Archives du mot-clé Tradition primordiale

Sanatana Dharma et Tradition Primordiale

L’hermite de DuqqiGuénon indexera toute la doctrine traditionnelle et la légitimité des organisations véhiculant une « influence spirituelle », de nature exotérique ou ésotérique, au principe initial de cette « Tradition primordiale ».

La question qui se pose est : Tradition primordiale ou Religion primordiale ? Un guénonien orthodoxe, F. Schuon avait de son côté expliqué précise sa pensée dans une note de son ouvrage L’Esotérisme comme principe et comme voie 1978, « Le Commandement Suprême », p. 151) :

« Nous disons « Religion primordiale » et non « Tradition » parce que le premier de ces termes a l’avantage d’exprimer une réalité intrinsèque (religere = « relier » le terrestre au céleste) et non simplement extrinsèque comme le second (tradere = « livrer » des éléments scripturaires, rituels et légaux). On est du reste en droit de se demander s’il pouvait être question de « tradition », à une époque où la connaissance spirituelle fut innée ou spontanée, ou encore, si la nécessité d’une « tradition », donc d’une transmission extérieure, n’entraîne pas ipso facto la nécessité d’une pluralité de formulations. »

Pour Guénon, la norme et le pivot, le germe impérissable de tout le « sacré », de tout l’Univers manifesté macrocosmique et microcosmique, le fondement de toutes les traditions secondaires et des diverses religions, le dépôt éternel de la doctrine et de la Connaissance, en un mot le Temple de la Vérité éternelle, c’est bien la Tradition primordiale. Il en situera la source dans la pensée hindoue notamment à partir de la notion de Dharma qui selon lui inclut le point de vue traditionnel dans son intégralité. Voyons comment.

Le dharma postule la « réalisation effective » de l’être et comporte des applications englobant notamment toutes les modalités de la vie humaine sans exception.

Guénon va donc définir la nature du Dharma ; c’est un des termes sanscrits qui embarrassent le plus les traducteurs, écrit-il dans un article de 1935 (reproduit in Etudes sur l’hindouisme, Editions traditionnelles, 1976), car il a de multiples sens : celui de « Loi », d’Ordre. Certes ce Dharma « n’est pas la Tradition primordiale » mais nous verrons bientôt comment il s’y rattache. Guénon rappelle qu’il est dérivé de la racine dhri qui signifie porter, supporter, soutenir, maintenir, etc. Il s’agit, poursuit Guénon dans l’article précité, « d’un principe de conservation des êtres, et par conséquent de stabilité, pour autant du moins qu’elle est compatible avec les conditions de la manifestation, car toutes les applications du Dharma se rapportent toujours au monde manifesté ». Ce Dharma se présente donc comme un reflet de l’ « immutabilité principielle » dans l’ordre de la manifestation. Il n’est « dynamique », poursuit Guénon, que dans la mesure « où manifestation implique nécessairement  » un devenir « , mais il est ce qui fait que ce devenir n’est pas pur changement, ce qui y maintient toujours, à travers le changement même, une certaine stabilité relative.

Guénon fera observer à cet égard que cette racine dhri est quasi identique dans la forme et le sens à une autre racine dhru de laquelle dérive le mot dhruva qui désigne le « pôle » : « Effectivement, c’est à cette idée de pôle ou d’axe du monde manifesté qu’il convient de se référer si l’on veut comprendre vraiment la notion du Dharma : « c’est ce qui demeure invariable au centre des révolutions de toutes choses, et qui règle le cours du changement par là même qu’il n’y participe pas. » Il faut insister sur l’importance de cette phrase car elle est déjà allusive à la conception guénonienne de Tradition primordiale.

Guénon associera la fonction du Dharma au symbole de l’axe ou de l’ « arbre du monde » et soulignera la parenté de cette notion avec celle du mot sanscrit rita (rota ?) qui a étymologiquement le sens de « rectitude », conformité à l’ordre humain et avant tout à l’ordre cosmique. On voit donc que cette notion n’est pas limitée à l’homme mais s’entend de tous les êtres et même de tous les états de manifestation, donc de toute la création. C’est la « Norme » rectrice de l’ensemble et la « Norme » particulière de chaque groupe, espèce, degré, monde, cycle, incluant les idées d’harmonie, justice, équilibre, législation, but assigné par les Ecritures traditionnelles hindoues à la vie humaine lorsque sa réalisation relève de l’ordre spirituel (au-delà du corps et du psychisme, mais en deçà du « but suprême » qui n’est plus du domaine de la manifestation »… Le Dharma s’étend également aux applications sociales et, en l’occurrence, il s’identifie au « devoir » plutôt qu’au « droit ». Ainsi le Dharnza propre d’un être ne peut s’exprimer que par ce qu’il doit faire lui-même, et non pas par ce que les autres doivent faire à son égard, « et qui relève naturellement du Dharma de ces autres êtres » (Etudes sur l’hindouisme).

