Tous les articles par Jacob K.

JK ... Journaliste, conférencier, écrivain et éditeur. Un parcours atypique allant de la recherche informatique (prix Innnova 1987) à l'édition en passant par la formation dans les nouvelles technologies. Auto édition, aide à l'édition, créateur et concepteur, je peux également vous assister dans l'accouchement de vos projets. Sous l'enseigne de Lux in arcana publishing nous diffusons et réalisons des cahiers et livres aux contenus originaux avec un regard neuf sur la Tradition vue sous l'angle des nouvelles disciplines et de l'anthropologie. Herméneutique et hermétisme sont un couple indissociable. N'hésitez pas à me contacter et bonne navigation sur notre blog ! vous pouvez me retrouver sur Facebook également (https://www.facebook.com/johan.rosslyn/) site de vente : https://toysondor.com

Les Rose croix : ce qu’ils sont et ce qu’ils ne sont pas

« … les vérités, gardées comme des vierges, dans les Temples de l’Egypte, passèrent aux Sages d’Alexandrie, qui les enrichirent encore et les couronnèrent de tout l’or pur légué à la Grèce par Pythagore et ses disciples… Il convient donc, Messieurs, d’explorer les livres des Hébreux, les hiéroglyphes des Egyptiens et les traités de ces Grecs qu’on nomme gnostiques, précisément parce qu’ils eurent la connaissance. »

(Anatole France, la Rôtisserie de la Reine Pédauque, 1893).

« Le dépôt de l’Initiation Occidentale a eu trois noms dans l’histoire : Gnostiques, Templiers et Rose-Croix ». (Lettre de Papus à Sédir, 1894).

SE CONNESTRE. ESTRE. ET NON PARESTRE.

Aux alentours des années 1550 on pouvait déjà lire cette inscription sur le linteau d’une des cheminées du château de Dampierre-sur-Boutonne en Charente-Maritime.

« C’est (écrit FULCANELLI, page 18 du Tome II de ses DEMEURES PHILOSOPHALES) une simple maxime d’un beau caractère moral mais que l’humanité superficielle et présomptueuse de notre époque répugne à pratiquer ». Notre Adepte a raison, la connaissance de soi-même permet d’acquérir la science, but et raison d’être de la vie, base de toute valeur réelle ; et cette puissance élevant l’homme laborieux qui la peut acquérir, l’incite à demeurer dans une modeste et noble simplicité, éminente vertu des esprits supérieurs. C’était un axiome que les Maîtres répétaient à leurs disciples, et par lequel ils leur indiquaient l’unique moyen de parvenir au su­prême savoir : « si vous voulez cognoistre la sagesse, leur di­saient-ils, cognoissez-vous bien et vous la cognoistrez ».

Nous ignorons si l’Adepte qui fit édifier et décorer le châ­teau de Dampierre était Rose + Croix, mais il est indéniable que ce personnage est l’un des maillons de cette longue chaîne initiatique qui s’est perpétuée à travers les siècles et les civilisations. Fidèle à son engagement de silence et de modestie le philosophe charentais a préféré rester à jamais inconnu en nous laissant, gravé dans la pierre, le merveilleux témoignage de son savoir. Il est ainsi très difficile de dresser un historique de la Rose+Croix car les documents sont rares et les personnages énigmatiques… mais il nous reste une tra­dition légendaire transmise oralement de génération en gé­nération.

Lire la suite Les Rose croix : ce qu’ils sont et ce qu’ils ne sont pas

La légende du cheval Bayard et des 4 chevaliers Aymon

 

