
Grâce aux travaux d’un chercheur américain (Elliot Wofson) et à mes propres recherches nous savons aujourd’hui que les guildes de bâtisseurs utilisaient des techniques mémorielles ainsi que des technique de visualisation créatrice pour mener à bien leurs travaux. On en trouve des traces concrètes à Rosslyn. Les pratiques en vue de l’extase sont bien connues dans la Kabbale sous le nom de Merhava ou Merkaba. Faisons le point.
Il existe deux préoccupations essentielles chez les premiers mystiques de l’époque du second temple. Le Talmud Haguiga (chap. II) distingue ainsi le maassé beréchit et le maassé merkava.
Des groupes ou cercles d’initiés se constituent autour d’une doctrine secrète, ésotérique, qui se ramène à l’interprétation mystique de deux chapitres importants de la Bible : le premier chapitre de la Genèse qui développe l’histoire de la création du monde et le premier chapitre d’Ézéchiel qui décrit la vision du Char dans lequel Dieu est installé.
La première forme de la mystique s’appelle le maassé beréchit, c’est-à-dire l’œuvre du commencement », et peut être présentée comme la cosmologie des maîtres mystiques de la Michna. Cosmologie, mais aussi exploration de la structure complexe des mondes d’en haut et du divin en général.
La seconde forme de mystique juive s’intitule le maassé merkava, c’est-à-dire l’œuvre du Char ». Elle consistera en une exploration du divin par des expériences multiples d’extase et de montée.
Dans notre présentation, on peut dire que le maassé beréchit correspond à ce qui analyse dans ces textes la manière dont la lumière de l’infini est apparue et descendue vers notre monde et tous les autres mondes de la création. Le maassé merkava correspond lui au « courant extatique » et recherche les possibilités pour l’initié d’atteindre un état d’extase. Le maassé merkava est une méditation et une pratique mystique fondées sur la vision du « Char céleste » décrit dans le premier chapitre du prophète Ézéchiel, texte qu’il est important de lire au moins une fois pour comprendre d’où vient un ensemble d’images qui se retrouvent dans de nombreuses descriptions de visions mystiques.
Les cercles de mystiques de la merkava : l’initiation et la préparation à l’extase, point culminant de l’initiation.
Les kabbalistes de la merkava se réunissaient en petits groupes pour méditer sur ce texte et faire une expérience de rencontre avec le divin : expérience d’extase et de montée vers les cieux. Le maassé merkava est une étude qui cherche à comprendre comment l’homme peut être en relation avec la lumière infinie de Dieu, comment l’homme peut accéder aux mondes supérieurs. Ces chemins restaient enveloppés de mystère et cachés à tous sauf aux initiés.
La personne qui désirait faire partie de la confrérie des kabbalistes postulait et passait un examen en plusieurs domaines. Les conditions d’admission dans les cercles des mystiques de la merkava comprenaient à la fois un examen des connaissances théoriques sur la doctrine et une exigence de qualités morales chez le novice.
Selon certaines sources, on sait que le novice était aussi accepté sur des critères physiognomoniques et chiromantiques. D’autres sources, comme le « Livre des Palais », mentionnent huit conditions pour être accepté dans le cercle des initiés.
Une fois l’examen passé avec succès, le novice devient meqoubal, littéralement « reçu », c’est-à-dire kabbaliste. Le mot kabbaliste signifie donc à l’origine être accepté dans un cercle d’initiés pour tenter des expériences mystiques de « montées » et de « voyages ».
La préparation à l’extase
Les mystiques de la merkava se réunissaient après de longs jeûnes qui pouvaient durer entre quarante et quatre-vingt-dix jours. Dans un état d’extrême fatigue physique et psychologique, le meqoubal ou kabbaliste se mettait en position presque foetale, assis par terre avec les genoux repliés et la tête posée entre les genoux.
La posture corporelle typique de ces ascètes est aussi celle d’Élie dans sa prière sur le mont Carmel. C’est une attitude de profond oubli de soi-même qui, à en juger d’après certains parallèles ethnologiques, est favorable pour provoquer l’autosuggestion pré-hypnotique. Dennys donne une description tout à fait semblable d’une Chinoise en train de conjurer les esprits d’un défunt : « Elle est assise sur une chaise basse et se courbe en avant afin que sa tête reste sur ses genoux. Alors, d’une voix profonde et uniforme, elle répète trois fois un exorcisme ; soudain, un certain changement semble s’opérer en elle. » Dans le Talmud aussi nous trouvons cette posture, caractéristique de l’oubli de soi, à propos d’un maître appelé Hanina ben Dosa concentré dans la prière… (Rapporté par G. Scholem, Les Grands Courants de la mystique juive, p. 63) Dans cette position, il commençait à réciter à voix basse de longs hymnes et chants sacrés dont les textes nous sont parvenus.
Après ces grands préparatifs, dans un état d’extase, le kabbaliste commence son « voyage ».
Les textes de cette tradition ne donnent pas les détails de l’ascension du mystique à travers les sept cieux, mais décrivent son voyage à travers les sept palais situés dans le ciel le plus haut. Le voyage est une initiation au cours de laquelle le meqoubal doit découvrir les clefs qui donnent accès aux sept palais au terme desquels se trouve la possibilité d’entrevoir la merkava ou Char céleste.
Sur son chemin, il rencontre une multitude de « portiers » postés à droite et à gauche de l’entrée de chaque palais céleste que l’âme doit traverser dans son ascension. C’est là que l’âme a besoin d’un mot de passe pour être capable de continuer son voyage sans danger : un sceau magique constitué par un nom secret qui met en fuite les démons et les anges hostiles.
Chaque nouvelle étape de l’ascension demande un nouveau sceau avec lequel le voyageur se scelle lui-même afin de ne pas être « entraîné dans le feu et les flammes, dans le tourbillon et l’orage qui sont autour de Dieu ». (G. Scholem, op. cit.) C’est le besoin pour l’âme d’être protégée durant son voyage qui a créé ces sceaux avec leur double fonction, celle d’une armure protectrice et celle d’une arme magique.

