Les dix tribus d’Israël perdues et retrouvées 1

Le camp d’Israël avec ses douze tribus et leur orientation.

Salomon, le grand roi d’Israël, meurt en 931 av. J.C. Son fils Roboam monte sur le trône. Malheureusement, celui-ci, loin d’avoir la sagesse de son père, se comporte en despote et écrase le peuple d’impôts (I Rois XII): « Or, Roboam se rendit à Sichem, car tout Israël était venu à Sichem pour l’établir roi »  Pourquoi à Sichem et non à Jérusalem, qui est censé être la capitale prestigieuse du royaume ? … C’est que, précisément, Jérusalem n’existe pas encore !…

Les blasons des dix tribus régnantes en Europe sont fournis dans notre ouvrage

Quant à Salomon, il n’a jamais mis les pieds en Palestine : pourquoi un roi aussi puissant se serait-il même simplement rendu dans un territoire aussi insignifiant, aride et ne présentant aucun intérêt ? du sable et des cailloux que personne ne veut.  Si l’on examine son train de vie tel qu’il a été décrit dans  la bible il est de plus totalement incompatible avec les possibilités d’un territoire comme la Palestine ne disposant d’aucune ressource et correspond d’avantage à un empire. Et quand Jéroboam, fils de Nebat (de la tribu d’Ephraim ; Jéroboam n’était pas de descendance royale) l’apprit, il était encore en Égypte où il s’était enfui de devant le roi Salomon, et il demeurait en Égypte.

Ahijah_et Jeroboam

Jéroboam, du temps de Salomon, fut désigné par le prophète Ahia comme devant être l’auteur du schisme des dix tribus; il s’enfuit en Égypte où il épousa la belle-sœur du Pharaon Sheshonq. Cette prophétie du prophète Ahia est un artifice du scribe – c’est à dire d’Esdras et de ses compagnons, qui arrangent les textes et l’Histoire à leur façon; car c’est bien là que se noue tout le mystère du peuple juif; il s’agissait pour Esdras de donner à tout prix le mauvais rôle à Jéroboam, alors que le mauvais rôle a été joué, en réalité, par Roboam, fils indigne de Salomon….

Et maintenant opérons un changement de cadrage pour comprendre cet imbroglio et traduisons tout ceci en langage clair: nous sommes en Europe et Salomon, qui régnait sur un empire immense, étendant ses ramifications depuis l’Andalousie avec son siège dans l’actuelle Grenade jusqu’à très loin au nord (Dan-Marck), à l’est (Géorgie) et sans doute ailleurs encore, meurt en -931, laissant le royaume à son fils Roboam. Celui-ci, au lieu d’alléger les impôts que Salomon avait prélevés pour ses importantes constructions et pour sa cour fastueuse, les alourdit au contraire.

Révolte du peuple d’Israël

Roboam s’enfuit en Palestine, terre aride et inculte, digne d’un fuyard qu’il était. Il y fonde Jérusalem. C’est d’ailleurs bien pourquoi il n’avait pas été fait roi à Jérusalem, bien entendu, mais à Sichem, nous dit le scribe… mais le Sichem qu’on a retrouvé en Palestine, pas plus que le « Nazareth » chrétien, n’a existé en Palestine à l’époque. Nous remarquons que le scribe laisse le beau rôle à Roboam en accablant « Israël »… et en nous précisant que Roboam ne règne que sur la tribu de Juda et sur quelques éléments de Benjamin (qu’on aura vite fait d’oublier au seul profit de Juda, ce qui laisse le rôle de « révoltés » aux dix autres tribus, qui deviendront les fameuses « dix tribus perdues d’Israël »…

Le campement des douze tribus avant le schisme

Tribus qui n’ont en fait jamais été perdues du tout : elles sont simplement restées sur place où elles étaient avant que la tribu de Juda et son roi ne s’enfuie en Palestine. « Aussitôt que tout Israël eut appris que Jéroboam était de retour (incohérence du scribe: Jéroboam était déjà de retour et présent lors du couronnement de Roboam) ils l’envoyèrent appeler dans l’assemblée et ils l’établirent roi sur tout Israël. Aucune tribu ne suivit la maison de David  » (c’est à dire Roboam) que la seule tribu de Juda. On ne signale même plus Benjamin !.

