
LA TRES SAINTE TRINOSOPHIE : UN OUVRAGE CLE
«La deuxième source éclairée par une longue étude de certains points importants de l’histoire de la maçonnerie au XVIII siècle dans ses relations avec Cagliostro et avec les « Rituels Égyptiens » établis par le « Grand Cophte » m’a permis de découvrir des rapports certains entre le symbolisme initiatique de ces rituels et celui du texte de la « Très Sainte Trinosophie« . » René Alleau, Enquête bibliographique et historique sur l’origine et l’auteur de La Très Sainte Trinosophie, [introduction à La Très Sainte Trinosophie, attribuée au comte de Saint-Germain]
Ce qui porta à son comble la confusion en ce qui concerne nos deux Adeptes, fut la paternité réelle de ce texte énigmatique portant pour titre la Très Sainte Trinosophie, sans doute hâtivement attribué au comte de Saint-Germain mais qui sait à ce jour.
Une note concernant ledit ouvrage, figurant au Catalogue des manuscrits des Bibliothèques des Départements publié sous les auspices du Ministère de l’Instruction Publique en 1885 mentionne ceci: «Ce manuscrit unique est celui que possédait le fameux Cagliostro et qui a été trouvé à Rome par Masséna chez le Grand Inquisiteur. L’Inquisition l’avait sans doute saisi parmi les effets de cet aventurier, lorsqu’il fut arrêté à Rome à la fin de 1789 (voir, sur la visite que Cagliostro et sa femme firent dans un château de Holstein au susdit comte de Saint-Germain, et sur quelques détails concernant cet autre charlatan, l’opuscule intitulé: Mémoires authentiques pour servir à l’histoire du comte de Cagliostro. 1785. In-12 de 90 pages. »
L’œuvre est répertoriée ainsi à la Bibliothèque de Troyes, où elle se trouve : «Bibliothèque de Troyes, manuscrit n° 2400. Un volume in-quarto sur papier, relié en maroquin rouge du Levant. La Très Sainte Trinosophie (XVIlle siècle). Acheté à une des ventes du prince Masséna, fils du maréchal.
Ouvrage théosophique, cabalistique et hermétique, du comte de Saint-Germain. Ce manuscrit, de 99 feuilles, très soigneusement exécuté, est orné de 12 figures peintes, 24 vignettes et culs-de-lampes peints, et de sept autres figures composées de caractères hébraïques, philosophiques et magiques. Les lettres initiales des alinéas sont en outre peintes en or et en couleur.
À la tête de ce manuscrit, une note du philosophe qui, sous le nom de Philotaume, a composé plusieurs ouvrages, annonce que cet exemplaire, qui lui a appartenu, est la seule copie existante de l’ouvrage du comte de Saint-Germain. »
En outre, dans son excellente étude intitulée : Enquête bibliographique et historique sur l’origine et l’auteur de «La Très Sainte Trinosophie », René Alleau rappelle que «parmi les auteurs de biographies historiquement exactes du comte de Saint-Germain, Maurice Heim et Paul Chacornac se prononcent contre l’attribution de La Très Sainte Trinosophie au mystérieux gentilhomme ». Le premier rappelle que ce manuscrit aurait été trouvé à Rome, en février 1798, par les soldats de Masséna, dans les papiers de Cagliostro, au château Saint-Ange : «Rien ne nous autorise à penser que Saint-Germain soit l’auteur de ces textes. »
Le second, Paul Chacornac, auquel on doit l’étude la plus complète publiée jusqu’à présent, déclare :
«S’il est avéré que le comte de Saint-Germain soit l’auteur d’un certain nombre de morceaux de musique qui ont été édités et d’un manuscrit sur la technique musicale, rien n’est moins sûr que l’attribution qu’on lui fait des deux manuscrits suivants, vraisemblablement de la première moitié du XVIIIe siècle. Le premier est intitulé La Magie Sainte révélée à Moise retrouvée dans un monument égyptien, et précieusement conservée en Asie sous la devise d’un dragon ailé ; le second manuscrit porte le titre de La Très Sainte Trinosophie, et serait, paraît-il, d’après une note inscrite au faux-titre, « la seule copie existante » de cette œuvre, « que le comte de Saint-Germain détruisit lui-même dans un de ses voyages ». Cette mention est signée: « J. B. C. Philotaume, auteur de plusieurs ouvrages ».
Nous ne croyons pas que ce nom soit le patronyme du scripteur, il a plutôt l’allure d’un pseudonyme. Ce manuscrit n’est autre qu’un livre d’alchimie cabalisée. On y trouve nombre d’inscriptions hébraïques, des mots arabisés ou vaguement sanscrits, des hiéroglyphes, et même des cunéiformes de fantaisie. Le symbolisme de cet ouvrage est égyptianisé selon la mode de l’époque. »
L’ésotériste Grillot de Givry, quant à lui, en concluait de la même manière ajoutant, au surplus, que « l’auteur fidèle à la méthode synthétique de ses devanciers, s’appuie également sur le texte biblique de la formation du Cosmos pour expliquer, à la façon traditionnelle des cabalistes, les principes de la science qu’il va exposer ». Et d’ajouter quelques pages plus loin : «Sur le titre de l’ouvrage, que nous avons donné intégralement, nous retrouvons, présentés sous une autre forme, l’oiseau d’Hermès, l’arbre aux fruits d’or, avec le vase sacré où s’accomplira l’Œuvre, la matière première en forme de boule, entourée des deux ailes, le triangle lumineux enfermant le nom divin ».
