Archives du mot-clé Johan Dreue

La voie des sons , tisser le sens

La méthode psychanalytique de Freud, dans la relecture de Jacques Lacan, est fondée sur le phonème et non pas sur l’expression grammaticale, sur l’analyse du langage, selon les principes même de ce que les alchimistes à la suite de Fulcanelli dénomment cabale phonétique. « cà parle ! « 

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Khnoum le dieu potier

Il existait une mystérieuse corrélation du Dieu-Potier avec Osiris. C’est en effet essentiellement en tant que Dieu-Potier que Khnoun nous intéresse. Il s’agit moins de dresser son portrait que  d’esquisser à partir des données dont nous disposons les caractéristiques qui font du Dieu criocéphale le type du Démiurge produisant les créatures sur un tour. Khnoum opère exactement comme un potier son œuvre est le produit du modelage de la matière première des dieux et des hommes placés sur son plateau.

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Le neuvième preux : Godefroy de Boulogne

Le tombeau est long de 2m05 et 76cm de large pour 1m53 de haut Le cénotaphe fût d’abord placé dans la nef de la Basilique devant une fresque murale représentant Godefroy de Bouillon avec ses deux frères et sa mère Ide. En 1966, le cénotaphe de Godefroy de Bouillon fût déplacé dans la crypte

Bien cachée au fond de la crypte de Notre-Dame de Boulogne (Pas-de-Calais), la copie du tombeau de Godefroy de Bouillon, premier « roi » de Jérusalem, rappelle les faits d’armes du plus connu des croisés.

L’original a disparu, sous les coups des restaurateurs grec-orthodoxes, lors des travaux qui ont suivi l’incendie de la Basilique du Saint-Sépulcre en 1808. Heureusement, le tombeau de Godefroy de Bouillon subsiste à travers sa réplique, toujours visible dans la crypte de la cathédrale de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), ville de naissance du plus célèbre des croisés.

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Le château de Boulogne la Grasse et sa légende

Ce château fut porté à la connaissance du public éclairé ou pas grâce aux travaux de mon père, M. Michel Dreue.

Demeures philosophales: un itinéraire alchimique en (Picardie

Dans les lignes qui suivent, il sera question d’une demeure, qui u l’évidence doit beaucoup à l’inspiration hermétiste du maitre des lieux sans aucun doute un Adepte du Grand’Oeuvre. Mais comment ne pas oublier que non loin de Boulogne-la-Grasse, se dresse la majestueuse cathédrale d’Amiens, autre sphinx de pierre qui ne cesse de nous interroger. Rappelons qu’à ce sujet, nous lui devons entre autre, les plus belles pages du non moins énigmatique Fulcanelli sur le décryptage consacré notamment au porche du Sauveur dans son livre « Le mystère des cathédrales ».

A l’instar des cathédrales gothiques ou « argotiques » selon l’expression de ce dernier auteur, les demeures philosophales sont des livres de pier­re qu’il convient de lire comme telles. Sans doute, si l’outrage du temps et les égarements parfois funestes de l’homme – n’oublions pas que le château de Boulogne fut partiellement détruit lors de la bataille du Matz pendant la grande guerre de 14-18 n’altèrent pas d’avantage les cha­pitres de cet ouvrage gravé à l’attention des esprits éveillés, alors pour­rons nous conserver ce qui apparait comme étant sans doute l’une des dernières demeures « philosophales » dans la pure tradition de l’Hotel LALLEMANT à Bourges, du château de Dampierre-sur-Boutonne pour ne citer que ces fleurs qui sont autant de roses mystiques comme il en fleurit par ailleurs tant en terre de Picardie.

Mais pourquoi aussi ne pas voir dans cette rose la matérialisation toute spirituelle et allégorique de la pierre philosophale. Rubis au pouvoir prestigieux. Cette fleur, à la fois médecine – élixir- et gemme splendi­de fut à l’origine de cet ordre de chevalerie que fonda Philippe le Bon en glorification de la Toison d’Or, objet de la « Quêste » initiatique des Argonautes en terre de Colchide ….