Comment rapprocher cette idée de nos concepts occidentaux ? peut-être rapprocher le Dharma de de l’idée de « volonté révélée » dans les monothéismes occidentaux ? Par là ce Dharma va nous conduire à sa source principielle : la Tradition primordiale, et c’est alors à la notion de Sanâtana Dharma que nous avons affaire.

Sanatana Dharma

Ananda K. Coomaraswamy estime que la meilleure traduction de Sanâtana Dharma est l’expression philosophia perennis, telle que le moyen âge latin l’entendait. Perennis, ou « pérenne » en français, convient effectivement pour désigner la durée indéfinie. Par contre, René Guénon rejette le mot philosophia avec la vigueur que l’on sait, même si l’on entend par là la philosophie scolastique 26. Il ne faut donc pas traduire philosophia perennis par « philosophie éternelle », car aucune philosophie n’est éternelle, et si l’on entend par ce mot l’un des multiples systèmes mis au point par ceux qui n’osant s’appeler « sages », s’appellent seulement « philosophes », c’est-à-dire « amis de la sagesse », aucun d’eux ne traduit exactement le mot Dharma.

Par suite de l’obscuration progressive et de la marche descendante du cycle, le Sanâtana Dharma est devenu caché et inaccessible aux hommes ordinaires; mais il reste la source première et le fonds commun de toutes les formes traditionnelles particulières qui en procèdent par des adaptations spéciales à telle ou telle partie de l’humanité selon la diversité des temps et des lieux. Ces adaptations régulières ne sauraient être identifiées au Sanâtana Dharma, bien qu’elles en soient une image plus ou moins voilée et qu’elles en constituent un reflet ou « substitut », car elles permettent à leurs adhérents d’atteindre le Sanâtana Dharma selon leurs capacités particulières.

à suivre dans le livre à paraitre : en complément de « La révélation primitive »

Les secrets de Triptolème et de Perséphone

Palais minoen de Knossos

En archéologie, il arrive fréquemment que l’on retrouve, dans les sépultures en particulier, des ensembles de plantes ou de champignons, parfois de petits animaux également, que l’on interprète comme des offrandes ou des remèdes médicaux. Mais l’analyse fine de certains d’entre eux montre qu’il s’agissait parfois de puissants stupéfiants. Champignons hallucinogènes, belladone, mandragore, datura, armoise, cannabis, coca, opium, peyotl, mescaline… sans parler des alcools ! Les substances psychoactives ont une histoire aussi ancienne que l’Humanité ! En archéologie, les découvertes les plus anciennes de produits hallucinogènes remontent au Néolithique, en Amérique du Sud, mais il n’y a pas de raison de croire qu’on n’en connaissait pas avant et ailleurs en remontant le cours du temps.

Lire la suite Les secrets de Triptolème et de Perséphone

de Bélenos à Gargantua ou la radiance de la révélation primitive retrouvée

Belenos Apollon

«Anciennement, Gargantua vivait parmi les hommes. Et, dans les collines rocheuses qui se trouvent entre ces deux rivières, il y a un creux de roc, en forme d’homme, deux ou trois fois grand comme un homme ordinaire. C’est là, dit-on, que Gargantua avait coutume de se reposer. Il avait avec lui une grande tribu qu’il nourrissait en un endroit appelé Midul. Tout à coup, il disparut. Bien qu’invisible, il donne aux siens de quoi manger, faisant pousser pour eux les végétaux et ils pensent qu’un jour, dans l’avenir, il reviendra».

Lire la suite de Bélenos à Gargantua ou la radiance de la révélation primitive retrouvée

Hermès, le caducée et l’arbre de vie – Ningishzida

En grec, le caducée s’appelait kêrukeion, désignant littéralement l’insigne qui permettait de reconnaître les hérauts (à ne pas confondre avec les héros). Qu’est-ce qu’un héraut ? Selon le dictionnaire, on remarque deux significations à ce terme : « personnage ayant rang d’officier ou de prêtre, chargé de certaines annonces officielles, notamment des déclarations de guerre, des défis et parfois des pourparlers de paix ou « annonciateur et défenseur d’une idée nouvelle ». Caduceum est le même mot que le grec Kerykeion (= emblème du Keryx, c’est-à-dire du héraut).