À l’incontournable question : « Qui était « Philotaume » ? » René Alleau répondit ainsi, dans son étude :
«Ayant recherché s’il existait un écrivain de ce nom au XVIIIe siècle, je n’ai trouvé qu’un seul pseudonyme analogue à celui de l’auteur de la note du manuscrit de Troyes. L’orthographe est légèrement différente: « Philothaume », au lieu de « Philotaume ». Est-ce le même individu ? Nous n’avons aucun moyen de nous en assurer. Toutefois, il est peu probable que deux personnages de ce nom eussent été, à la même époque considérés comme les auteurs de « plusieurs ouvrages » et qu’un seul d’entre eux eût transmis jusqu’à nous ses écrits, alors que l’autre aurait fait disparaître ses livres tout en laissant subsister une note dans un manuscrit célèbre. »
Et un peu plus loin :
« Ainsi le manuscrit de la Bibliothèque de Troyes appartenait à Philo-thaume, à cet « amateur de miracles » (étymologiquement) dont j’ai retrouvé, d’ailleurs, les trois ouvrages, publiés séparément le 4 mars, le 13 juin et à la fin de l’année 1724 et réunis ensuite en un seul volume intitulé : Explication physique de la Fable ou introduction à l’intelligence des philosophes. »
René Alleau propose ensuite de comparer ce texte à la Très Sainte Trinosophie : «Ces deux traités s’achèvent par une vision céleste et par un éveil de l’initié. Philothaume conclut en effet, son ouvrage en ces termes : « Alors, plus vite qu’un éclair, ce philosophe, écartant la voûte azurée des cieux, m’a fait voir dans le sein d’un air immense, les racines lumineuses de tous les êtres de la Nature.
Un si grand spectacle a tellement ébranlé mon âme que, ne pouvant plus rester dans cette agitation d’esprit, je me suis enfin éveillé… »
Et, dans La Très Sainte Trinosophie on peut lire également :
« À ce cri, les enfants de la lumière s’empressèrent de venir me joindre, les portes de l’immortalité me furent ouvertes, le nuage qui couvre les yeux des mortels se dissipa: Je vis et les esprits qui président aux éléments me reconnurent pour leur maître.»
Mais, précise René Alleau :
«C’est surtout sur le plan des idées que les ressemblances entre ces traités doivent être signalées. Par exemple, Philothaume, à propos des travaux d’Hercule, insiste sur la nécessité d’écarter « les gardes du palais », de « calciner les quatre éléments » et de regarder enfin « le miroir magique où la Nature se montre à découvert ». Cette purification par les quatre éléments et l’utilisation du miroir sont également décrites dès les premiers chapitres de la Très Sainte Trinosophie. Philothaume montre Hermès Trismégiste « mettant en acte les puissances des trois règnes désignés par les trois familles du monde » mais il insiste aussi sur le fait qu’Hermès est le « Dieu qui conduit l’âme de tous les morts dans l’empire de Pluton ». Le caractère chtonien de l’initiation du « prisonnier » dans le manuscrit de Troyes n’est pas moins mis en évidence que les puissances lumineuses des « esprits célestes ». Enfin, détail plus révélateur encore, voici comment Philothaume désigne le Grand Élixir:
« Pour parfaire le Magistère, on amalgame trois substances d’une même origine jointes d’un lien naturel. L’Agent qui unit deux choses se marie aussi avec elles. L’Art suit la Nature qui ne passe pas d’un extrême à l’autre sans passer par une disposition médiane. Le corps blanc est d’abord glorifié et avec l’incinération arrive de grandes choses… Le troisième, étant exalté par la calcination physique, tout se réunit à l’élixir rouge que l’on nomme la pierre trine-une.»
Et d’ajouter :
« Ne pourrait-on y voir l’origine du titre même du manuscrit de Troyes ? N’est-il pas consacré, en « langage cabalistique », à « La Très Sainte Trine-Une Sophie »? »
Mais, à en conclure, comme René Alleau, qu’il s’agissait d’un ouvrage collectif, nous ne le pensons pas. Peut-être faut-il distinguer « Philothaume » de «J. B. C. Philotaume ». Ce serai alors «à la manière de l’écrivain Philothaume » que son homonyme — opérant une refonte de son œuvre — aurait composé le texte de La Très Sainte Trinosophie. De façon similaire,, Cagliostro n’avait-il pas emprunté très largement la matière de son «Rite Egyptien », au mystérieux ouvrage intitulé Sethos, paru en 1731 et émanant de la plume autorisée de l’abbé Terrasson. Cette œuvre fondamentale se référant au chroniqueur, le prêtre Manéthon — contrastant avec les spéculations d’Athanasius Kircher —, livrait exceptionnellement à un public retreint le contenu précis des initiations égyptiennes, tant au sein des pyramides que dans les souterrains de la cité de Memphis.