Ici la recherche légendaire du Graal et celle plus secrète du Grand’Oeuvre fusionnèrent en un tronc commun où l’imaginaire che­valeresque pu déployer le meilleur de son esprit : Charles de Boulogne à sa façon , avec son château nous a – nous les esprits curieux – embar­qué à bord de l »ARGO , toutes voiles dehors à la conquête du « VELLUS AUREUM » ou plus exactement à la recherche du bélier d’or sur la peau duquel – selon le mythe – est écrit l’essentiel de l’ART ROYAL à qui saura le mériter.

Mais la Quête ne détient son sens que de la Dame sans qui aucun che­valier ne saurait s’engager : elle est l’objet de la Quête. Tandis que le chevalier personnifie l’être agissant et maître de sa volonté, à l’inverse la Dame symbolise l’autorité spirituelle sans laquelle l’action n’est que désordre et vaine agitation. Le secret de l’Initiation chevaleresque se résume par la réunion de ces deux parties qui se sont séparées au com­mencement des temps. « L’union des deux natures  » correspond à ce que l’on désigne habituellement par  » Petits Mystères  » et que l’on retrouve dans l’ensemble des sagas médiévales : Tristan et Yseult, Lancelot et Guenièvre

L’Initiation royale – celle des petits mystères – se prolonge dans l’Initiation sacerdotale. A l’errance chevaleresque – celle de la légende des Karados – succède la contemplation immobile de celui qui se trou­ve devant l’axe du Monde. Nous retrouverons tous ces éléments dans l’histoire qui réunit ce château à la fondation de l’abbaye de Corbie sans oublier que l’alchimiste de la cathédrale d’Amiens nous montre que les chemins du « Gay Scavoir » peuvent être multiple et ne laissent pas de nous égarer parfois, ce que nous rappelle le gigantesque labyrinthe de près de 42 mètres de circonférence qui pave la nef amiénoise.

Assez paradoxalement, nous voyons comment l’histoire parfois rejoint la légende. Le dernier Prince de Bourgogne, illustre porteur de cette même Toison d’Or, le singulier Charles dit « Le Téméraire » lors du siège de la cité picarde qui s’était mise « en l’obeissance du Roy » quoique le traité d’Arras voulu qu’elle se livra au duc Charles lors de ces hostilités à la cité rebelle ordonna tout de même à ses canonniers qu’ils épargnassent la Notre-Dame :

 » Le Duc de Bourgogne (qui faisoit tirer son artillerie contre Amiens) deffendit expressément que l’on tirast point contre l’église. Ce qui fut bien gardé : & tint toute une Quaresme le Duc de Bourgogne iceluy logis. « 

Aussi, avant de nous engager dans l’interprétation de ce rebus com­plexe qui restera pour partie une énigme faute de disposer de la totalité des pièces, à jamais et irrémédiablement manquantes, sachons qu’en dernier ressort

 » FATA VIAM INVENIENT « 

soit :

Les destins trouveront la voie…

c’est-à-dire qu’en toutes choses, c’est dans la patience à l’épreuve, la lente incubation de Soi que chaque homme en recherche de la Vérité, trouvera et ouvrira à son tour les portes de son destin.

Par cet édifice insolite, le comte Charles de Boulogne a voulu témoi­gner pour les temps futurs et nous indiquer le chemin pour trouver cette porte basse  » à laquelle le pèlerin égaré frappe l’huis et demande l’en­trée.

Johan DREUE  21 Septembre 1995

L’alphabet maçonnique, une tradition rabbinique

Principe et origine de l’alphabet  maçonnique

Le principe de l’alphabet maçonnique est bien connu. Nous le rappellerons en en empruntant l’exposition au « Catéchisme des Francs-Maçons » de Louis Travenol. Ce texte de 1744 est la plus ancienne mention que nous connaissions de cet alphabet en Maçonnerie : « Chapitre IX. De l’écriture maçonne »

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Sanatana Dharma et Tradition Primordiale

L’hermite de DuqqiGuénon indexera toute la doctrine traditionnelle et la légitimité des organisations véhiculant une « influence spirituelle », de nature exotérique ou ésotérique, au principe initial de cette « Tradition primordiale ».