La légende du cheval Bayard figure  dans l’une des plus précieuses chansons de Gestes : Renaud de Montauban (ou les Quatre Fils Aymon), ainsi que dans un autre texte, Maugis d’Aigremont. C’est, apprenons-nous, «un cheval entièrement fée… dont on n’a jamais vu le pareil dans aucun bourg ni aucune cité». Il est né d’un dragon, dans l’île de Bocan, et le dragon l’a longtemps gardé dans un roc à pic. Nous retrouvons ainsi l’Ile Sainte, la hauteur sacrée, le monde souterrain ou la «gorge», et la paternité du dragon. L’île de Bocan, explique en outre la fée Oriande, est celle d’où vient le soufre, mais le cheval Bayart se trouve dans une partie de l’île où «le feu ne peut habiter». S’appuyant sur ce texte, H. Dontenville identifie Bocan avec Volcano, l’une des Lipari, près de la route maritime d’Orient. Il est possible, en fait, que la tradition relative à l’Ile primordiale se soit reportée, à la suite des Croisades, sur un îlot méditerranéen. Mais il est infiniment probable que la conception sous-jacente vise le premier foyer de la radiance, situé «aux sources de l’Océan», l’Ile du feu-lumière, la Terre pure où le premier Grand Ogre a engendré la Gorgone, et où celle-ci, grâce à son «meurtre», a enfanté Pégase.

Lire la suite La légende du cheval Bayard et des 4 chevaliers Aymon

Rabelais et la chaine initiatique

« Il s’est joué des hommes, il s’est joué des dieux avec tant de bonne grâce que ni les hommes ni les dieux n’ont paru blessés par ses traits. »

Epitaphe pour la tombe de Rabelais composée par Estienne Pasquier.

 »où venons-nous ? Où allons-nous ? Qu’apportons-nous?

Il suffit de trouver ce texte dans Pantagruel pour déceler l’affiliation de Rabelais à un cercle ésotérique.

Ces interrogations traduisent les préoccupations des initiés qui, en tous temps, se penchent sur ces problèmes inchangés.

Bien des personnages de Rabelais émettent, comme des membres de sociétés secrètes, des signes de reconnaissance.

Gargantua ne nous apparaît-il pas, comme le géant Héraclès (l’Hercule de la Gaule Hellénistique). Choisi comme patron par les tailleurs de pierre, il domine les traditions corporatives des associations de constructeurs. Il ne représente pas seulement, par sa taille énorme, la démesure ! Il évoque aussi l’effort humain de celui qui compte avant tout sur ses propres forces pour franchir les obstacles et libérer sa personnalité.

Quand les gardes de la reine Quintessence interrogent Panurge avant de lui donner l’accolade, ils s’écrient : Compère, de quel pays viens-tu? — Beau cousin, répond-il, je suis tourangeau, prouvant ainsi, en utilisant le mot « cousin », qu’il a reçu l’initiation des « bons cousins ». Alors, un des gardes le questionne à nouveau : A-t-il eu peur ? Panurge réplique : J’en ai eu davantage que les soldats d’Ephraïm qui ne surent pas bien prononcer Schibboleth (référence au passage du pont).

Que signifie cela ? « Schibboleth », mot hébreu, se traduit par Epi. Prenons la Bible. Nous lisons (Juges, chap. xii) ce texte relatant un épisode de la guerre entre les gens d’Ephraïm et ceux de Galaad : Ceux de Galaad se saisirent des gués du Jourdain par où ceux d’Ephraïm devaient repasser dans leur pays ; et lorsque quelqu’un d’Ephraïm, fuyant la bataille, venait sur le bord de l’eau et disait à ceux de Galaad : « Je vous prie de me laisser passer », ils lui disaient : « N’êtes-vous pas Ephratéen ? », et lui, répondant que non, ils répliquaient : « Dites donc « Schibboleth ». Mais comme il prononçait « Sibboleth », parce qu’il ne pouvait pas bien exprimer la première lettre de ce nom, ils le prenaient aussitôt et le tuaient.

Ainsi la diction de cet unique mot constitua une épreuve familière pour déterminer, plus tard, si quelqu’un appartenait, ou non, à une confrérie déterminée.

Il devint le mot de passe des compagnons constructeurs de cathédrales et demeure celui du deuxième grade des associations groupant leurs successeurs opératifs ou spéculatifs.

Ces bâtisseurs, au temps de Rabelais, jouissaient du droit de « franchise ». Ils disposaient de la liberté de voyager et de s’établir où bon leur semblait. Ils usaient de signes particuliers de reconnaissance pour la sauvegarde des secrets de leur art. Pour s’exprimer, ils se servaient du langage universel des symboles. Ils allaient, en tous pays, en parlant le français, langue internationale.

