Christian Rosenkreutz et l’Orient : de Damcar à Fez en passant par Chypre

Damkar n’est pas très loin de Ma’rib ou disparut l’arche d’alliance, site de la reine de Saba

SYMBOLES CHRONOLOGIQUES DANS LA VIE DE CHRISTIAN ROSE-CROIX

La Fama et la Confessio contiennent quelques indications permettant de jalonner la biographie et d’esquisser un portrait de l’éponyme. Christian Rose-Croix naît en 1378. Le célèbre mathématicien et cartographe Gerhard Kremer, dit Mercator, dont Andreae avait pu consulter les ouvrages grâce à son ami le Flamand Van der Linde, réfugié à Tübingen, avait publié en 1577 une Chronologia, hoc est Supputatio temporum ab initio mundi ex Eclipsibus et observationibus Astronomicis et sacrae scripturae firmissimis testimoniis demonstratae. Selon lui, l’année 1378 aurait été marquée par une éclipse de soleil, signe et cause d’événements importants.

Or c’est précisément à cette date que débute une des crises les plus graves pour l’Église d’occident, le grand schisme, qui durera jusqu’en 1417, exactement un siècle avant l’éclosion de la Réforme luthérienne. Est-ce au drame de cette division qu’a voulu faire allusion le créateur du personnage mythique de Christian Rose-Croix ? Voulait-il, par ce rapprochement historique, condamner l’éclatement plus tragique encore de l’Église à l’aube du XVIIème siècle ? Était-ce une manière voilée de critiquer l’énorme pouvoir ecclésiastique que s’étaient arrogé les princes temporels en terre luthérienne, dressant ainsi l’Anti-pape en face du ministère pastoral et créant une sorte de nouveau schisme préjudiciable au troupeau des brebis chrétiennes ? La réponse est peut-être dans un amalgame de toutes ces diverses raisons.

Mais dans la constellation qui préside à la naissance de Christian Rose-Croix, il pourrait bien avoir existé une autre influence déterminante. Les bourgeois des cités allemandes, enrichis par un commerce prospère, étaient fréquemment en conflit avec les seigneurs territoriaux pour des questions de franchises ou de droit d’escorte; l’empereur Charles IV essayait de jouer habilement les uns contre les autres et de profiter de la situation, mais sa politique fluente devait lui amener des déboires. Lorsqu’en 1376 il fit élire et couronner roi des Romains son fils aîné, Wenceslas, prince de Bohème, les villes souabes refusèrent de le reconnaître tant qu’il ne donnerait pas satisfaction à leurs revendications. L’alliance qu’elles conclurent alors entre elles, «der schwâbische Stâdtebund», prit rapidement de l’extension; la puissante bourgeoisie s’opposait ainsi aux princes et à la noblesse avec d’importants moyens financiers et militaires. Le 21 mai 1377, le fils du comte Eberhard de Wurtemberg, Ulrich, était vaincu au cours d’une bataille mémorable engagée contre les troupes de la cité de Reutlingen. C’était la victoire des forces bourgeoises sur l’autorité féodale et seigneuriale, et la joie fut grande dans l’alliance des villes souabes; le roi Wenceslas, qui allait régner à partir de 1378, prit alors le parti des villes contre la noblesse.

Au temps du jeune Andreae, la situation est inverse : un prince autoritaire, qui n’avait pas hésité à dissoudre les États de Montbéliard et à en faire emprisonner les membres, un des premiers tenants de l’absolutisme, frotté de culture aristocrati­que française, qui, devenu souverain du Wurtemberg en 1593, à l’âge de trente six ans, mit tout en oeuvre pour briser la résistance des corps constitués, pour mettre au pas l’Église et l’Université, pour rendre caduques les dispositions du traité de Tübingen de 1514; un conseiller intelligent, compétent et dévoué, le juriste Matthàus Enzlin, capable d’asseoir sur des bases juridiques solides le pouvoir de son maître, son dominium eminens, et d’imposer aux récalcitrants l’obéissance et la soumission requises; l’oligarchie bourgeoise, sacerdotale et universitaire, réduite à l’impuissance et à la rancune; le petit-fils d’une des grandes personnalités du Wurtemberg compromis dans une affaire pénible, de caractère beaucoup moins disciplinaire que politique, durement touché malgré la solidarité académique et ecclésiale : Christian Rose-Croix naît à un moment également grave, où paraît un signe dans le ciel, où la chrétienté divisée, tourmentée, inquiète, se cherche et s’inter­roge, où divers intérêts, en Souabe, s’opposent et s’affrontent. Certes, le jeune Christian n’est pas un roturier, sa famille appartient à la noblesse, mais c’est une noblesse pauvre et sans influence, de sorte que le héros est, dès le cours de sa cin­quième année, placé dans un milieu sacerdotal qui se charge de sa formation.

