
La question indo-européenne a surgi au cœur des sciences historiques vers le début du XIXe siècle (même si un certain nombre d’études de comparaison avaient déjà dès les XVIIe-XVIIIe siècles entrevu la filiation commune d’un certain nombres de langues européennes), suite à la redécouverte en Inde du sanscrit, langue ancestrale du clergé brahmanique, par l’étude de leurs textes sacrés, les Védas. Les études philologiques se multipliant, les chercheurs mirent à jour par l’étude de leurs formes antiques la parenté d’un très grand nombre de langues européennes, perses, caucasiennes, et indiennes. Ces ressemblances, ces rapprochements finirent par montrer sans aucun doute possible l’existence d’un peuple originel parlant une langue unique, et ayant essaimé vers l’occident et l’orient plusieurs milliers d’années avant J.C., à l’origine de la plupart des civilisations européennes. Vers la fin du XIXe et au cours du XXe siècle, des travaux de plus en plus précis (dont ceux de G. Dumezil, dont l’apport fondamental aux études indo-européennes fut prépondérant) et l’archéologie permirent de localiser approximativement l’origine de ce peuple dans le Caucase actuel, et de situer son éparpillement entre les Ve et IIIe millénaires.
Plus récemment de nouveaux indices permettent de situer le berceau dans une région circumpolaire (Haudry et Tilak). Toutes les langues actuelles de notre continent (à l’exception notable du basque, du hongrois, et des langues des peuples finno-ougriens, du nord de la Scandinavie) sont d’origine indo-européenne.

et les celtes ?
Les celtes font bel et bien partie du groupe indo-européen au plan linguistique. Les ressemblances tant de structure que de vocabulaire avec les autres langues européennes sont nombreuses, en particulier avec le latin. On en est d’ailleurs venu à constituer au sein de l’indo-européen un sous groupe italo-celtique. Ces deux peuples ne se seraient séparés que tardivement, et les langues celtiques présentent des similarités plus prononcées qu’avec les langues germaniques, par exemple.
Les celtes et la structure indo-européenne védique : Brahmanes et druides.
Les Indo-Européens, aussi appelés Aryens, du sanskrit ârya-, signifiant « noble » sont un peuple dont on suppose l’existence à partir d’éléments philologiques. On peut en effet en reconstruire leur langue et leur identité culturelle en étudiant leurs descendants grâce à la linguistique, l’étude comparée des institutions, la mythologie et l’archéologie (Sergent, 1995 ; cité par Astier, 2014). L’historien et archéologue Salomon Reinach complète : « Les Aryens sont des asiatiques qui, à une époque très ancienne, se sont établis les uns en Inde et en Perse, les autres dans les différentes contrées de l’Europe » (Reinach, 1892).
L’origine des Indo-Européens nous plonge dans un lointain passé qui remonte au néolithique (entre 8500 et 3000 ACN), voire peut-être le mésolithique (période plus ancienne située entre le paléolithique et le néolithique) selon Eliade et moi-même). Selon l’hypothèse la plus admise, elle est attribuée à la culture dite des kourganes (du turc « kurgan », en référence à des tombes coiffées d’un tumulus), qui s’organise à partir d’influences proches-orientales, au nord du Caucase (entre la mer Noire et la mer Caspienne) et au sud-est de la Russie actuelle. Son berceau se situe donc dans les steppes de l’Europe orientale, à partir duquel cette culture s’est disséminée par vagues successives. Tout cela semble bien confirmé par de nombreuses études (proto)historiques, même s’il subsiste des controverses. En reprenant la terminologie de Gimbutas, Bernard Sergent distingue quatre phases kourganes qui se sont étalées du Ve au III e millénaire avant notre ère selon deux principaux courants, l’un partant vers l’Ouest, l’autre vers l’Est, pour former progressivement, par acculturation, les différents peuples que nous connaissons :
« Que l’on considère les origines précises (…) des cultures des Germains, des Grecs, des Balto-Slaves, des Judo-Iraniens, des Thraces, c’est toujours à la zone des steppes, à la culture des kourganes, que l’on aboutit directement, tandis que pour les Anatoliens [en Asie Mineure], les Celtes, Ligures, Italiques, les mêmes cultures des steppes fournissent un élément de la synthèse de peuples qui est à leur origine. Cette convergence est démonstrative : il n’y a pas de culture préhistorique autre que celle des kourganes pour correspondre à la dispersion des peuples de langues indo-européennes à partir d’un centre déterminé. » (Sergent, 1995).