En 1512, à Florence, ils fondèrent la Compagnie de la Truelle. Elle groupa bientôt non seulement les ouvriers constructeurs, éléments opératifs, mais aussi des philosophes, des savants, des artistes, éléments spéculatifs. Unie sous le signe de la Truelle, emblème des corporations, elle avait choisi cet instrument qui, en cimentant les pierres d’un édifice, réalise l’unité et symbolise l’amour fraternel. Les bâtisseurs emploient volontiers les mots « passer la truelle » pour exprimer l’oubli des discordes et des injustices. Cette compagnie accueillit bientôt, en son sein, d’importants personnages, parmi lesquels se distinguaient des Médicis. Elle choisit comme patron, à l’instar des compagnons écossais, saint André.

Les symboles plus particulièrement utilisés furent, avec la truelle, le marteau et l’équerre.

Rabelais connut à Florence cette fameuse compagnie influencée par Marsile Ficin, l’inventeur du Tarot dit de « Marseille » par suite d’une erreur de translation. Aussi remit-elle en usage la tradition du banquet platonicien.

En maints passages, notamment de Gargantua et du Tiers Livre, nous voyons les personnages de Rabelais échanger des signes de ralliement initiatiques.

Panurge forme la lettre Thau pour se faire reconnaître. Il échange avec Thaumaste une curieuse conversation. Certains critiques considèrent ce Thaumaste comme un Thomas anglais. Joséphin Péladan donne une meilleure appréciation en l’appelant « Master Thau », le grand initié. Il appartient à la corporation du Bâtiment : il s’agit de Maître Thau, de la « Confrérie de l’Angle ».

Or, la lettre G semble s’être substituée, au Thau grec. Aussi ne nous étonnons pas du choix fait par Rabelais, pour ses géants, de noms portant l’initiale G : Grandgousier, Gargamelle, Gargantua (et même Panta Gruel), ainsi que leurs ancêtres : Gemmagog, Gabbara, Gayoffe, Galehaut.

Les initiés employaient comme signe de reconnaissance la figure du Gamma encore plus expressive que celle du Thau grec. Nous voyons dans le Tiers Livre comment Nez de Chèvre (Naz de Cabre) procède pour se faire reconnaître : « Il faisait, hors la bouche, avec le pouce de la main dextre, la figure de la lettre grecque Tau, par fréquentes réitérations. »

A l’époque de Rabelais, la plupart des adeptes de la science se connaissaient et, en tous pays, correspondaient. Ils formaient en quelque sorte des confréries secrètes.

Rabelais, toujours à la recherche d’un savoir universel, grand curieux, mena, comme Pantagruel, son héros, une existence de continuels voyages.

Philibert Delorme, grand initié et grand architecte de la Renaissance, (1510-1570)

Il connut non seulement des savants, des philosophes, des artis­tes, des architectes, mais aussi des bâtisseurs. De solides liens d’amitié l’unissaient à Philibert Delorme, qui portait le titre de « Maistre général des maçonneries du Royaume » et fut le grand chef de toutes  les corporations de constructeurs.

Il inspira peut-être à Rabelais l’idéal social représenté par l’abbaye de Thélème. Nous y découvrons ses connaissances d’archi­tecture. Il la décrit avec tant d’exactitude, dans sa structure comme dans ses proportions, que l’on pourrait en tracer le plan. Il accorde satisfaction au luxe, mais il n’oublie pas le confort. Il sup­prime les gargouilles en les remplaçant par des gouttières. L’auteur, considéré bien à tort par certains comme un ivrogne et un goinfre, s’il a établi avec minutie le plan d’un tel monastère, a pourtant oublié cuisine et salle à manger.

Il s’agit d’un bel édifice dans le goût de la première Renaissance française : on y trouve un bassin de natation, un théâtre, des cir­ques, des tirs, des jeux de paume, une galerie d’histoire naturelle, des bibliothèques, une exposition de tableaux et une fontaine où les Trois Grâces se montrent au milieu de la cour.

