qu’une Église primitive indépendante s’était formée au milieu d’un peuple qui conserva plus longtemps, et plus intacts que les autres, les croyances, les moeurs et l’esprit d’indépendance des Celtes. Chez les Gaels s’établit une foi religieuse, Chrétienne dans ses fondements, mais qui subit des influences Druidiques-Gnostiques. Cette antique église se répandit chez tous les peuples celtiques malgré la prédication des moines saxons attachés à Rome. Lorsque ces derniers eurent fait triompher la foi catholique dans l’heptarchie, les adhérents de la primitive Église Chrétienne Celtique subsistèrent néanmoins et prêtres et laïcs prirent le nom de Kuldée ».
Ces serviteurs de Dieu vont donc utiliser les données Druidiques basées sur les nombres sacrés, afin de réaliser cette architecture dont nous avons vu qu’elle était l’apanage et la gloire du savoir antique. Ce sont ces prêtres Kuldée que Saint Colomban fera venir en France, dans les pays Scandinaves, à Byzance… Ces Kuldée qui vont encore répandre leurs idées sous le couvert des sociétés secrètes comme les Kuldéens.
Au XIIIème siècle, il y a de nombreuses associations de constructeurs laïcs, en opposition au Pape et aux Ordres monastiques romains ; mais nullement à l’Église Chrétienne à laquelle ils appartenaient corps et âme, ainsi que le prouve leurs œuvres : les Cathédrales et les sculptures qui les décorent.
Cette constatation est importante car elle incite à penser que certaines abbayes bénédictines comme celles de Cluny, Paray-le-Monial, Glastonbury, purent succéder à d’anciens centres Druidiques ». Ceux-ci étant bien sûr l’œuvre des Kuldée qui connaissaient les antiques sanctuaires Druidiques, et dont le rôle consistait à les faire revivre, sous couvert de la religion Chrétienne, grâce à la protection de Benoît d’Aniane.
La nostalgie du Temple et sa restauration
La légende des 12 Maitres élus (11ème grade au REAA) avec la liste :
- devant Joabert, Inspecteur de la tribu de Juda,
- Stolkin, pour la tribu de Benjamin,
- Tercy, pour la tribu de Siméon,
- Morphy, pour la tribu d’Ephraïm,
- Alquebert, pour la tribu de Mannassah,
- Dorson, pour la tribu de Zébulon,
- Kerem, pour la tribu de Dan,
- Berthemer, pour la tribu de Asher,
- Tito, pour la tribu de Nephtali,
- Zerbal, pour la tribu de Ruben,
- Banachad, pour la tribu de Issachar,
- Tabor, pour la tribu de Gad.
Il s’agit de douze Maîtres qui, après l’achèvement du premier Temple, formèrent une confrérie distincte, gouvernée par l’un d’entre eux, et qui furent en propre les gardiens choisis pour la garde du Temple. Leur Ordre avait réussi à durer jusqu’à environ l’an 700 de notre ère ; après quoi il rentre dans l’ombre. Un certain nombre d’entre eux avaient embrassé le christianisme »’. Ce sont leurs descendants qui, au XII siècle, s’unirent aux chevaliers du Temple et à ceux de l’Ordre souverain de Saint-Jean de Jérusalem, en vue d’un même but : établir un Temple chrétien sur le modèle du Temple de Salomon. C’est le propos que notre phénoménologie de l’Imago Templi doit retenir comme étant l’essentiel : l’intention de reconstruire le Temple de Jérusalem, comme intention commune aux chevaliers templiers et aux confréries mystiques désignées comme Frères de la Thébaïde, chevaliers de l’Aurore, chevaliers de Palestine, etc.
Quant à l’intention secrète prêtée aux uns et aux autres d’ériger ainsi avec le nouveau Temple une Église gnostique des Élus, une métropole universelle qui aurait correspondu peut-être « au rêve secret des patriarches orientaux », il y a là sans doute l’indice de ce que signifie la nostalgie du Temple face à la tragédie du christianisme historique. Pour donner tout son sens à la revendication de l’ascendance essénienne, il faut relever à travers elle le pressentiment d’un christianisme trop tôt disparu de l’histoire extérieure, un pressentiment qui ne peut capituler devant les violences de celle-ci. Après la mort de Jacques (en 62 ou 66 ap. J.-C.), premier évêque de Jérusalem et le premier « évêque des évêques », la communauté judéo-chrétienne, sur l’avertissement d’un Ange, émigra à Pella, sur l’autre rive du Jourdain. Elle échappa ainsi aux affres du siège qui aboutit à la destruction du Temple (70 p. J.-C.), et elle survécut, communauté des « Ébionites », jusqu’au Ive siècle. Mais entre-temps, c’est un autre christianisme qui commença de faire la conquête du monde, un christianisme tellement « autre » que la doctrine et la gnose professées par la communauté apostolique initiale de Jérusalem, fondée par ceux-là mêmes qui avaient été les compagnons du Christ, — cette doctrine fut décrite et réputée par les « pères de l’Église » comme une abominable « hérésie ». C’est un de ces paradoxes mortels auxquels on est trop peu attentif.
Et c’est pourquoi la nostalgie du Temple qui s’exprime dans la traditio Templi, et qui revendique pour la chevalerie templière une ascendance remontant jusqu’à la communauté judéo-chrétienne primitive, pressentie à travers les Esséniens, configure une histoire « plus vraie » que celle de l’histoire officielle des faits extérieurs. Tellement « plus vraie » qu’elle conduira à l’affirmation d’une Ecclesia Johannis contre l’Ecclesia Petri, alors que cette Église de Pierre n’existait tout simplement pas au temps de l’Église de Jacques. Une contre-histoire « plus vraie » que l’histoire, c’est ce que le phénoménologue proposera encore de comprendre dans les témoignages de la tradition templière, les témoignages affirmant la survivance secrète de l’Ordre du Temple jusqu’à sa révélation.
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