  1. b) 1459, année des Noces chymiques

La seconde date importante dans la vie de l’éponyme est celle de 1459. Si l’on s’en tient aux déclarations d’Andreae, c’est même la seule qu’il reconnaisse avoir déterminée lui-même, puisqu’elle figure dans le titre des Noces chymiques. Quelles raisons avait-il eues de la choisir ?

Le milieu du XVème siècle est une charnière dans l’histoire de la civilisa­tion européenne. L’esprit inventif s’y manifeste avec une vigueur particulière : la construction du premier «ressort moteur», probablement en 1459, véritable révolu­tion, puisqu’elle allait permettre la réalisation d’horloges portatives, et bientôt de montres, le rouet à ailettes, les fortifications modernes, et surtout la composition à Mayence, en 1455, de la fameuse Bible à 42 lignes, généralement considérée comme le premier livre imprimé, témoignent de cette extraordinaire fécondité dans le domaine technique. Si l’on peut y reconnaître, non sans raison, une parenté avec le «machinisme» des techniciens grecs de l’«école d’Alexandrie» et justifier ainsi le nom de «renaissance», cet essor décisif doit néanmoins être considéré comme une ouverture sur le monde moderne, marquant la fin du moyen âge et le début d’une ère nouvelle. L’intérêt qu’Andreae portait aux progrès de la technique est incontestable, et les Noces chymiques, fictivement placées en 1459, montrent l’admiration de leur auteur pour les livres, merveille alors toute récente, pour les fontaines, les mines, les collections de machines, les horloges, les mécanismes ingénieux et les mappemondes.

Mais cette époque fertile en inventions scientifiques est en même temps pour l’Allemagne une période sombre de son histoire. En 1453, les Turcs, sous la conduite de Mohammed II, s’emparent de Constantinople et font une percée jusque vers Belgrade, menaçant ainsi, non seulement les possessions des Habsbourg en Hon­grie, mais bien l’Empire tout entier. Pour résister à cette marée venue de l’est, pour mettre sur pied une contre-offensive, il faudrait que l’entente règne entre les princes. Tel n’est pas le cas : l’ennemi est aux portes, et pourtant l’anarchie ne cesse point. Aeneas Sylvius Piccolomini, qui fut secrétaire de l’empereur Frédéric III avant d’entrer dans les ordres et de devenir pape en 1458, tente dès l’année suivante d’organiser une croisade contre les Turcs. Il voit alors se dresser contre lui, en Allema­gne, un éminent juriste d’origine bourgeoise, Gregor Heimburg, conseiller très écouté, qui reproche au pape de vouloir, sous ce prétexte, extorquer aux Allemands des sommes considérables. Courageux et efficace, Heimburg entreprend alors, à partir de 1459, une lutte périlleuse et tenace contre la puissante Église romaine. Certes, il n’était point un réformateur, mais un juriste obstiné; son propos n’était pas de transformer le dogme, mais simplement d’obtenir la reconnaissance de son droit. Malgré tout, certains historiens le rapprochèrent de Jan Hus et de John Wyclif, et n’hésitèrent pas à voir en lui un précurseur de Luther. Andreae ne cite pas son nom, mais la discrétion dont il fait preuve à l’égard des Noces chymiques et le désir manifeste d’en réduire au maximum la portée, de les présenter comme un simple amusement de jeunesse, imposaient sans doute ce silence.

Quoi qu’il en soit, l’ermite de 81 ans répond à l’appel venu du ciel, prend le bâton de pèlerin et va participer au mystère «chymique» de la régénération au moment où se cristallise la Renaissance, où la civilisation occidentale connaît une mutation profonde, où le vieil Empire romain germanique chancelle, menacé au dedans comme au dehors, où l’Église s’efforce difficilement de rétablir une autorité pontificale que l’interminable concile de Bâle avait, une fois de plus, gravement mise en cause. Mais il y a plus : Christian devient membre d’une chevalerie en cette année 1459, où des représentants des corporations d’architectes, venus de différentes cités allemandes, autrichiennes, hongroises, s’étaient réunis à Ratisbonne pour constituer une «Fraternité».