« Quelle que soit l’époque à laquelle les Celtes sont arrivés, ils ont en tout cas apporté avec eux les anciennes institutions indo-européennes, et notamment la tradition de la poésie bardique laquelle semble correspondre aux vers, lyriques de forme et héroïques de contenu, célébrant les héros illustres, et que l’on suppose avoir existé à l’époque indo-européenne. La classe cultivée comprenait des prêtres, des prophètes et des poètes, si nous adoptons la classification de César, mais il faut qu’il ait eu aussi des juristes, des historiens et des médecins ». Après 2000 ACN, continue Sergent, on ne constate plus d’expansions directes des porteurs de kourganes, mais celles des cultures filles, synthèses entre les gens des kourganes et néolithiques indigènes. Les Celtes ne se rattachent donc pas directement à une des quatre phases kourganes, mais en sont une « culture fille ». En résumé, si les Celtes sont nos lointains aïeux, les Indo-Européens dont ils sont issus en sont les ancêtres encore plus lointains. »
Quant aux Indiens, le processus est plus complexe. La culture des kourganes s’étend vers l’Asie, à partir de la Volga, dès le Ie millénaire. La civilisation de l’Indus, dans le Proche-Orient, se développe pour sa part entre 2500 et 1800 av JC, avec une apogée située au IIIè millénaire avant notre ère. A la fin de ce millénaire se produit le plus vaste mouvement des steppes vers l’Orient. La civilisation de l’Indus disparaît vers 2000-1800 av JC et c’est sur ses ruines que surgissent diverses cultures, dont la civilisation indienne classique. Des porteurs de langues indo-aryennes s’installent dans la vallée de l’Indus d’où ils s’étendront à celle du Gange dans le courant du II e millénaire. Ainsi naît l’Inde historique (Sergent, 1995).
Selon un autre historien, Mathieu Halford dans son livre sur les rapports entre la civilisation indo-euroépenne et les celtes :
«Le monde indo-européen reflète une communauté d’institutions et de croyances suffisamment attestée de l’Inde védique à l’Irlande pré-chrétienne, de la Gaule à la Grèce en passant par Rome et la Germanie, où se dégage tout un ensemble de thèmes et de schèmes mythiques, de structures sociales et théologiques, qui sont l’objet d’études comparatives en histoire des religions. A titre d’exemple, l’idéologie de la tripartition fonctionnelle de la société (sacerdotale, guerrière et productrice), se retrouve aussi bien dans le Manavadharmashastra indien [les Lois de Manu, un traité de lois à l’origine des castes], dans la description que César donne très brièvement de la Gaule, que dans le récit mythique irlandais de la Cath Maighe Tuiradh (la Bataille de Mag Tured) transcrit dans un manuscrit du XV siècle ».