L’absence de mur d’enceinte fournit au Frère Jean des Entomeures l’occasion d’un mauvais calembour rappelant le célèbre jeu de mots : « Le mur murant Paris rend Paris murmurant. » A l’en­trée, on lit cet agréable avertissement : « Fais ce que voudras. » Dans cette abbaye de Thélème qui représente l’institut rêvé par Rabe­lais, règne une parfaite élégance morale et intellectuelle. Le temps s’écoule en libérales études, en joyeux entretiens et en exercices d’art. Elle réunit les hommes libres et de bonnes moeurs. Panurge y développe la formule évangélique : « Paix sur la Terre, Bonne volonté entre les hommes. »

Théologien, géomètre, jurisconsulte, philosophe, mathématicien, poète, astronome, musicien, il fut un fervent disciple de Platon. Sa correspondance avec Guillaume Budé, patron des hellénistes, nous démontre à quel point il aspirait à l’idéal d’une cité atlantéenne.

En cela déjà, il démontre ses aspirations initiatiques.

Il rencontra Léonard de Vinci dont le Saint Jean Baptiste, le Bacchus, la Joconde, la Vierge aux rochers nous révèlent tant de symboles et de savoir hermétique. La science de Rabelais ne demeurait pas purement livresque. Il se tournait vers la nature et l’être vivant. Aussi décida-t-il d’étu­dier la médecine, la considérant comme la voie pour pénétrer plus profondément vers le secret de la vie.

Gouvernant sa barque dans la plus extraordinaire tempête de la pensée, il demeura toujours un homme de prévoyance et de précaution. La mort de François 1er en 1547 fit passer un nuage mena­çant sur les travaux ensoleillés de Rabelais. Un an auparavant, déjà, Etienne Dolet subissait le supplice place Maubert à Paris, où il fut pendu et brûlé pour trois mots traduits de Platon. Mais Etienne Dolet était considéré comme un écrivain sérieux et grave, alors que les plaisanteries de Rabelais ne paraissaient point tirer à consé­quence.

Cependant les persécuteurs de la pensée agissaient de plus en plus contre les philosophes et les humanistes. Clément Marot menait en exil une existence pénible. Bonaventure Despériers, qui avait pris sa défense, se suicidait. Alors Rabelais n’attendit plus un chan­gement de politique pour mettre sa personne en sûreté. Il partit pour Metz, ville impériale. « Le malheur des temps a chassé Rabelais de France. Il n’est pas encore venu ici. Je sais qu’il s’est arrêté à Metz », écrivait de Saverne Jean Sturm, recteur du gymnase de Strasbourg.

Rabelais n’oubliait pas les censures de son Pantagruel. Ce livre, écrit uniquement pour des initiés, constitue, à lui seul, une mer­veilleuse doctrine ésotérique. Le cardinal de Perron l’appelait « Le Livre ». Son auteur a su y « rassembler ce qui est épars ».

Comme dans toutes ses œuvres, même les plus satiriques, on n’y trouve aucun fiel, nulle amertume. Rabelais maîtrise ses passions et la raison garde toujours la plus grande part. Tous ceux qui se penchent attentivement sur ses livres décou­vrent le génie d’un auteur aussi bon, aussi aimable, aussi gai qu’il sut être grand.

Note : à propos de Gargantua et de Gargamelle

Il ressort aujourd’hui, grâce aux recoupements donnés par des légendes locales, que le nom et les aventures de géants nommés Gargants (et parfois même Gargantua), montrent des indices tellement frappants qu’il est impossible de les attribuer au hasard. Au surplus ces légendes se retrouvent surtout dans des régions, campagnardes ou montagnardes, restées en dehors de la culture intellectuelle transmise par les fictions littéraires.

Il s’agit donc vraisemblablement d’un typique héros, et dont les actes nous permettent de saisir qu’il s’agit d’un personnage issu d’une antique mythologie celtique, sinon même pré-celtique.

En bref, Rabelais n’est pas « l’inventeur » du géant Gargantua, qui est une vieille figure du folklore de notre pays. Toutefois, les légendes populaires ont été passablement transformées dans les romans rabelaisiens, et notamment le personnage de Pantagruel semble complètement nouveau.

