Le monastère franciscain de Cimiez, situé à Nice, reçut au début du XXe siècle, la visite d’un adolescent de dix-huit ans accompagné de son maître. En effet, en 1917, Eugène Canseliet se rendit à Cimiez.
Quarante ans plus tard, devenu le personnage que l’on connaît, il donna l’interprétation hermétique de plusieurs peintures décorant la sacristie, et les corridors du premier
étage, là où sont situées les cellules des frères. Nous nous souvenons parfaitement du regret formulé par celui-ci, lors d’une conversation à Savignies, à savoir que les fresques de Cimiez méritaient d’être beaucoup mieux connues. Eugène Canseliet possédait des photographies de la croix séraphique de Cimiez, et nous sommes enclin à penser qu’il avait également en sa possession un tirage complet des fresques du monastère. Nous nous sommes donc fréquemment posé la question suivante : pour quelle raison n’a-t-il jamais fait éditer un ouvrage comprenant toutes les peintures murales, commentées par lui ?
Les remarques formulées en notre présence par le maître de Savignies prouvent suffisamment, en tout cas, que les souvenirs le rattachant au monastère lui tenaient à coeur.
Quoi qu’il en soit, pour avoir fréquemment visité le lieu, grâce à l’obligeance du conservateur, et séduit par la beauté et la richesse des couleurs des peintures franciscaines, il nous a semblé opportun que les amateurs de la Science d’Hermès, ainsi que tous les hommes et femmes de bonne volonté, puissent enfin avoir sous les yeux la totalité des fresques symboliques.
Ici, nous nous devons de préciser que, malheureusement, la sacristie, l’oratoire, la bibliothèque et les corridors ne sont plus accessibles au public. Nous nous trouvons en effet dans un lieu habité par des Religieux, dont il convient de ne point troubler la quiétude. Il faut bien admettre aussi que, rarement, l’alchimie et son symbolisme furent exprimés avec autant de précision, en un lieu consacré à la religion, sachant toutefois que ces représentations offrent elles-mêmes une résonance aux mystères de la foi chrétienne. Là encore, c’est à Eugène Canseliet que nous devons d’avoir eu connaissance de l’existence de ces fresques. Elles furent peintes avec talent au XVIIè siècle, inspirées par une fraternité érudite et son esprit, qui perdura pendant plusieurs siècles, et qui malheureusement, a tendance à disparaître de nos jours. Il suffit pour cela de constater que depuis la disparition d’Eugène Canseliet en 1982, les errements des « pseudo-alchimistes » n’ont aucun frein : « stages de formation » au laboratoire proposés aux néophytes, discussions sans fin sur Internet où chacun prétend détenir la vérité, parution d’un faux ouvrage attribué à Fulcanelli, rééditions successives d’un livre, toujours le même, sur son identité, photographies des phases du Grand Œuvre et de la Pierre Philosophale, etc. Un vrai fond de commerce ! Devons-nous admettre qu’un alchimiste, possesseur de la gemme philosophale, et par conséquent Adepte, éprouverait le besoin et l’orgueil de se produire sur les forums de discussions pour y diffuser les preuves de sa réussite ? Mais revenons sur la colline de Cimiez où, dès le XVIIè siècle, un véritable Adepte entreprit de laisser à la postérité les preuves bien réelles de sa réussite opérative.
Les fresques le Monastère de Cimiez », Bernard Chauvière, 112 pages, avec 40 illustrations couleur dans le texte.
