Après la mort de Jacques (en 62 ou 66 après J.-C.), premier évêque de Jérusalem et le premier « évêque des évêques », la communauté judéo-chrétienne, sur l’avertissement d’un Ange, émigra à Pella, sur l’autre rive du Jourdain. Elle échappa ainsi aux affres du siège qui aboutit à la destruction du Temple (70 p. J.-C), et elle survécut, communauté des « Ébionites », jusqu’au IV siècle. Mais entre-temps, c’est un autre christianisme qui commença de faire la conquête du monde, un christianisme tellement « autre » que la doctrine et la gnose professées par la communauté apostolique initiale de Jérusalem, fondée par ceux-là mêmes qui avaient été les compagnons du Christ, — cette doctrine fut décrite et réputée par les « pères de l’Église » comme une abominable « hérésie ». C’est un de ces paradoxes mortels auxquels on est resté trop peu attentif.
Et c’est pourquoi la nostalgie du Temple qui s’exprime dans la traditio Templi, et qui revendique pour la chevalerie templière une ascendance remontant jusqu’à la communauté judéo-chrétienne primitive, pressentie à travers les Esséniens, configure une histoire « plus vraie » que celle de l’histoire officielle des faits extérieurs. Tellement « plus vraie » qu’elle conduira à l’affirmation d’une Ecclesia Johannis contre Ecclesia Petri, alors que cette Église de Pierre n’existait tout simplement pas au temps de l’Église de Jacques.
Nous connaissons les différentes versions de la quête du Graal au travers des continuations allant de Chrétien de Troyes à Albrecht von Scharfenberg mais il restait à découvrir l’empreinte laissée – Imago – par cette légende jusqu’à nos jours et de quelle façon celle-ci fut sauvegardée au sein des rituels et enseignements maçonniques qu’il nous est apparu utile de relire sous ce nouvel éclairage. Si les Templiers furent anéantis c’est en raison de la menace qu’ils faisaient peser sur Rome en revendiquant l’héritage des Esséniens et à travers celui-ci la celui de la Gnose Judéo-chrétienne, celle de l’Eglise de Jacques. La Tradito Templi parvint néanmoins en Ecosse où elle se mélangea aux racines celtico-druidiques. C’est ainsi qu’il faut l’interpréter avec la prophétie annoncée du « Troisième Temple » qui descendra du ciel : le Graal. L’épopée de la Table Ronde et la geste arthurienne résultent de cette lointaine descendance de la chevalerie spirituelle au service du Temple, notamment à celui qui succède au Temple de Salomon et à celui de Zorobabel, le temple de Titurel typifié par le mystérieux sanctuaire de Kilwinning à l’ombre de la montagne d’Heredom. Outre une étude inédite de Lotus de Païni sur les racines celtiques du Parsifal, on trouvera également une étude sur la réception de la geste arthurienne dans l’œuvre ultime de Wagner dont le prélude fut joué en 1880 devant le Roi de Bavière Louis II. Sur son programme Wagner avait inscrit les trois mots de la devise de tout chevalier Rose Croix, soit Foi, Charité, Espérance faisant suivre le dernier terme d’un point d’interrogation. Nous tentons de reprendre à ce niveau et de répondre ici à ce point d’interrogation. De Perceval à Parsifal nous vous invitons donc à découvrir pour la première fois le maillon manquant entre la tradition salomonienne et la quête arthurienne jusqu’à nos jours.
- Introduction
- Les racines celtiques du Graal et le culte du précieux sang
- Richard Wagner et la réception de l’œuvre
- Intermède musical, table de concordance
- La Pierre qui sue Sang et Eau au grade de Chevalier R+C
- Lapsit Exillis, aperçus
- La révélation du troisième temple et son message
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.