Au contraire, les parents de Gargantua (nommés Grandgousier et Gargamelle par Rabelais) existaient dans d’autres légendes, mais la géante s’appelait alors Galemelle, nom dans lequel nous retrouvons le mot Galle (ou Gaël) à peine transformé ; rappelons d’autre part que le terme Mell signifie « maillet » dans la langue bretonne et qu’un dieu au maillet est bien connu dans la religion gauloise. Au surplus Galemelle est une géante « porte-pierre ». Dans son énorme tablier elle déplaçait des blocs rocheux, et son fils, Gargantua, les portait pour sa part dans une hotte, avant de les enraciner en des lieux choisis par lui. Quelques manuscrits anony­mes (attribués à un obscur écrivain, nommé Billon d’Issoudun) parurent deux ans avant le Gargantua de Rabelais, et il existe éga­lement une chronique du xvie siècle intitulée : Le vray Gargantua.

à paraitre en mars 2025 (tirage exceptionnel et limité)

La publication attribuée à Billon d’Issoudun présentait Les Gran­des et Inestimables Chroniques de l’énorme géant Gargantua, et ce récit nous apprend quelques faits surprenants. L’auteur nous dit que Gargantua se mit au service du roi Arthur, le héros celtique des légendes de Grande-Bretagne et d’Armorique, et Merlin lui-même ensevelit les parents du géant ; selon ce récit nous découvrons que Grantgosier repose au mont Tombe (qui n’est autre que l’actuel mont Saint-Michel), tandis que Galemelle est enterrée dans la col­line voisine de Tomblaine. On peut déduire, de ces curieuses indi­cations, que nous recueillons dans ce conte l’écho d’une tradition lointaine : celle-ci nous apprend que ce furent des dieux ou des demi-dieux archaïques qui donnèrent un sens sacré aux deux grands ter­tres de la future baie de l’Archange ; de toute façon il reste certain que c’est bien avant la naissance du cycle littéraire qui raconte les aventures du roi Arthur (La Table ronde) que le mont Saint-Michel fut désigné comme un « mont Tombe ». Et il n’est pas sans intérêt de noter que, pour y construire le premier oratoire chrétien, l’évê­que Aubert (vers l’année 709) dut faire déraciner deux importants mégalithes qui attestaient que ce lieu était lié aux vieux cultes de la préhistoire. Des inventaires qui proviennent de vieilles archives de la Manche nous apprennent d’ailleurs que jusqu’en 1308 on célébrait la fête de saint Michel « au mont de Garguan », ce qui permet de supposer qu’il s’agissait de notre actuel mont Saint-Michel, et la pro­babilité s’accroît encore si l’on se rappelle que les premières reli­ques (attribuées à l’archange chrétien) furent rapportées au mont Tombe du sud de l’Italie où il existe un mont Gargano (ou mont du Géant) qui fut précisément dédié à saint Michel par une église consacrée au Ve siècle. Les monts et les lieux Gargan, les pierres levées ou les « chaises » attribuées à Gargantua, forment un vaste ensemble à travers les provinces françaises ; quant aux travaux de notre géant, ils composent une suite de récits légendaires et fantas­tiques : cours d’eau gonflés (ou mis à sec quand notre voyageur avait soif), création de marais ou de collines ; nous retrouvons là les traces d’un dieu-colosse populaire lié au culte de Bélen, et n’est-il pas curieux que son nom ait servi à Rabelais dans des ouvrages qui dénoncent l’intolérance religieuse ?

voir le livre

Holotropismes : le rêveur éveillé

On l’a un peu oublié mais psychanalyse nait de l’étude des EMC (états modifiés de la conscience.

Un peu d’histoire

Le cogito de la transe ou le rêveur éveillé.

