Heredom HRDM ou la naissance de l’Ordre Royal d’Ecosse

L’ordre royal d’Écosse (Royal Order of Scotland) ou ordre de l’héritage de Kilwinning (Order of Heredom of Kilwinning) est un ordre symbolique chevaleresque de la franc-maçonnerie britannique. L’adhésion est accordé aux francs-maçons sur cooptation uniquement. Organisé autour d’une Grande Loge de l’ordre royal d’Écosse qui à son siège social à Édimbourg, il est présent en Grande-Bretagne principalement et dans quelques pays à travers le monde.

Heredon, qui est écrit ordinairement H D M, est un mot à l’honneur dans les grades écossais. On le trouve sous les formes les plus diverses: Harodim, Haeredum, Herodom. Ces orthographes différentes correspondent aux interprétations divergentes que les Maçons donnent du mot. Les uns le dérivent de Harodim, nom donné par la Bible aux Surveillants des Travaux lors de la construction du Temple. Ceux qui l’écrivent Haeredurm prétendent que les Francs-Maçons Ecossais se considéraient comme les héritiers (haeredes) des Templiers qui s’étaient réfugiés en Ecosse après la suppression violente de leur Ordre en France. La forme Herodom se rattache également à la prétendue filiation templière de la Maçonnerie: elle serait la transcription de ieros domos et désignerait la Loge fondée par les Templiers fugitifs, qui se seraient unis sous Robert 1″ d’Ecosse à l’Ordre nobiliaire de Saint-André du Chardon. Un Rite d’Heredom fut fondé en France en 1786 et eut une Grande Loge et un Grand Chapitre à Rouen. — Il est superflu de faire remarquer que toutes les étymologies proposées par les Maçons sontarbitraires et ont unique-nient pour but d’étayer une thèse déterminée. Un historien,  Charles Andler propose une étymologie extrèmement séduisante. S’appuyant sur la Sprachschatz de Grein, sur l’Old English Dictionary de Stretmann et Bradley et suries Old English Texts de Sweet, M. Andler voit dans Heredom un vieux mot anglo-saxon : hèrduom qui désignait l’assemblée des prètres occupant les premières places dans la hiérarchie ecclésiastique : they hèrduom thero biscofo = principes sacerdotum.

La controverse de la Grande maitrise de la Franc-maçonnerie anglaise

Le ler janvier 1766, Jacques III décéda, et trois semaines plus tard Charles Édouard retourna en Italie après une absence de 22 ans. Lorsque les britanniques menacèrent de bombarder Civitavecchia, le pape Clément XIII refusa de reconnaître le prince Stuart comme roi Charles III, bien que de nombreux partisans en Italie l’ait considéré comme le roi britannique légitime. Selon le baron von Plommenfeldt, un maçon suédois qui visita Florence en 1766, le prince lui a affirmé qu’il était en effet le Grand Maître secret de l’Ordre du Temple. Pour le prince, vivant maintenant dans la région papale antimaçonnique, il l’allait maintenir un profil peu fraternel et il n’a probablement pas participé aux activités souterraines des maîtres locaux. Ainsi, il n’était pas conscient des « degrés supérieurs », de plus en plus élaborés, développés dans de nombreuses loges écossaises et de la Stricte Observance. Pour le duc de Clermont, grand maître français de longue date et ardent « stuartiste », le rôle principal de Charles Edouard était devenu un souvenir honoré. En janvier 1767, Clermont s’inquiétait des factions et des scandales qui surgissaient dans la franc-maçonnerie française, et il écrivit en privé au marquis de Gages, grand maître du système de Clermont dans les Pays-Bas autrichiens :

« Je n’ai donné le sublime Grade de Rose-Croix dans toute sa perfection, qu’à un petit nombre limité, en y mettant sept Grands Maîtres… tout ceux qui connoissent ce Grade, sont reçus dans ma loge Royale… & ce n’est que par considération de notre cher Frère le Prince Edouard, que cette Loge subsiste encore dans notre Orient ».