  1. ) La mort de Christian

Les indications données par la Confessio Fraternitatis permettent de calculer la date du décès de Christian Rose-Croix : cette année 1484 semble avoir parti­culièrement retenu l’attention des astrologues. Paulus von Middleburg, Johannes Lichtenberger, et sans doute bien d’autres avec eux, interrogeant le ciel, y découvrent pour le 25 novembre, une conjonction de «planètes lourdes», Jupiter et Saturne. Cette rencontre est, au dire des vates, d’autant plus inquiétante qu’elle se situe dans la maison du scorpion. Johannes Lichtenberger rapproche ces observations astrologiques des prédictions de Joachim de Flore sur les trois périodes de l’histoire du salut et en conclut que le temps de l’Église s’achève : une ère nouvelle va commencer, le règne du Saint Esprit va s’instaurer, les temps sont mûrs et il faut s’attendre à d’importants bouleversements, un grand prophète se manifes­tera. Cette prédiction n’avait, en soi, rien d’original; nombreux sont les visionnaires qui ont annoncé la fin des temps et répandu la croyance millénariste; mais la date de 1484 revêt une particulière importance, puisqu’elle correspond à la naissance de Martin Luther.

A vrai dire, la tradition historique semble avoir plutôt établi que le futur Réformateur était né le 10 novembre 1483; mais une lettre de Melanchthon à Andreas Osiander révèle que la propre mère de Luther ne se rappelait plus si son fils Martin était né en 1483 ou 1484. Ces hésitations maternelles, qui ne pou­vaient être résolues par un document officiel, incitèrent alors les spécialistes à se pencher sur les horoscopes. Comment n’auraient-ils pas conclu en faveur de l’année, où le ciel astral annonçait la venue d’un grand homme ? A plusieurs reprises, Me­lanchthon revient sur la question : «La conjonction dans le scorpion n’a pas pu ne pas fournir un homme des plus énergiques ». «1484, à mon avis, était l’année (de sa naissance)». L’astrologue Lichtenberger reçut, en quelque sorte, l’aval de Luther lui-même, puisqu’il procura en 1537 une préface à la réédition de ses «Prédictions» : ainsi se trouvait officiellement accréditée l’opinion de Me­lanchthon qui faisait naître le Réformateur en 1484; cette croyance s’était per­pétuée au XVII ème siècle, et la mort de Christian Rose-Croix coïncide ainsi exac­tement avec la naissance de Luther : la continuité réformatrice était assurée au niveau de la fiction.

Toute l’œuvre de l’éponyme est en effet placée d’emblée sous ce signe, dès le début de la Fama Fraternitatis :

« C’est à un tel projet de réformation universelle que, jadis, le Frère C.R., notre père, homme dévot, pénétré de sens religieux, hautement illuminé, consacra de longs et assidus efforts ».

Non point la parodie de réforme que présente le Ragguaglio de Boccalini et qui, après bien des discours pédants et ridicules, aboutit à taxer les choux, les sardines et les citrouilles ou à réglementer les mesures à jujubes, mais celle qui consiste à «corriger les défauts de l’Église et à améliorer toute la philosophie morale», à réaliser la Réformation générale «divini et humain». Le mot et l’idée appa­raissent plus de dix fois dans les quelques pages du manifeste.

Ouverture de la Crypte

découverte de la tombe heptagonale

Les voyages en Orient

Rappel des trois ouvrages fondamentaux attribué à Johann Valentin Andréaa.

Le premier de ces écrits, paru en 1614, était titré Fama Fraternitatis ou Renommée de la Fraternité du Très Louable Ordre de la Rose-Croix. Le deuxième, paru en 1615, était la Confessio Fraternitatis ou Confession de la très honorée Fraternité des Rose-Croix à l’adresse des hommes de science de l’Europe. Le troisième, paru en 1616, était Les noces chymiques de Christian Rosenkreutz en l’année 1459.