L’origine lointaine de la psychanalyse est à chercher dans l’exorcisme de la possession, peut-être même dans d’anciens cultes européens de possession qui ont « transité » par le magnétisme animal, puis l’hypnose. Dans toutes ces psychothérapies préfreudiennes le ressort de la cure était l’installation et la gestion d’un état de transe, comme le souligne après Freud et dans son prolongement, S. Ferenczi (1987). Mesmer a « naturalisé » la transe, l’a arrachée à son ancien contexte religieux pour la rattacher au « magnétisme animal» qui est de l’ordre de la nature et, dirions-nous aujourd’hui, de la « bio-énergie ». La transe, c’est la crise salutaire dont le médecin peut « se rendre maître » (Mesmer), qu’il peut gérer et que le patient doit traverser pour guérir. De là on passe à l’induction du « somnambulisme artificiel » (Puységur), puis à l’hypnose (Braid), et, enfin, à la psychanalyse qui remplace, dans le rituel thérapeutique, la transe profonde (somnambulique) par une transe légère (associative). Voilà la chaîne généalogique dans laquelle s’inscrit « la naissance du psychanalyste » (Chertok et de Saussure, 1973). Mais pour guérir, le sujet doit toujours transiter par la transe.

Lire la suite Holotropismes : le rêveur éveillé

La légende St Marcel et les mystères de la Bièvre

La vie de saint Marcel fut commandée par l’évêque saint Germain de Paris, l’un de ses successeurs, à Venance Fortunat, homme de lettres originaire d’Italie et auteur de nombreuses vies de saints. Le nombre important d’années qui séparent l’auteur du saint, nous laisse penser que Venance fut influencé dans son écriture par le modèle des évêques du VIe siècle dont il était proche. Il devient lui-même évêque de Poitiers vers 600. La vie de saint Marcel est une hagiographie, son but est donc d’exalter la sainteté d’un personnage. A travers le récit des miracles du saint, l’auteur nous livre les caractéristiques principales du rôle de l’évêque à son époque.

Lire la suite La légende St Marcel et les mystères de la Bièvre

de la transe néoténique à la conscience hallucinée : pour un nouveau cogito

 

saman ou chamane : il n’y a pas de chamane ailleurs qu’en sibérie ! Au cours du siècle dernier, les anthropologues ont examiné les pratiques chamaniques du monde entier, sans jamais vraiment en saisir l’essentiel.

Selon Jeremy Narby, l’anthropologie fut fondée à la fin du 19e siècle en vue d’étudier les sociétés dites, selon les termes de Charles Darwin dans son ouvrage de 1871, « primitives », « inférieures », « vivant à l’âge de pierre ». Certains des « sauvages » auraient même, selon Edward Tylor que reprend Narby, « perdu le caractère raisonnable qu’ils nous semblent avoir possédé à leurs premières origines. Jugé du point de vue de notre standard moderne de connaissance, qui est en tout cas à un niveau élevé par rapport au leur, la plupart des choses qu’ils croient être vraies doivent être établies comme fausses. »

Parallèlement, les premiers anthropologues auraient inventé le mot « chamanisme » (celui de « chamane » serait d’origine sibérienne) pour précisément répertorier « les pratiques les moins compréhensibles des primitifs ». A ce titre, le saman, dans la langue toungouse, joue du tambour et guérit les gens en entrant en transe.

Lire la suite de la transe néoténique à la conscience hallucinée : pour un nouveau cogito

Un chemin vers Soi : CG Jung et la genèse d’une idée

Le chemin vers le Soi passe par l’œuvre au noir : la fameuse nuit des mystiques. Cela peut prendre du temps : quelques années et parfois toute une vie. L’individuation n’est pas l’individualisation !

Résumé rapide mas non exhaustif :

Au cours des années trente, Jung fréquente les oeuvres des alchimistes. «Seigneur, quelle stupidité ! Il n’est pas possible de comprendre ça »2, s’exclame-t-il d’abord. Mais en répétant l’expé­rience, il y entrevoit l’expression d’une harmonisation entre des principes opposés. Le coït du Roi et de la Reine symbolise la conjonction des opposés. Le fruit de leur union est le « soi ». L’essentiel de l’individuation n’est plus dans un refus de l’adapta­tion. La « différenciation » n’est qu’une première étape au cours de laquelle il est demandé de débarrasser l’individu de ses identifica­tions inessentielles, comme dans une Œuvre au Noir. Elle est suivie d’une renaissance : l’advenir du soi (Selbstwerdung). L’individu découvre en lui un centre, qui n’est pas le centre de sa personnalité consciente car cette recherche n’est pas égocentrée. Le soi embrasse aussi la psyché inconsciente. La recherche du centre, qui est une recherche d’ordre et de totalité, a une portée cosmique. Le soi n’est pas le centre de l’individu. Il est le « but » d’un individu qui cherche à se centrer dans un univers sensé.  Au fond la recherche de son propre centre revient à rechercher également celui de « L’uni-Vers »