Essai de comparatisme
- La bataille de Cath Maighe Tuireadh / Mahâbhârata
- Le songe du roi Cathâir et la royauté irlandaise
- Cernunnos le sceau de la vallée de l’Indus
La bataille de Cath Maighe Tuireadh
Depuis Dumézil, la grande guerre du Mahâbhârata a été directement associée à la Seconde Bataille de Mag Tured (ou Bataille de Moytura) de la tradition irlandaise, en tant que transposition d’une bataille eschatologique indo-européenne où s’affrontent les forces du bien et du mal, aboutissant à « la quasi extermination de chacun des deux camps, et survie par un fils ténu (un descendant d’Arjuna dans le Mahâbhârata), et surtout résurrection ou apparition » (Sergent). Dans ce dernier cas de figure (apparition), Sergent évoque précisément le cas de l’Irlande avec les « Fils de Mil », ancêtres des Gaëls, au centre de la dernière invasion du Livre des Conquêtes. Chez Dumézil, des associations sont également formulées entre les cinq frères Pândava (les fils de Pându, appartenant à un des deux clans qui se font la guerre dans le Mahâbhârata) et les cinq provinces de l’Irlande ; association que nous pourrions étendre aux cinq invasions du Livre des Conquêtes. Le comparatiste précise d’ailleurs que chez les Celtes, cette subdivision territoriale en cinq, « faisant intervenir les trois fonctions indo-européennes augmentées d’un quatrième et couronnées par le Pouvoir Royal, dérivent sans doute d’une doctrine druidique » (Dumézil). On retrouve ainsi dans le Livre des Conquêtes « plusieurs importants théologèmes de la tripartition fonctionnelle ». Un théologème central est celui des trois dieux, que le glossaire de Guyonvarc’h et Le Roux définit ainsi :
« Les « trois » dieux sont, dans le panthéon irlandais, le dieu suprême, hors classe, Lug, et ses deux « frères », le dieu-druide Dagda et le dieu-champion Ogme. Le premier transcende les trois fonctions sociales et cosmiques et les deux autres sont les deux « faces » opposées et complémentaires de la grande divinité souveraine équivalent et correspondant au duel védique Mitra-Varuna. Ils symbolisent aussi la totalité du monde manifesté, clair et sombre, bon et mauvais, céleste, terrestre et infernal »
Le songe du Roi Cathâir

Les éléments constitutifs de la royauté irlandaise
Au regard de la tradition indo-européenne il a été établi que leur conception de la royauté s’appuyait, elle aussi, sur la synthèse des fonctions structurellement homologues de représentations indiennes ou iraniennes. On peut le confirmer avec un témoignage supplémentaire, le chapitre 40 (§ 5-6) du Dindsenchas de Rennes. Les Dindsenchas sont des recueils de légendes et d’histoires anciennes (senchas) relatives aux lieux remarquables de l’Irlande. La plupart du temps, ces histoires ont pour but de justifier le nom du lieu par une étymologie fantaisiste. Voici la traduction de ces deux paragraphes :
Un jour, pendant sa jeunesse, le roi Cathâir vit en rêve la fille d’un hôte centuple à la belle forme, au vêtement multicolore et qui était enceinte. Elle le fut 800 ans, jusqu’à ce qu’elle mit au monde un fils qui était plus fort qu’elle-même dès le jour de sa naissance. Ils commencèrent à se battre, et sa mère ne trouva aucun endroit où l’éviter si ce n’est en allant au milieu de son fils.
Une colline charmante était au-dessus de leur tête, plus haute que toute autre colline, avec des armées dessus. Un arbre, brillant comme de l’or, se trouvait sur la colline ; par sa hauteur il atteignait les nuages. Chaque mélodie était dans son feuillage. Et ses fruits parsemaient le sol quand le vent les touchait. Chacun d’eux était le meilleur fruit.
Aussitôt réveillé, le roi Cathâir fait appeler le druide Bri qui lui explique la signification de son rêve. La jeune mère est la rivière Slaney, les couleurs de son vêtement sont les divers artisans (des cacha dana), l’hôte centuple est la terre qui produit l’abondante multitude (talum triasa ta cét cach genemain, mot à mot la terre par laquelle est produit un cent de chaque naissance) et le fils est le lac capable d’engloutir la rivière. Le druide poursuit par le passage qui nous retiendra parce qu’il concerne uniquement le roi :
- De nombreuses armées, « every one a-drinking from the river and the lake ». La grande colline au-dessus de leur tête, c’est ta force au-dessus de tous.
- L’arbre couleur d’or avec ses fruits, c’est toi au-dessus de Banba dans sa souveraineté.
- La mélodie qui est au sommet de l’arbre, c’est ton éloquence en surveillant et corrigeant les jugements des Gaëls.
- Le vent qui fait tomber les fruits, c’est ton devoir de partager tes joyaux et tes trésors. Et maintenant, dit Bri, tu as compris le sens de ces visions (na fisi-se).
Les cinq éléments « matériels » qui composent le rêve du roi Cathâir, roi suprême d’Irlande, correspondent chacun à un attribut fondamental de la royauté. Les deux séries de termes s’équilibrent parfaitement :
La colline et les armées = la force militaire du roi.
