Chevaliers d’Héliopolis au Chat Noir

deuxième chat noir
le deuxième Chat Noir, celui que fréquenta l’Adepte

A propos du chat, beaucoup d’entre nous se souviennent du fameux Chat-Noir, qui eut tant de vogue sous la tutelle de Rodolphe Salis ; mais combien savent quel centre ésotérique et politique s’y dissimulait, quelle maçonnerie internationale se cachait derrière l’enseigne du cabaret artistique ?  Fulcanelli

A l’origine des chansonniers. Rodolphe SALIS (1852-1897), après une difficile carrière de représentant de commerce en vin et de rapin décida de créer un débit de boisson plus proche de la buvette que du cabaret au sens moderne du mot :

Le Chat Noir 84, boulevard de Rochechouart
Novembre 1881 – Mai 1885

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Rodolphe Salis en habit de mousquetaire (archive Fulcanelli)

En bon commerçant. Rodolphe Salis, en créant le Chat Noir s’était assuré un fonds de clientèle : les Hydropathes.
Dirigés par Emile Goudeau (1849-1906) les Hydropathes étaient une joyeuse société d’étudiants, de poètes, d’écrivains, fondée en 1878 ; ses plus célèbres membres furent Sarah Bernhardt (unique femme), François Coppée, Coquelin Cadet. Charles Cros, André Gill, Jean Moréas…
Tous ces talents se réunissaient au moins une fois par semaine le vendredi soir pour dire et chanter leurs textes. La salle était petite, décorée de divers objets au goût et à l’authenticité douteux, censés donner un style « Louis XIII » au Chat Noir.
Les murs s’agrémentaient également d’œuvres d’habitués dont essentiellement le fameux « Parce Domine », et le vitrail de la « Vierge Verte », tous deux de Villette.
Rodolphe Salis va également utiliser ses talents pour éditer un journal « Le Chat Noir » dirigé par Alphonse Allais et le jeune Henri Rivière.
Poussé par le succès. Rodolphe Salis déménage son établissement dans le IX arrondissement dans l’ancien hôtel particulier du peintre Stevens. Ce déménagement donne lieu à une joyeuse cavalcade et à une semaine de festivités.
Décorés par Eugène Grasset, Alexandre Charpentier, Adolphe Willette, les murs du nouveau Chat Noir étaient couverts d’œuvres de Chéret, Willette, Steinlein, Rivière.
Rodolphe Salis, par ce déménagement révolutionnait le Chat-Noir, le transformant en restaurant en cabaret, et en institution.
Pour attirer une clientèle plus nombreuse, le cabaretier demanda à « ses artistes » de nouvelles attractions. Ainsi Fend Rivière créa un théâtre de marionnettes. De son imagination et de celle d’Henry Somm, le Guignol se mua en théâtre d’ombres, spectacle qui assura la postérité du Chat Noir.
Animé par H. Rivière, le théâtre d’ombres attira le Tout-Paris au cabaret de la rue Victor-Massé. On pouvait y voir des pièces de Caran d’Ache, de Villette, de Steinlein, de Somm … et de Rivière, sur des livrets originaux ou sur des boniments de Rodolphe Salis. Les représentations comprenaient deux ou trois pièces entrecoupées de numéros de chansonniers. Ce spectacle fut également visible, grâce aux tournées organisées par R. Salis, en province et en Afrique du Nord.
A la mort de R. Salis, le Chat Noir ne devait pas survivre : le bail de l’Hôtel Stevens se terminait, le cinéma se développait et le succès du cabaret du Chat Noir avait inspiré une nombreuse concurrence.

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Second volume de « en Héliopolis avec Fulcanelli » de Johan Dreue

« Dans cette seconde partie, le cercle intime des amis de l’Adepte Fulcanelli s’ouvre à vous. Tous les acteurs se mettent en place pour une ultime représentation sous les moustaches énigmatiques du Chat Noir. Ce livre vous permettra de faire connaissance avec l’entourage artistique et littéraire de l’adepte. Ils sont nombreux à défiler ainsi devant vous. Le théâtre d’ombres prend vie mais qui tire les ficelles ? Quelle est cette « haute et secrète diplomatie » évoquée par Fulcanelli ? Voilà bien de nombreuses questions auxquelles l’auteur apporte des éléments de réponse car ils furent nombreux en dehors du disciple de Savignies à connaitre à fréquenter l’alchimiste et vous serez surpris d’apprendre qui appartenait à ce cercle très fermé dont le centre rayonnait à partir d’une butte à l’enseigne d’un chat noir sur un croissant de lune … La marche à l’étoile était au programme du célèbre cabaret. Nous y trouvons les pièces de ce que René Daumal appela « le Grand Jeu ». En effet, le mystère qui plane sur Fulcanelli est également celui qui enveloppe, à la façon d’un épais brouillard, toute la société française du XIXe siècle et des premières années du XXe. Et c’est autour de ce haut lieu que fut le célèbre cabaret montmartrois « le Chat Noir » que se déroula ce théâtre d’ombres, la véritable antichambre des chevaliers d’Héliopolis. On y trouvera des portraits d’hommes aussi célèbres qu’Anatole France, Viollet le Duc, Ferdinand de Lesseps ou encore l’érudit libraire Pierre Dujols, d’autres encore à découvrir au fil des pages. »

Le week-end pour se ressourcer Rodolphe Salis emmenait sa troupe dans une demeure récemment acquise dans la campagne non loin de Paris. La troupe embarquait à la gare St-Lazare et une fanfare les attendait à leur descente !… encore aujourd’hui des habitants se souviennent par la mémoire collective des frasques qui défrayaient la quiétude toute rurale de ce petit bourg, témoin ce chat qui attend patiemment le retour de son Maître; le plus remarquable est qu’une petit plaque aujourd’hui disparue mais dont je peux témoigner, ornait le seuil de cette maison avec cette inscription « En Héliopolis » … je vous laisse juge, JD

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