Lire la suite Un chemin vers Soi : CG Jung et la genèse d’une idée

Salix Nonis Tengu

 

25 ème degré du rite de perfection et 32 ème et avant dernier grade du R.E.A.A. Ce grade illustre notre démonstration sur les origines prussiennes du REAA et ses rapports avec la stricte observance templière. De fait le REEA commence son échelle au 4ème degré. Voyons plus en détail.

aquarelle du XIX -ème

L’instruction du grade ne fait aucun doute :

« Le Royal Secret ou Rendez-vous des Sublimes Princes, Instructions pour le Rendez-vous des Frères Chevaliers Princes et Commandeurs du Royal Secret et Kadosh ou les saint Frères séparés.

Frédéric III, roi de Prusse, Grand Maître et Commandant en Chef, Souverain des Souverains, etc, et une armée composée des Chevaliers Princes de l’Aigle Blanc et Noir, comportant des Prussiens, des Anglais et des Français, rejoints par les Princes du Liban ou de Royale Hache, les Chevaliers de Rose+Croix ou de Saint André, les Chevaliers d’Orient et d’Occident, les Princes de Jérusalem, les Chevaliers d’Orient, les Grands Elus Parfaits et Sublimes Maçons, les Chevaliers de Royale Arche, les Sublimes Chevaliers Elus, etc, etc, etc.

Le Tableau du Camp doit être décrit comme suit :

Le Triangle Equilatéral, au centre du Tableau, représente le centre de l’Armée et on y voit les Chevaliers de Malte, qui ont été admis à nos mystères et qui se sont montrés les fidèles gardiens de l’Ordre côte à côte avec les Chevaliers de l’Aigle Blanc et Noir.

Les corps d’armée installés dans le Pentagone sont sous les ordres de cinq princes qui assurent ce commandement soit collectivement, soit par rotation, selon leurs Grades et reçoivent leurs ordres directement du Souverain des Souverains, Grand Maître ou Commandant en Chef.

Ces cinq Princes planteront leurs bannières aux cinq angles du Pentagone de la façon suivante :

  • la Bannière ou Oriflamme T, aux armes d’un Lion d’or, tenant une Clef d’or dans sa bouche et portant un collier d’or sur lequelles lettres S, Q et S sont gravées ; ce Lion est sur champ d’azur et la devise Ad majorera Dei gloriam est brodée au bas de cet Oriflamme ;
  • la Bannière ou l’Oriflamme E, aux armes d’un Coeur Enflammé de gueule, ailé de sable, couronné de laurier de sinople sur champ d’argent ;
  • la Bannière ou l’Oriflamme N, aux armes d’un aigle à deux têtes éployé, une couronne d’or reliant les deux têtes comme le ferait un collier, tenant dans sa serre droite une épée nue, la pointe basse et un coeur ensanglanté dans sa serre gauche, le tout sur champ de sinople ;
  • la Bannière ou l’Oriflamme G, aux armes d’un boeuf de sable sur champ d’or ;
  • la Bannière ou l’Oriflamme U, aux armes de l’Arche d’Alliance entourée de deux palmiers de sinople sur champ de pourpre, la devise Laus Deo figurant au bas de l’Oriflamme.

L’Heptagone représenté sur le Tableau est le camp des Princes du Liban et des Princes de Jérusalem, qui reçoivent leurs ordres des Princes susmentionnés.

L’Ennéagone représenté sur le Tableau est le camp des Maçons de tous les Grades qui vont être maintenant indiqués. On notera que chaque tente représente un camp complet et que les étendards ou pennons indiquent les différents Degrés de la Maçonnerie et que chacune des lettres qui distinguent ces étendards est issue des Mots dont il est fait usage en ce Sublime Degré. Ainsi le Degré de Rose+Croix. ou de Saint-André, ou encore de l’Aigle Blanc sera signalé par un étendard et des pennons blancs légèrement liserés de rouge et camp de ce Degré sera représenté par la tente S.