- l’arbre brillant et la mélodie à son sommet = la souveraineté (flaithius) du roi sur Banba et sa justice.
- les fruits et le vent = les richesses (sét, moine) et la générosité « obligée » du roi.
On voit immédiatement que ces cinq attributs qui définissent exhaustivement la fonction royale se répartissent « sans heurt ni chevauchement » à l’intérieur du cadre triparti : a) la puissance militaire du roi (deuxième fonction) ; b) la souveraineté et la justice qui ensemble rendent compte de l’un des deux aspects de la première fonction, le second étant orienté vers le sacré, le culte, la magie… ; c) les richesses (troisième fonction) avec leur prolongement « moral », l’obligation pour le roi de les partager, car il y va de son honneur (inech).
En outre, le choix et l’agencement des différents éléments du rêve ne sont pas moins significatifs, pour deux raisons : d’une part les valeurs de première et de troisième fonction sont étroitement solidaires : la souveraineté, symbolisée par l’arbre et couronnée par la justice, porte les fruits qui représentent la troisième fonction. Or cette solidarité des valeurs du premier et du troisième niveau a déjà été plusieurs fois constatée et commentée. D’autre part ces deux fonctions supérieures s’appuient sur la colline qui, avec les armées (sloigh imda), symbolisent le nert du roi, sa force militaire. N’est-ce pas une façon imagée de rappeler que le roi, par ses origines sociales, appartient à la seconde classe, celle de l’aristocratie guerrière, et que cette puissance militaire protège et garantit l’épanouissement des deux autres fonctions ?

Si l’on considère maintenant, en prenant quelque distance, les résultats généraux de l’enquête ; on constate que le bilan est à la fois logique, positif et cohérent. Logique et positif d’abord. Toutes les « sociétés à °rég » et l’Iran, qui sont aussi les plus conservateurs, ont préservé de multiples témoignages où survit, intacte, la conception indo-européenne de la royauté suivant laquelle le roi réalise en son être la synthèse des fonctions. Cohérent d’autre part. Cette synthèse des trois fonctions assurée par le roi n’est pas un phénomène secondaire : il s’insère au contraire dans une plus vaste conception du monde et de la société qui repose justement sur la coexistence de ces trois fonctions hiérarchisées. Si le roi fait la synthèse des fonctions, c’est donc précisément parce qu’il règne sur une société analysée à partir des mêmes concepts; l’exemple indien est à cet égard remarquable. Ainsi entre le monde, la société et le roi et sur la base des trois fonctions s’est élaboré un réseau complexe de relations « explicites et systématisées » (A. Minard) qu’illustrent pour nous les témoignages convergents venus de l’Inde, de l’Iran et de l’Irlande.
Cernunnos – Dionysos – Hermès

Les origines de Cernunnos
C’est dans le Val Camonica qu’a été gravée sur le roc la plus ancienne image du dieu celtique Cernunnos, à une époque indécise mais sûrement antérieure à la venue des Romains dans la région.
Cernunnos est issu de la combinaison d’un dieu celtique avec un dieu cerf d’origine alpine et illyrienne. La fusion entre les deux êtres divins apparaît déjà au début du IVe siècle sur une des parures annulaires en or d’Erstfeld, faisant partie d’un trésor découvert sur la route vers le Gothard. Cernunnos y est figuré sous la double forme d’un être à deux têtes, l’une humaine, l’autre portant cornes de bouquetin et oreilles de cervidé.
Cernunnos puer senex (qui se régénère constamment). Le puer présente à la fois un aspect «positif» et un aspect «négatif». Le côté « positif » du puer apparaît comme l’Enfant divin qui symbolise la nouveauté, le potentiel de croissance, espoir pour l’avenir c’est un dieu de la végétation et de la résurrection, le dieu de la jeunesse divine. L’ ombre du puer est le senex (latin pour « vieil homme »), associé au dieu Saturne discipliné, contrôlé, responsable, rationnel, ordonné.