Les trois textes furent publiés de manière anonyme. Cependant, quelques années plus tard, le savant théologien allemand Johann Valentin Andreæ reconnut être l’auteur du troisième titre, qu’il disait avoir écrit en 1604, à l’âge de 18 ans. Cet érudit est né en 1586 dans le duché de Wurtemberg. Placé à l’âge de cinq ans dans un couvent, il y reçut les bases de son éducation. Il étudia ensuite les sciences et les lettres à l’Université de Tübingen, près de Stuttgart, un lieu dont nous aurons à reparler. En 1603 il publia ses premiers livres, tout en poursuivant des études de théologie. Il fréquenta des adeptes de la Fraternité de la Rose-Croix, dont il devint l’un des piliers. Il continua son œuvre littéraire et s’éteignit le 27 janvier 1654. Son blason est particulièrement révélateur, puisqu’il se compose d’un sautoir ou croix de Saint-André rouge, entouré de quatre roses de même, sur champ blanc. Si la croix de Saint-André constitue la pièce parlante de ses armoiries (Saint-André = Andreæ), la présence de roses autour de la croix révélerait ses liens avec la Rose-Croix.

Fama Fraternitatis, synopsis

Ordre St Jean de Jérusalem à Rhodes

Après avoir quitté l’environnement de la vie religieuse, Christian Rosenkreutz se lance dans une quête et le lecteur est emmené avec lui à travers les terres mystérieuses de l’Orient, en commençant par l’île de Chypre. C’est à ce moment que la présentation commence à nous donner une idée plus claire de la profondeur du symbolisme ésotérique impliqué dans cette allégorie. Chaque lieu visité par Christian Rosenkreutz représente les aspects en développement de sa personnalité spirituelle et il est fascinant de lire et de suivre cet aspect particulier du récit. Chypre, dans ce cas, représente la porte vers les mystères supérieurs incarnés par la mort du Frère PAL dans le texte et est intimement liée au symbolisme de Vénus et à l’aspect féminin intérieur de Christian Rosenkreutz comme l’explique la présentation.

Après Chypre, il se rend à Damas, une ville prospère située sur la route commerciale nord-sud, où il rencontre toutes sortes de gens. C’est à Damas que Rosenkreutz apprend à contrôler ses fonctions corporelles ainsi que ses pensées et son comportement ; il y pratique également l’abstinence dans de nombreux aspects de sa vie. Ses compétences dans l’art de la guérison sont considérablement avancées. Ce sont les techniques fondamentales qui caractérisent un mystique. Pendant son séjour à Damas, Christian Rosenkreutz apprend l’existence d’un lieu situé loin au sud, appelé Damcar, où résident des hommes d’une grande sagesse ésotérique et il est déterminé à s’y rendre. Les hommes de Damcar sont très différents de ceux qu’il a rencontrés à Chypre et à Damas. Ce sont en fait des Sabéens, un groupe de philosophes mystiques plus ancien que les soufis. Ici, Christian Rosenkreutz, ayant appris suffisamment d’arabe, se forme à l’enseignement d’Hermès, des néo-platoniciens, de la Kabbale et traduit en latin le mystérieux « Livre M ». Les Arabes, passionnés par le grand savoir des Grecs, avaient amassé une foule de manuscrits, dont ils avaient traduit un grand nombre dans leur langue. Après avoir passé trois ans d’instruction intensive à Damcar, y compris de longues périodes de contemplation, la personnalité de son âme s’est encore affinée.

écriture sabéenne

Christian Rosenkreutz traverse ensuite le golfe Persique et se rend dans l’ancienne terre d’Égypte. Il y acquiert des compétences dans l’utilisation des herbes et complète ses connaissances du monde naturel. Depuis l’Égypte, il prend la mer pour parcourir la Méditerranée et arrive en Afrique du Nord, dans la ville de Fès. Il trouve dans cette ville un centre d’apprentissage et une grande importance accordée au processus de la raison dans l’accumulation des connaissances. Bien que cela soit louable, en partie, pour Christian Rosenkreutz, il trouve que leurs méthodes sont trop basées sur la méthode aristotélicienne dominante et il en prend ce qui est « agréable » à sa philosophie personnelle. Il apprend beaucoup sur les « Habitants élémentaires » et sur les signatures divines dans le « Livre de la nature ». Cette partie de son voyage semble représenter non seulement une période intellectuelle mais, comme celle de Damcar, une période d’introspection pour se débarrasser des impuretés de l’esprit et du corps nécessaires au développement de sa personnalité d’âme.