La protection magique d’un seul sceau est d’abord suffisante, mais peu à peu les difficultés éprouvées par l’adepte deviennent plus grandes. Une simple formule brève n’est plus assez efficace. Plongé dans sa transe extatique, le mystique éprouve au même moment un sentiment de déception, qu’il essaie de surmonter en usant de formules magiques plus longues, plus compliquées et de symboles requis pour une lutte plus dure afin de passer les portes d’entrée qui bloquent sa marche. À mesure que son énergie psychique s’affaiblit, il fournit un plus grand effort magique et ses gestes de conjuration se durcissent jusqu’à ce qu’il ait achevé de réciter, sans en savoir la signification, toutes les pages de mots clefs magiques avec lesquels il s’efforce d’ouvrir la porte fermée. Chaque nom mystérieux semble fournir une arme nouvelle de défense contre les démons, en cas, par exemple, d’énergie magique insuffisante pour surmonter les obstacles sur le chemin de la merkava.
Le maassé beréchit ou « Livre du Commencement »
L’autre grand courant ésotérique du judaïsme pendant cette première période de la kabbale est intitulé le maassé beréchit. Cette expression signifie littéralement « la structure du commencement », beréchit voulant dire commencement et étant également le premier mot du texte biblique.
Ce courant est beaucoup plus spéculatif. Il s’intéresse essentiellement à la structure du cosmos et à notre connexion à lui. Les questions essentielles sont : « Comment le monde a-t-il été créé ? », « Qu’y avait-il avant ? », « Qu’est-ce que le temps ? L’espace ? », « Comment les forces de l’en haut agissent-elles sur les mondes de l’en bas ? », etc.

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Ceux qui sont habilités à faire l’expérience de la Merkhava sont appelés « Yordéï Merkavah » soit littéralement « ceux qui descendent dans le char. De fait ils nouent à partir de là une relation avec Métatron qui apparait sous la forme d’un jeune homme. Plusieurs années de discipline et d’apprentissage du souffle suivi d’exercices visuels sont nécessaires pour cette initiation au cours de laquelle le postulant va parcourir 7 palais. Faute de cette initiation la folie est au rendez vous sans retour possible. La valeur numérique de Métatron est 314 tandis que celle d’El Shaddaï est de 3-4-5 (345).
אֶרֶץ (eréts) les 7 terres

La mystique de la Merkavah repose sur la contemplation des sept cieux mystiques. Il s’agit d’une vaste organisation de stations mystiques parallèles, construites sur un système de septénaires. Il est enseigné que sept terres et sept cieux furent créés, les uns au-dessus des autres. Les sept terres portent les noms suivants : Eréts, Adamah, Guéy, Néshia, Tsiah, Arqah et Tévél.
Ces sept noms sont les sept dénominations des sept autres créations de l’univers ayant précédé la nôtre. Eréts évoque l’idée de pays ou de nation, c’est le premier nom utilisé dans la Genèse pour désigner la « terre » : « Au commencement Elohim créa les ciels et la terre (éréts) » (Gen. 1:1). Adamah désigne la terre en tant que matière ou sol, le mot apparaît pour la première fois durant la création avec : « Elohim fit les animaux de la terre (éréts) selon leur espèce, le bétail selon son espèce, et tous les reptiles de la terre (adamah) selon leur espèce. » (Gen. 1:25). Guéy, qui peut aussi se prononcer Gaya, veut dire « vallée », on trouve le mot pour la première fois dans le livre des Nombres (21:20) : « de Bamoth, à la vallée (guéy) qui est dans le territoire de Moab, au sommet du Pisga, en regard du désert. » Néshia évoque l’oubli et la tombe, on trouve ce terme uniquement dans le livre des Psaumes (88:13) : « Tes prodiges sont-ils connus dans les ténèbres, Et ta justice dans la terre de l’oubli (néshia) ». Néshia est aussi le Bohu. Tsiah est une terre aride et déserte : « Comme la sécheresse (tsiah) et la chaleur absorbent les eaux de la neige, Ainsi le séjour des morts engloutit ceux qui pèchent! » (Job 24:19). Arqah est une terre vide, inhabitée, c’est le Bohu. Tévél représente l’univers, c’est aussi la terre de notre planète.
Ces 7 terres sont aussi les demeures ou palais. L’éveil mystique consiste donc à voyager dans ces 4 palais (visualisation) et à y effecteur des opérations mentales (ars memorandi), provoquer des états d’auto hypnose par la répétition des noms de Dieu selon une méthodologie bien précise à la façon de mantras (chants grégoriens). Techniques que reprendront les guildes des maitres bâtisseurs qui étaient tout ce que l’on veut sauf comme on le dit « des opératifs » car c’est tout l’inverse qui est vrai. Si l’apprenti réussit aux épreuves il devient un « Yordeï Merkavah ».
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