Lire la suite Hermès, le caducée et l’arbre de vie – Ningishzida

L’héritage de la Tradition Primordiale par les peuples de l’Altaï

Avant l’Olympe il y avait TENGRI; Symbole du tengrisme.Tengri (du vieux turc : 𐱅𐰭𐰼𐰃, () ; kazakh : Тәңір (Täñir, dieu) ; Mongol bičig : ᠲᠡᠨᠭᠷᠢ, translit. : Tengri ; mongol cyrillique : Тэнгэр, translit. : Tenger ou mongol cyrillique : Тэнгэрээ, translit. : Tengeree ; Iakoute : Таҥара, translit. Tangara ; Karatchaï-balkar : Тейри ; bulgare : Тангра, translit. : Tangra ; azéri : Tanrı) est le nom donné à l’éternel ciel bleu (mongol : хөх Мөнх Тэнгэр, Khökh Mönkh Tenger) ou encore Ciel-Père (mongol : эцэг тэнгэр, ečeg tenger), en binôme avec la Terre-Mère (mongol : эх газар, ekh gazar) ou encore Etügen ekh (Этүгэн эх), dans le tengrisme, religion des peuples nomades d’Asie centrale. C’est le nom de la divinité principale dans cette religion, donné par les premiers peuples turcs (Xiongnu, Huns,

« La création d’un mythe est l’observation minutieuse et impartiale de processus au sein du monde naturel qui se déroule sur des siècles. La création de mythes est une façon de morceler les connaissances stratégiques afin qu’elles puissent être transmises à travers le temps à l’époque où elles sont le plus nécessaires. » A.N. Dmitriev

Lire la suite L’héritage de la Tradition Primordiale par les peuples de l’Altaï

Cardo maximus et l’enceinte sacrée, géographie de la Tradition Primordiale

Roma Quadrata

Lors de la fondation d’une ville romaine, il y avait trois opérations principales :

  • Le repérage de la direction du soleil levant au jour de la fondation. Cette direction devenait celle d’un des deux axes de la ville, le decumanus maximus.
  • Le tracé d’un axe perpendiculaire, le cardo maximus, puis d’un carroyage de cardines et de decumani secondaires, parallèles aux axes et destinés à devenir les rues de la ville.
  • La délimitation du territoire urbain par le rite du sulcus primigenius qui marquait le tracé du rempart et celui du pomerium, frontière religieuse de ce territoire urbain.

Lire la suite Cardo maximus et l’enceinte sacrée, géographie de la Tradition Primordiale

La migration dorienne donne naissance à Rome et Athènes, culte du cerf solaire

site de Tanum (suède)
Comprendre nos origines : l’Europe

La « migration dorienne »

Le noyau des Veda devait déjà exister, du moins comme tradition orale, quand le processus d’indo-européanisation de notre continent fut à son apogée, donc au moment qui précéda immédiatement l’apparition du monde gréco-romain.

Quand on parle de la  migration dorienne «, on entend par là  ce mouvement de peuples du Nord — caractérisés par leurs champs d’urnes funéraires (Urnenfelder) — qui pousse les Doriens en Grèce, amorce les migrations italiques dans la péninsule des Apennins et provoque la dispersion des Celtes dans toute l’Europe occidentale.

Lire la suite La migration dorienne donne naissance à Rome et Athènes, culte du cerf solaire

La Béringie et la terre du milieu : sur les traces des hyperboréens en Amérique

Ultima Thulé

Pour le lieu de formation du peuple indo-européen, plusieurs indices engagent à chercher beaucoup plus au nord ; diverses traditions concordent sur ce point. Au commencement « les Tuatha Dé Danann étaient dans les îles au nord du monde, apprenant la science et la magie, le druidisme, la sagesse et l’art ». Ces « îles fortunées », séjour des bienheureux, sont situées près du pôle, comme cette île d’Ogygie « où l’on voyait le soleil de minuit ». A l’autre extrémité du domaine, le Véda et plus nettement encore l’Avesta font écho : cet « habitat des Aryens » qui était initialement « le premier des pays excellents », mais où aujourd’hui l’hiver dure dix mois, évoque irrésistiblement le Grand Nord.

Lire la suite La Béringie et la terre du milieu : sur les traces des hyperboréens en Amérique