La question qui se pose est : Tradition primordiale ou Religion primordiale ? Un guénonien orthodoxe, F. Schuon avait de son côté expliqué précise sa pensée dans une note de son ouvrage L’Esotérisme comme principe et comme voie 1978, « Le Commandement Suprême », p. 151) :

« Nous disons « Religion primordiale » et non « Tradition » parce que le premier de ces termes a l’avantage d’exprimer une réalité intrinsèque (religere = « relier » le terrestre au céleste) et non simplement extrinsèque comme le second (tradere = « livrer » des éléments scripturaires, rituels et légaux). On est du reste en droit de se demander s’il pouvait être question de « tradition », à une époque où la connaissance spirituelle fut innée ou spontanée, ou encore, si la nécessité d’une « tradition », donc d’une transmission extérieure, n’entraîne pas ipso facto la nécessité d’une pluralité de formulations. »

Pour Guénon, la norme et le pivot, le germe impérissable de tout le « sacré », de tout l’Univers manifesté macrocosmique et microcosmique, le fondement de toutes les traditions secondaires et des diverses religions, le dépôt éternel de la doctrine et de la Connaissance, en un mot le Temple de la Vérité éternelle, c’est bien la Tradition primordiale. Il en situera la source dans la pensée hindoue notamment à partir de la notion de Dharma qui selon lui inclut le point de vue traditionnel dans son intégralité. Voyons comment.

Le dharma postule la « réalisation effective » de l’être et comporte des applications englobant notamment toutes les modalités de la vie humaine sans exception.

Guénon va donc définir la nature du Dharma ; c’est un des termes sanscrits qui embarrassent le plus les traducteurs, écrit-il dans un article de 1935 (reproduit in Etudes sur l’hindouisme, Editions traditionnelles, 1976), car il a de multiples sens : celui de « Loi », d’Ordre. Certes ce Dharma « n’est pas la Tradition primordiale » mais nous verrons bientôt comment il s’y rattache. Guénon rappelle qu’il est dérivé de la racine dhri qui signifie porter, supporter, soutenir, maintenir, etc. Il s’agit, poursuit Guénon dans l’article précité, « d’un principe de conservation des êtres, et par conséquent de stabilité, pour autant du moins qu’elle est compatible avec les conditions de la manifestation, car toutes les applications du Dharma se rapportent toujours au monde manifesté ». Ce Dharma se présente donc comme un reflet de l’ « immutabilité principielle » dans l’ordre de la manifestation. Il n’est « dynamique », poursuit Guénon, que dans la mesure « où manifestation implique nécessairement  » un devenir « , mais il est ce qui fait que ce devenir n’est pas pur changement, ce qui y maintient toujours, à travers le changement même, une certaine stabilité relative.

Guénon fera observer à cet égard que cette racine dhri est quasi identique dans la forme et le sens à une autre racine dhru de laquelle dérive le mot dhruva qui désigne le « pôle » : « Effectivement, c’est à cette idée de pôle ou d’axe du monde manifesté qu’il convient de se référer si l’on veut comprendre vraiment la notion du Dharma : « c’est ce qui demeure invariable au centre des révolutions de toutes choses, et qui règle le cours du changement par là même qu’il n’y participe pas. » Il faut insister sur l’importance de cette phrase car elle est déjà allusive à la conception guénonienne de Tradition primordiale.