L’ombre du senex est le puer , lié à Hermès-Mercure ou à Dionysos-Zagreus- Bacchus – instinct induit, désordre, intoxication, fantaisie. Éros, assimilé à Dionysos dans la tradition orphique, n’a pas de père. Il est protogonos, « premier-né », le mythe archaïque d’un dieu père, à la fois époux et fils de la grande mère. Le double aspect de Cernunnos tantôt mature et tantôt éphèbe correspond à l’idée d’un dieu primordial qui s’engendre lui-même. Cette hésitation de son iconographie entre un dieu père jupitérien ou plutôt saturnien et un jeune héros associé au bélier fougueux caractérise Cernunnos.

Mohenjo-Daro (Pakistan)
On ne lui connaît ni dieux ni maîtres. Son écriture demeure indéchiffrable. Et sa disparition même est un mystère. La civilisation avancée qui, il y a 4 500 ans voir 6 000 ans, habitait Mohenjo-Daro, cette mégapole des rives de l’Indus, au Pakistan, a livré très peu de secrets aux archéologues.
La Civilisation de l’Indus a été le berceau des cultures et des langues indo-européennes. Au IIIe millénaire avant notre ère, tandis que l’Europe de l’Ouest vivait au Néolithique et apprenait l’agriculture et l’élevage, les cités de cette région au développement précoce maîtrisaient déjà le travail de l’or, du cuivre et du bronze, utilisaient l’écriture et s’organisaient en sociétés urbaines complexes.
Mohenjo Daro se trouve au sud du Pakistan, à quelques kilomètres du grand fleuve Indus. C’était une ville immense : elle couvrait 240 ha, soit 4 fois la superficie de Pompéi ! Édifiée suivant d’un programme d’urbanisme codifié, elle comptait autour de 40 000 habitants, qui vivaient dans une prospérité et un confort inédits.

Dans un cas comme dans l’autre nous avons affaire à un maître des fauves; le second (figure plus haut) a été retrouvé à plus de 7000 km de là, à Mohenjo-Daro (dans l’actuel Pakistan, à la frontière de l’Inde). C’est un site archéologique majeur de la civilisation de l’Indus qui s’est développée entre 2500 et 1800 avant notre ère, et dont la vallée fut un couloir de communication entre l’ensemble indo-gangétique, le monde arabo-persique et l’Asie centrale. Elle est considérée comme une des premières civilisations, aussi anciennes que celles de l’Egypte et de la Mésopotamie. Certains aspects de la religion de l’Indus se retrouvent dans l’hindouisme. Les fouilles de ce site (qui est en fait une gigantesque cité urbaine témoignant d’une civilisation avancée) entreprises au début des années 1920 ont permis la découverte de nombreux petits sceaux ou cachets qui portent une figuration et une inscription dans une langue qui reste à ce jour non déchiffrée. Selon des spécialistes, un de ces sceaux représenterait un prototype du dieu Shiva, que d’autres considèrent comme un « suprême yogi » qui constituerait un maillon avec le futur hindouisme.
Ce sceau présente des analogies sidérantes avec la représentation gauloise, dont la concordance indo-celtique (ou plutôt indo-aryenne) est réelle et exclusive, selon Haudry, mais déroutante : le personnage est également assis en tailleur, son bras est couvert de bracelets (Cernunnos tient quant à lui un torque). A l’instar du dieu celtique qui porte des bois de grandes dimensions, il est coiffé d’immenses cornes recourbées et est entouré de plusieurs animaux : éléphant, tigre, rhinocéros, buffle, gazelles. Une différence toutefois par rapport au Cernunnos gaulois: le personnage du sceau a trois faces, mais ce trait n’est pas sans rappeler d’autres représentations du panthéon celtique comme les dieux tricéphales (p. ex. celui de Condat avec un dieu tricéphale barbu porteur d’un torque ou, plus significatif encore, celui gravé sur le bas-relief du site des Bolards qui montre un Cernunnos à trois têtes, accompagné de deux autres personnages surmontant un décors d’animaux emblématiques réunis autour d’un arbre de vie). Il y a aussi la stèle de Reims avec trois personnages, dont Cernunnos. Le dénominateur commun est le suivant : ils sont toujours trois, accompagnés d’animaux. C’est le théologème des trois dieux qui va se retrouver aussi bien dans le védisme que dans la religion celtique.
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