Après avoir séjourné à Fès pendant deux ans, Christian Rosenkreutz s’embarque pour l’Espagne avec l’espoir d’une réforme universelle de la société européenne. Il veut mettre en place de nouvelles méthodes d’apprentissage ; promouvoir l’art de l’observation comme base de la connaissance commune plutôt que de s’appuyer sur une révérence pour le passé qui a fait stagner la vie intellectuelle de l’Europe. Ses efforts pour introduire ces réformes s’avèrent infructueux et il retourne en Allemagne. Après avoir vécu tranquillement et mené une vie de mystique pendant quelques années, il est prêt à renouveler ses efforts pour une réforme universelle et commence à rassembler autour de lui un groupe d’autres frères dévoués. Ils rassemblent tous les enseignements que Christian Rosenkreutz a appris au cours de son voyage dans un grand livre utilisant le langage ésotérique du symbolisme et de l’écriture voilée. Pendant ce travail, les frères s’occupent de nombreux malades qui viennent se faire soigner. De cette façon, l’Ordre rétablit la Domus Spiritus Sancti ou « Maison du Saint-Esprit », représentée dans le récit comme un bâtiment, un château sur roues. Bien qu’il ne s’agisse pas d’une entité physique, elle est en effet « à la vue de tous », comme le résumé de la sagesse des âges, et se trouve à l’intérieur. Au fil du temps, plusieurs des frères passent par la transition ; le texte de la Fama ne nous dit pas à quel moment meurt le corps de Christian Rosenkreutz. Finalement, la Fraternité est dirigée par un certain « Frère A. » qui semble détenir des informations que les autres ne connaissent pas. Ce frère, à sa mort, fait prêter à son successeur, le Frère N.N., un serment solennel de secret lui assurant que la Fraternité ne resterait pas cachée bien longtemps et deviendrait publiquement connue dans le monde entier. La première partie de la présentation se termine par une réflexion guidée sur le parcours de Christian Rosenkreutz…

Dès le début, il y a des caractéristiques symboliques précises à prendre en compte lorsque nous abordons cette partie du récit. Bien que nous puissions considérer le récit comme une description physique d’un événement historique, cette présentation l’a abordé dans une perspective purement métaphorique et métaphysique. Il s’agit d’un point crucial dont il faut être conscient et qui confère au texte une certaine fonctionnalité, rendant le récit utile en tant que traité didactique à travailler. Nous voyons comment nous pouvons relier le voyage de Christian Rosenkreutz au cycle de la personnalité de l’âme et la deuxième partie de l’exposé continue de cette manière en dégageant ce que nous pouvons dans le texte concernant le symbolisme de la Voûte Rose-Croix. Dans la première partie, nous nous sommes arrêtés sur la succession du Frère NN à la tête de la Fraternité. Ce Frère, comme Christian Rosenkreutz avant lui, décide de voyager mais avant cela il doit faire des réparations à son bâtiment, « pour le rendre plus convenable » comme nous dit le Fama.
Voici un autre exemple de langage voilé ; le « bâtiment » est une référence à la personnalité de l’âme du frère NN. De la même façon que nous avons évoqué la forteresse sur roues de la Maison du Saint-Esprit en relation avec l’égrégore de la communaut R+C, ce « bâtiment » représente la nature spirituelle du Frère NN ainsi que des autres membres de la Fraternité et, par déduction, de nous-mêmes. Les « réparations », ainsi appelées, que le Frère NN entreprend, sont une description figurative du travail spirituel qu’il entreprend ; la prière et les périodes tranquilles de méditation. Pendant cette retraite, il a la vision d’une plaque de cuivre fixée sur un mur, dans laquelle est planté un « grand clou ». Il faut un certain effort pour retirer ce clou, à tel point qu’une partie du mur se détache, révélant une porte cachée. À un niveau plus profond, nous pourrions voir cela en termes de perspicacité intuitive de la part du frère NN.

NOTE : La lettre hébraïque vav  ( w ) est équivalente au mot clou que nous pouvons mettre en relation avec le clou de la plaque de laiton que nous venons de mentionner. De plus, cette lettre vav correspond au seizième chemin de l’arbre kabbalistique.

Cette voie est également associée au signe astrologique du Taureau. De manière plus significative pour nous, le Taureau est traditionnellement gouverné par Vénus dont la figure symbolique apparaît constamment sous la surface du récit du Fama, représentant les changements au sein de l’initié et donnant à l’histoire sa dimension alchimique. En outre, le taureau est également utilisé pour représenter l’élément alchimique de la terre, et nous pourrions établir un lien avec le diagramme du vitriol dans les symboles secrets des Rosicruciens des XVIe et XVIIe siècles, qui fait référence à un processus d’initiation souterraine.

La géométrie du sol : l’heptagone

(à venir .. article en cours)

Voir ici