Et si cette similitude se révélait encore plus profonde, certains ne manqueraient assurément pas d’y percevoir une origine commune à ces compilations, comme émanant du même personnage : J. B. C. Philotaume devenant alors Joseph Balsamo alias Cagliostro, « amateur de miracles » (littéralement) !…
Le disciple aurait alors fort bien pu dédier cette œuvre magistrale de « Maçonnerie hermétique » à son maître, le comte de Saint-Germain ce qui était un juste retour du disciple à son maitre …
Plusieurs auteurs furent persuadés que l’œuvre émanait bien de la plume de Cagliostro, tels Jean Moura et Paul Louvet, auteurs de Saint-Germain: Le Rose+Croix immortel », ainsi que P. Montloin et J.-P. Bayard, qui n’hésitèrent pas à écrire, quant à eux, que Cagliostro l’aurait rédigée du fond de sa cellule :
«Est-ce pour tromper l’horreur et les souffrances de cette captivité qu’il rédigea alors cette Très Sainte Trinosophie du comte de Saint-Germain? En fait, tout porte à le croire: les vignettes peintes dans le style égyptien rappellent que Balsamo avait d’abord été un peintre d’éventails; le récit symbolique évoque l’initiation au Rite Égyptien; enfin, par-dessus tout, les conseils émouvants adressés au disciple, aux premières pages du manuscrit, paraissent bien l’oeuvre d’un prisonnier :
« LA TRÈS SAINTE TRINOSOPHIE » œuvre attribuée au comte de Saint-Germain.
« C’est dans l’asile des criminels, dans les cachots de l’Inquisition, que votre ami trace ces lignes qui doivent servir à votre instruction. En songeant aux avantages inappréciables que doit vous procurer cet écrit de l’amitié, je sens s’adoucir les horreurs d’une captivité aussi longue que peu méritée… J’ai du plaisir à penser qu’environné de gardes, chargé de fers, un esclave peut encore élever son ami au-dessus des puissants, des monarques qui gouvernent ce lieu d’exil.
« Vous allez pénétrer, mon cher Philochale, dans le sanctuaire des sciences sublimes ; ma main va lever pour vous le voile impénétrable qui dérobe aux yeux du vulgaire le tabernacle, le sanctuaire où l’Éternel déposa les secrets de la Nature, secrets qu’il réserve pour quelques êtres privilégiés, pour les Élus que sa Toute-puissance créa pour voir, pour planer à sa suite dans l’immensité de sa gloire, et détourner sur l’espèce humaine un de ses rayons qui brillent autour de son trône d’or. »
Dans seconde partie de cet article (à venir) nous étudierons un extrait de l’œuvre (la section 5) et nous nous questionnerons sur l’utilisation de l’étrange écriture : du syriaque mélangé à du sabéen. (accréditant la thèse d’une paternité du comte St Germain sur cet opuscule)

Le comte de St Germain a laissé un second manuscrit connu sous le nom de « La magie sacrée révélée à Moïse, retrouvée dans un monument égyptien et précieusement conservée en Asie sous la devise d’un dragon ailé » C’est un livret de 22 feuillets dans une présentation singulière puisque en triangle. En fait il s’agit d’un rituel alchimique propre à la transylvanie à l’origine du mythe du comte de Dracula, le dragon symbolisant le sang. Certainement un héritage familial du comte qui ne s’en séparait jamais. Derrière l’image du sang il faut imaginer plutôt le rubedo et l’œuvre au rouge, l’art des teintures. N’oublions pas que son père avait des biens en Turquie.

Bonjour Monsieur,
Je tiens à vous remercier pour tous les dossiers que vous m’envoyez et qui me passionnent. En premier lieu parce que j’ai baigné depuis mon enfance dans un milieu initié et par conséquent ésotérique.
C’est cette éducation qui m’a permis de faire une « découverte » par sérendipité ou ???, à savoir que l’intégralité de l’Œuvre de Gustave Flaubert est cryptée et que j’en ai découvert les codes et leur articulation, en m’abstenant de conclure, comme il le dit lui-même.
J’ai 81 ans et j’y travaille depuis 31 ans. J’aurais aimé trouver des soutiens auprès de personnes compétentes comme vous, ainsi qu’un éditeur. Malheureusement il semble que cette découverte dérange les critiques littéraires qui ont bâti toute leur carrière sur Flaubert sans avoir perçu l’aspect ésotérique, alchimique et kabbalistique de son travail.
Voilà si vous êtes intéressé vous pouvez me contacter.
Cordialement FRANCE-JOSÉ ALBER – UTOPIALAND
je veux bien vous croire, moi-même j’ai été initié à Flaubert dans ma jeunesse par un professeur qui m’a fait découvrir le roman S/Z
Bien amicalement votre, Johan Dreue luxinarcana@toysondor.com