  • La première tente, notée S et appelée Malachias , marque le camp des Chevaliers d’Orient et d’Occident et des Princes de Jérusalem.
  • La seconde tente, notée A et appelée Zurubbabel, a un pennon vert clair et marque le camp des Chevaliers d’Orient ou de l’Epée.
  • La troisième tente, notée L appelée Nehemias, a un pennon rouge et marque le camp des Grands Elus Parfaits et Sublimes Maçons.
  • La quatrième tente, notée I et appelée Homen, a un pennon noir et rouge et marque le camp des Chevaliers de Royale Arche.
  • La cinquième tente, notée X et appelée Phaleg, a un pennon noir et marque le camp des Elus des Neuf, des Elus de Quinze et des Chevaliers Illustres.
  • La sixième tente, notée N et appelée Joyada, a un pennon rouge et noir et marque le camp des Prévôts et Juges.
  • La septième tente, notée O et appelée Eliab, a un pennon vert et rouge et marque le camp des Intendants des Bâtiments et des Secrétaires Intimes.
  • La huitième tente, notée N et appelée Josué, a un pennon vert et marque le camp des Maîtres Parfaits et des Maîtres Secrets.
  • La neuvième tente, notée S et appelée Esdras, a un pennon bleu et marque le camp des Maçons symboliques et des volontaires.

L’heure du Rendez-Vous devra être la cinquième heure après le coucher du Soleil et sera signalée par cinq grands coups de canon, le premier détaché, les quatre autres rapidement et à intervalles égaux.

Le premier Rendez-Vous aura lieu dans le port de Naples. De là on se rendra au port de Rhodes puis de Rhodes à Chypre et à Malte où l’ensemble des forces navales de toutes les nations sera rassemblé. Le troi­sième Rendez-Vous aura lieu à Joppa et les forces terrestres auront un Rendez-Vous à Jérusalem, où elles seront rejointes par nos fidèles gar­diens demeurés en ce lieu.

Les noms des porteurs de nos bannières seront Bezelee’l, Eliab, Manchen, Garinous et Emerk. etc … etc ..

Nous donnons l’ensemble des détails dans un cahier numérique (manuscrit H.A. Francken et manuscrit Caignet antérieur) mais avant examinons deux détails qui ont leur importance : qui est l’auteur de ce garde (et nous savons désormais qui) et pourquoi un vieillard s’appuyant sur une béquille figure dans le triangle central ?

le triangle au sein de pentagone avec le vieillard s’appuyant sur une béquille.

1- le Vieillard

Selon toute apparence, il évoque les tribus d’Israël, et donc le grade de Chef des douze tribus. Nous en serions bien loin s’il n’était pas possible de se reporter au dictionnaire de langue hébraïque bien connu des faiseurs de rituels du dix-huitième siècle pour orner leur prose, celui d’Edward Leigh. Au mot mattch qui signifie à la fois bâton et. tribu, cet auteur explique : « Pour moi, je crois que cela se dit seulement des douze Tribus, parce qu’elles étaient le bâton, ou l’appui du Patriarche Jacob ». Comme l’Écossisme est sans nul doute forgé par (les francs-maçons jacobites, justement, la formule est opportune. Mais aussi : « Et par métaphore il se rapporte à l’usage du bâton qui soutient l’homme qui s’y appuie ».

L’invitation au combat est évident. Par le jeu des allégories ou métaphores qui associent d’un côté différents épisodes bibliques du retour en terre promise, de la construction ou reconstruction du temple de Jérusalem, et d’un autre côté les Croisades où se sont distingués des chevaliers et princes d’Occident, au premier chef Godefroy de Bouillon, l’inventeur du Royal-Secret propose un tableau des hauts grades maçonniques où la dominante écossaise est indéniable dans le cadre d’une renaissance du templarisme allemand sous l’impulsion du baron Von Hundt. Mais qui est-il ?

2- L’inventeur

broderie réalisée par Sandra Clerbois

 

à télécharger ici (avec des llustrations inédites)