Roboam l’insolent par Holbein le jeune

Pourtant, le scribe se reprend et réintègre Benjamin dès le verset suivant : « Roboam étant arrivé à Jérusalem (et cette fois, il s’agit bien de la  Jérusalem en Judée, dont il fait aussitôt sa capitale), assemble toute la maison de Juda et la tribu de Benjamin, cent quatre-vingt mille hommes de guerre choisis, pour combattre contre la maison d’Israël… »

Mais Dieu, lui fait savoir de n’en rien faire. Nous voici donc, neuf siècles avant notre ère, avec un Royaume de Juda qui donnera son nom (la Judée) à une partie de la Palestine, et un Royaume d’Israël resté sur place dont on ne mentionne jamais la localisation mais que l’on soupçonne être en Andalousie et dans tout l’espace de l’ancien royaume de Salomon. A partir de Roboam donc, nous ne devons plus confondre le « Royaume de Juda » et le « Royaume d’Israël », deux royaumes dorénavant parfaitement distincts. Le Royaume d’Israël n’a donc jamais été implanté en Palestine. Seuls les Juifs – c’est à dire la tribu de Juda – s’y sont établis, non les « Israélites », dont le nom, jusqu’à Salomon désignait la totalité des douze tribus, mais ne désignera plus, dorénavant que les dix tribus, soi-disant « perdues » et que l’on fera semblant de rechercher, pendant des siècles. Comme si, par exemple, un peuple comme les Français, ou les Allemands, disparaissaient du jour au lendemain, sans laisser aucune trace!… Et le scribe poursuit, et fait encore contresens énorme (v.25) :

« Or, Jéroboam bâtit Sichem en la montagne d’Ephraïm…etc… » Si c’est Jéroboam qui bâtit Sichem, cette Sichem n’existait donc pas auparavant lors du couronnement de Roboam !…  CQFD

On apprend encore dans ce même chapitre que Jéroboam fit deux veaux d’or et qu’il fit aussi « des maisons dans des hauts lieux, et il établit des sacrificateurs pris de tout le peuple et qui n’étaient pas des enfants de Lévi« . Or, c’est précisément ce qu’avait fait Salomon, réputé de grande sagesse. Il avait pris des libertés avec la loi de Moïse et il avait pris aussi de nombreuses femmes en dehors des tribus israélites. 900 femmes en tout selon la légende.

Qui est Esdras ?

Qui est Esdras ? : vers 400 avant notre ère, vivait en déportation à Babylone, le célèbre Juif Esdras. Il avait été chargé à Babylone, des affaires juives. Au retour de captivité, et aidé de Néhémie, gouverneur de la Judée, il fit achever la construction du Temple de Jérusalem – celui-là même qu’on appelle maintenant le second Temple. Second, certes, mais premier à Jérusalem.. Esdras instaura la Loi Juive qui avait été rédigée en exil en partant des traditions antérieures. Il est de plus en plus clair que ce texte ne correspond pas à la réalité historique. L’histoire d’Israël a été falsifiée (n’ayons pas peur des mots!) pour plusieurs raisons, dont la principale est de faire rejaillir sur la tribu ide Juda tout l’éclat antérieur du « peuple d’Israël » jusqu’à Salomon; la seconde raison étant qu’il fallait jeter un voile d’oubli sur les 10 tribus perdues restées en Espagne. Il est indiscutable que, si Roboam a été chassé par dix tribus sur douze, donc par une écrasante majorité, il portait pourtant à lui seul la légitimité de la lignée davidique. Il fallait donc faire ressortir cette légitimité et effacer de l’Histoire les dix autres tribus. La Bible dont nous disposons ne raconte donc pas l’histoire d’Israël, mais l’histoire du « peuple juif » depuis Salomon, ce qui se passait avant étant arrangé pour faire croire que toute l’histoire du « peuple d’Israël » s’était déroulée en Palestine. Ce qui est manifestement faux.

En conclusion (provisoire) :

Salomon n’était jamais allé en Palestine. Un fait nous le confirme: Ce roi si grand, si puissant, si célèbre… est totalement inconnu des Égyptiens, leurs voisins. Les Égyptiens ignorent tout de Salomon et d’Israël. Comme le relève Jacques Touchet : « Le mot « Égypte » revient 680 fois dans la Bible, le mot « Israël » n’apparaît qu’une seule fois dans les textes nilotiques ». Il s’agit de la stèle de Merenptah, XIXème dynastie. Encore cet unique exemple est-il tout à fait sujet à caution. Ce qui signifie qu’en effet, les Égyptiens n’ont jamais entendu parler de Salomon, ce qui paraît évident si Salomon résidait dans la péninsule ibérique et non dans la Palestine voisine que les Égyptiens connaissaient parfaitement bien : la Palestine était leur « banlieue » et leur terrain de chasse en quelque sorte.

Déjà dans les années cinquante, un exégète au-dessus de tout soupçon, Frédéric Thieberger, ancien Professeur au séminaire rabbinique de Prague, écrivait :

« Si maintenant nous voulons placer l’ère de Salomon dans le cadre de notre chronologie habituelle qui est basée tout entière sur l’ère chrétienne, il nous faut établir un rapport entre les dates de la tradition juive et celles qui ne lui appartiennent pas. Les dates juives se retrouvent sur des inscriptions cunéiformes assyriennes mais celles-ci ne commencent qu’à la génération qui suit Salomon ». Ceci confirme que les Assyriens ne connaissent ni Royaume d’Israël ni Royaume de Juda avant les successeurs de Salomon

(Frédéric Thieberger: Le Roi Salomon en son temps – Payot, Paris 1957)

la suite : on a retrouvé la tribu de Dan … (et les autres)

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à paraitre pour septembre 2020

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