Guénon associera la fonction du Dharma au symbole de l’axe ou de l’ « arbre du monde » et soulignera la parenté de cette notion avec celle du mot sanscrit rita (rota ?) qui a étymologiquement le sens de « rectitude », conformité à l’ordre humain et avant tout à l’ordre cosmique. On voit donc que cette notion n’est pas limitée à l’homme mais s’entend de tous les êtres et même de tous les états de manifestation, donc de toute la création. C’est la « Norme » rectrice de l’ensemble et la « Norme » particulière de chaque groupe, espèce, degré, monde, cycle, incluant les idées d’harmonie, justice, équilibre, législation, but assigné par les Ecritures traditionnelles hindoues à la vie humaine lorsque sa réalisation relève de l’ordre spirituel (au-delà du corps et du psychisme, mais en deçà du « but suprême » qui n’est plus du domaine de la manifestation »… Le Dharma s’étend également aux applications sociales et, en l’occurrence, il s’identifie au « devoir » plutôt qu’au « droit ». Ainsi le Dharnza propre d’un être ne peut s’exprimer que par ce qu’il doit faire lui-même, et non pas par ce que les autres doivent faire à son égard, « et qui relève naturellement du Dharma de ces autres êtres » (Etudes sur l’hindouisme).

Comment rapprocher cette idée de nos concepts occidentaux ? peut-être rapprocher le Dharma de de l’idée de « volonté révélée » dans les monothéismes occidentaux ? Par là ce Dharma va nous conduire à sa source principielle : la Tradition primordiale, et c’est alors à la notion de Sanâtana Dharma que nous avons affaire.

Sanatana Dharma

Ananda K. Coomaraswamy estime que la meilleure traduction de Sanâtana Dharma est l’expression philosophia perennis, telle que le moyen âge latin l’entendait. Perennis, ou « pérenne » en français, convient effectivement pour désigner la durée indéfinie. Par contre, René Guénon rejette le mot philosophia avec la vigueur que l’on sait, même si l’on entend par là la philosophie scolastique 26. Il ne faut donc pas traduire philosophia perennis par « philosophie éternelle », car aucune philosophie n’est éternelle, et si l’on entend par ce mot l’un des multiples systèmes mis au point par ceux qui n’osant s’appeler « sages », s’appellent seulement « philosophes », c’est-à-dire « amis de la sagesse », aucun d’eux ne traduit exactement le mot Dharma.

Par suite de l’obscuration progressive et de la marche descendante du cycle, le Sanâtana Dharma est devenu caché et inaccessible aux hommes ordinaires; mais il reste la source première et le fonds commun de toutes les formes traditionnelles particulières qui en procèdent par des adaptations spéciales à telle ou telle partie de l’humanité selon la diversité des temps et des lieux. Ces adaptations régulières ne sauraient être identifiées au Sanâtana Dharma, bien qu’elles en soient une image plus ou moins voilée et qu’elles en constituent un reflet ou « substitut », car elles permettent à leurs adhérents d’atteindre le Sanâtana Dharma selon leurs capacités particulières.

à suivre dans le livre à paraitre : en complément de « La révélation primitive »

Le songe de Poliphile et l’initiation par l’Amour

Poliphile assiste au triomphe de Bacchus

Hypnerotomachia di Poliphilo, par le P. Francesco Colonna (Venetiis, Aldi Manutii, 1499).

L’œuvre est l’une des meilleures introductions à l’ima­ginaire de la Renaissance. Toutefois l’Hypnerotomachia, rédigée dans une langue hybride qui mêle la langue vulgaire, le latin et le grec, est d’un abord difficile. La traduction de 1546 en facilite l’accès et assure au Poliphile une influence qui, en France, se prolonge jusqu’à La Fontaine et Nerval.

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Art royal : art du grimoire

Les mouches

Ordre initiatique à vocation contestataire, la confré­rie des Gouliards a affronté des siècles durant le monde des privilèges et des privilégiés, Religion et Noblesse, dans le but secret, mais tenace, de remettre le Peuple dans ses « vrais droits ». Combattants de l’ombre, armés de la force sans frontières de la satyre populaire, les Gouliards surent éveiller l’esprit de contestation, voire même de révolte, pour le mettre au service du Peuple. En cela ils préparèrent, à leur manière, le terrain sur lequel devait oeuvrer par la suite la Révolution de 1789.

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