Le 27 février, Clermont s’est conformé à l’ordre de Louis XV de fermer temporairement toutes les loges, bien qu’il ait évidemment maintenu son système d’élite parmi les frères en qui il avait confiance. En juin 1769 à Paris, le souvenir de Charles Édouard comme Grand Maître était encore présent. Une autre loge détachée, « Le premier souverain chapitre des Rose-Croix », fut fondée, et ses membres ont affirmés être « Princes Maçons parfaits libres d’Hérédom », car les chevaliers ont pris leur origine de ceux ainsi nommés. En janvier 1772, une autre loge française prétendait recevoir l’autorisation d’un chapitre d’Hérédom à Édimbourg, par l’autorité du Grand Maître, « Charles Édouard Stuart ». En avril 1772, les espoirs des militants écossais ont été ravivés lorsque Charles Édouard épousa Louise de Stolberg, et lorsqu’il réduit sa consommation d’alcool et renouvela son contact avec d’importants maçons jacobites en Angleterre. En Suède le roi maçon Gustave III et ses frères initiés furent heureux de recevoir des nouvelles de la part d’un suédois en visite en Italie leur disant que « Charles III » était en bonne santé, bon état d’esprit et dévoué à sa nouvelle femme.

En Angleterre, le titre de Grand Maître était maintenant détenu par le crypto-jacobite Henry Somerset, 5e duc de Beaufort, fils du 4e duc, qui avait aidé à organiser le complot d’Elibank de 1750-53. Comme Grand Maître, le 5e duc établit rapidement des liens avec le système écossais en France et en Suède. En 1772 il collabora avec Lambert de Lintot, Maître de l’Ordre Royal d’Hérédom et de Kilwinning, en fournissant aux frères des allégories gravées « des différents degrés d’un certains point de vue totalement impénétrables pour les profanes » (Fig. VI), et dédié « aux frères, qui sont les amis les plus zélés de l’Art Royal >>. Depuis son arrivée à Londres dans les années 1740, Lintot développa des degrés élaborés : templiers, rose-croix, et même swedenborgiens, qu’il illustrait de gravures symboliques complexes. En mai 1772, Beaufort fui remplacé comme Grand Maître de la Grande Loge par Robert Édouard Petre, 9e Lord Petre, dont la mère était la fille de Jacques Radcliffe, le 3e comte de Derwentwater et la nièce de Charles Radcliffe, 5e comte de Derwentwater. Petre s’était également marié dans la famille des ducs de Norfolk. Beaufort avait proposé Petre, un catholique riche et réformiste, pour une adhésion maçonnique en mai 1771. Ils ont ensuite travaillé ensemble pour la cause de l’émancipation catholique, mais ils ont pris soin d’éviter toute implication jacobite.

Au cours des deux années suivantes, alors que l’insubordination augmentait parmi les colons rebelles en Amérique, Charles Édouard entreprit de nouveaux projets pour reconquérir le trône Stuart – efforts qui alarmèrent Georges III et qui conduisirent à une surveillance accrue du gouvernement envers les maçons « irréguliers » en Angleterre, en particulier ceux qui avaient des liens avec la France. Le 4 juin 1774, le prince reçut le soutien d’une loge de chevaliers rose-croix à Arras, dont le maître prétendait avoir reçu ses pouvoirs de « Charles Édouard Stuart en 1745, présenté comme « Souverain Grand Maître d’Hérédom« . Comme indiqué précédemment, cette affirmation est sujette à controverse, mais le soutien des français rose-croix francs-maçons en 1774 concernant le rôle maçonnique de Charles Édouard est arrivé à un moment crucial. Lord Petre, le Grand Maître anglais, s’était réconcilié avec Georges III, dont les politiques « tory » semblaient prometteuses pour les catholiques anglais. C’est peut-être ce changement d’attitude politique du Grand Maître qui a conduit Lambert de Lintot à mettre de la distance entre l’Ordre Royal d’Hérédom et de Kilwinning et le soutien explicite des jacobites.

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